La fête de la Nativité de la Vierge Marie trouve son origine en Anjou. La Vierge Marie l’a explicitement demandé à l’évêque d’Angers au Vème siècle. Son statut de Mère de Dieu sera officialisé peu après par l’Eglise, préambule à l’officialisation encore un peu plus tard des deux natures du Christ : vrai Dieu et vrai Homme.
Les catholiques célèbrent en ce 8 septembre la Nativité de la Vierge Marie. En Anjou, cette fête est appelée Notre-Dame l’Angevine car son institution prend naissance sur les bords de Loire. La tradition nous rapporte qu’en 430, au Marillais, Marie est apparue à celui qui deviendra l’évêque d’Angers, Saint Maurille, disciple de Saint Martin, en lui demandant qu’en ce 8 septembre soit instaurée une fête solennelle pour célébrer sa naissance. « Maurille fit aussitôt construire un premier oratoire en ce lieu, bientôt baptisé Notre-Dame-du-Marillais, puis se rendit sur l’île de Béhuard, située à une quarantaine de kilomètres en amont du fleuve, entre Angers et Chalonnes, où se trouvait un temple païen construit sur un rocher volcanique, et pria pour qu’il soit réduit en cendres par le feu du Ciel, ce qui ne tarda pas. Il y fonda alors à la place le sanctuaire de Notre-Dame-de-Béhuard, toujours très aimé et très couru des Angevins, y érigeant une statue de la Vierge, « Notre-Dame angevine », pour honorer sa Nativité, qui fut ainsi célébrée en Anjou, le 8 septembre, dès l’an 431, sous ce vocable » écrit Philippe de Cathelineau dans son livre « Quand Marie visite la France ».
Une apparition préalable au concile d’Ephèse
Une manière officielle pourrait-on dire, de clore un débat en cours depuis des années au sein de l’Eglise des premiers siècles à propos de la nature de la Vierge Marie. Une question sur laquelle s’écharpaient les évêque Nestorius de Constantinople et Cyrille d’Alexandrie. « Pour définir qui est Marie, Nestorius disait qu’elle était la mère du fils de Dieu et les évêques égyptiens préféraient la formule « Marie, mère de Dieu » relate le Père Philippe Loiseau, enseignant à l’Université catholique de l‘ouest. « Il faut reconnaitre que la formule est ambigüe encore aujourd’hui » ajoute le bibliste « car pour les catholiques, Dieu est Un en trois personnes. Marie est-elle donc aussi la mère du Père et du Saint-Esprit ? » s’interroge-t-il. Mais c’est finalement la formule « Marie Théotokos », « Marie, Mère de Dieu » qui a été choisie en 431 lors du concile d’Ephèse chargée de statuer sur la question, soit un an après l’apparition de Marie à Maurille au Marillais. « On peut interpréter cette apparition comme le signe un an auparavant, comme la volonté de Dieu que les hommes portent un intérêt tout particulier pour tout ce qui concerne l’enfance de la Vierge » conclut le Père Philipe Loiseau
Derrière la question de la nature de la Vierge, celle du Christ
Mais si le concile d’Ephèse statue sur la nature de la Vierge Marie, en réalité, la réponse concerne moins la Vierge que son fils Jésus dont on s’interrogeait aussi sur sa propre nature à l’époque. Pour l’historien spécialiste du christianisme primitif, Philipe Blaudeau, cette traduction de Marie, Théotokos en Marie, mère de Dieu « est même un peu insuffisante ». « On devrait dire à propos de Marie, « celle qui a mis Dieu au monde » explique l’enseignant de l’université d’Angers. « Mais cette affirmation permet de dire quelque chose de capital pour le mystère chrétien -et c’est pourquoi le concile d’Ephèse est si important pour la piété chrétienne- c’est que Dieu en Christ n’a dédaigné aucun des moments de l’humanité et en particulier ceux de la plus grande fragilité. Dieu s’est fait embryon. Dieu s’est fait fœtus. Il n’a pas considéré comme indigne de sa condition d’aller jusqu’au plus profond de cette humanisation, de cette humanité ».
C’est donc au concile suivant, celui de Chalcédoine, en 451, que l’on gravera dans le marbre les deux natures du Christ : vrai Dieu et vrai homme. Pour la Vierge Marie, il faudra attendre deux siècles plus tard, pour que le pape Serge 1er inscrive cette fête de la Nativité de la Vierge Marie, ou Notre-Dame angevine, au calendrier liturgique. Tout comme celle de l’Immaculée conception le 8 décembre ou de l’Assomption le 15 aout.
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