Les chrétiens croient que Dieu s'est fait homme en la personne de Jésus Christ. Mais pourquoi Dieu aurait-il voulu devenir partager notre vie ? La réponse tient en deux mots : par amour. Cela ne cesse cependant d'interpeller les croyants. 'Cette question résiste : que Dieu soit Dieu cela nous convient, que l'homme soit homme cela nous convient aussi : mais que Dieu ait pu devenir l'un de nous, cela pose problème', observe le P. Sylvain Gasser, auteur de '100 raisons de vivre en chrétien' (éd. Bayard).
Nous serions donc prêts à accepter plus facilement l'idée d'un Dieu éloigné plutôt qu'un Dieu tout proche ? Quand il s'agit de croire que Dieu a pris notre condition, 'ça dérange, parce qu'on a l'impression que quand on regarde sa propre humanité, sa propre chair, on en voit ses jouissances mais on en voit très vite ses défauts, ses souffrances, ses limites, ses faiblesses'. L'incarnation est quelque chose de difficile à concevoir, même pour ceux qui se disent croyants, elle est sans cesse à méditer.
Le Père Sylvain Gasser observe que la question 'revient en force' ces temps-ci, mais que c'est une bonne nouvelle. 'Essayer de concevoir que Dieu ait pu passer par la case de notre humanité, c'est-à-dire non seulement qu'il soit l'un de nous, mais qu'il ait pu éprouver tout ce que nous vivons, surtout dans la question de la souffrance, cela demeure une question qui devient de plus en plus grave.'
Si la question de l'incarnation se pose avec gravité, c'est qu'elle nous renvoie directement à la question du mal et de la souffrance. Pourquoi le mal ? 'On voudrait avoir une réponse, on n'en aura jamais.' Et il est très difficle d'accepter qu'il n'y ait pas de réponse ! Dieu en devenant l'un de nous 'va aussi entrer dans les affres de la douleur' et 'devenir aussi une énigme par rapport à la question du mal : comment Dieu peut accepter cela ?'
Dans l'Ancien Testament, au livre d'Isaïe, il est dit : 'La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme.' (Is 52, 14) Non seulement Dieu devient l'un de nous, mais en plus on ne va pas le reconnaître. 'Il va falloir revenir sur notre propre humanité : quel est le sens de l'homme ? Qui suis-je au regard de Dieu ? Et surtout qui suis-je au regard de mon semblable, mon frère, ma sœur, proche de moi ?'
Émission d'archive diffusée en décembre 2018
Dans le souci de s’adresser au plus grand nombre et avec curiosité, Pauline de Torsiac sollicite théologiens et biblistes pour un échange enthousiaste sur les fondamentaux de la foi chrétienne.
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