"Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête." Quelle parole étonnante dans la bouche de Jésus ! Dans l'évangile de ce dimanche, il fait l'éloge d'un intendant habile qui noue des amitiés avec de l'argent malhonnête. Par cette petite histoire, ils veut faire comprendre que l'argent n'est pas un absolu et qu'une existence sans relation n'est pas une vie... Pour commenter l'évangile de Luc (16, 1-13), Béatrice Soltner reçoit Frère Dominique Collin, dominicain.
Évangile du dimanche 18 septembre (Lc 16, 1-13)
Jésus disait encore aux disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : “Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.” Le gérant se dit en lui-même : “Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.”
Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : “Combien dois-tu à mon maître ?” Il répondit : “Cent barils d’huile.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.” Puis il demanda à un autre : “Et toi, combien dois-tu ?” Il répondit : “Cent sacs de blé.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu, écris quatre-vingts.”
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ?
Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
Source : AELF
Ce passage est situé après trois paraboles adressées au pharisiens : celle de la brebis perdue, celle de la pièce d'argent perdue et celle de la pièce perdue. Dans cette dernière, il est question d'un fils qui a dilapidé l'héritage reçu de son père. Ce qui provoque la colère de son frère. "Le fils aîné en fait immédiatement une lecture moralisatrice et culpabilisante", note Dominique Collin.
On a souvent pris les évangiles pour des textes à portée morale, nous indiquant ce qu'il est bon ou moins bon de faire. Or, "on est par-delà bien et mal comme disait Nietzsche, on est dans une autre logique". Le dominicain nous rappelle que les évangiles sont là pour nous faire entrer "dans la folle sagesse de Dieu". Et qu'il y a "une autre logique qui est celle du Royaume de Dieu"...
Le propre des paraboles c'est de nous faire réagir. Le mot grec qui a donné "parabole" signifie "jeter à côté de", rappelle Dominique Collin. "L'auditeur est jeté à côté de sa compréhension habituelle des choses." Les paraboles sont souvent des histoires "excessives". "Jésus essaie de nous logique déconcertante par le moyen des paraboles."
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