Depuis les années 80, les gens du voyage constituent un groupe à part entière au sein de la communauté de l’Emmanuel qui assure l’animation du sanctuaire de Paray-le-Monial. Or, pour ceux qui se présentent eux-mêmes comme des Voyageurs, le sanctuaire de Paray est un lieu-source, un refuge. Souvent malaimés et incompris, ils savent que là, ils sont attendus et accueillis tels qu’ils sont.
"Entre le sanctuaire de Paray et les gens du voyage, c’est une longue histoire. Il y a une cinquantaine d’années, nos anciens se réunissaient déjà à Paray pour prier le Sacré Cœur de Jésus. Un jour, Pierre Goursat le fondateur de la communauté est venu les visiter. Il a voulu qu’on prenne soin d’eux et qu’on leur donne une vraie place". Avec sa femme Rosana, Christophe Boulanger, est responsable de la Province des gens du voyage de la communauté de l’Emmanuel. Fondée dans les années 70, cette communauté du renouveau charismatique a été un tremplin pour les gens du voyage. "Ils nous ont beaucoup soutenus raconte Christophe, notamment à travers l’achat d’un grand terrain situé non loin du sanctuaire. Maintenant, il y a un grand chapiteau et grâce à nos frères sédentaires c’est un lieu de formation pour nos jeunes. On peut accueillir jusqu’à 600 familles et on partage des moments forts comme la session de juillet ou la semaine sainte avec nos frères et sœurs sédentaires."
Déposer tout ce qui encombre et se laisser guider par l’Esprit Saint
"Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de Son Sacré-Cœur". Cette expérience ainsi que les autres apparitions relatées par sainte Marguerite Marie (1647-1690) ont suscité une immense dévotion du Cœur de Jésus au fil des siècles. "Aller à Paray confie Rosana c’est déposer tout ce qui encombre et se laisser guider par l’Esprit Saint". Mais le message de Paray-le-Monial, c’est aussi le cœur de Dieu "qui a tant aimé les hommes", et qui n’est pas aimé en retour. Pour Christophe qui a reçu le ministère de lecteur en 2019 et institué acolyte (servant d’autel) en 2021, c’est le drame de l’humanité. "Dieu a envoyé son fils unique et on le rejette. Au départ tout été créé pour qu’on vive en harmonie mais en se détournant de Dieu on se coupe de la source et on voit les dégâts que ça provoque. Notre monde va mal" résume-t-il.
Chez nous quand un membre du corps souffre c’est tout le corps qui souffre
"A Paray, on sait qu’on est toujours accueillis par nos frères et sœurs » ajoute Rosana. Une fraternité d’autant plus précieuse que les a priori ont la vie dure concernant les Voyageurs. "On se sent encore régulièrement rejetés témoigne la jeune femme. Ou bien on sent de la méfiance à notre égard" "De tout temps ça a été comme ça ! réagit son mari. Le Voyageur, c’est le voleur de poules ! On a toujours été mal vus et chassés par les gendarmes. On est sur le territoire français depuis environ 500 ans, mais on est des voyageurs poursuit Christophe. C’est notre culture. On part avec nos caravanes et nos familles, et on vit de notre commerce sur les foires et sur les marchés. Le groupe est très important pour nous. On voyage ensemble et on est très soudés. Chez nous quand un membre du corps souffre c’est tout le corps qui souffre. C’est naturel et on est élevés comme ça."
Chez les gens du voyage, même ceux qui ne pratiquent pas sont croyants. Et tout passe par la tradition orale, c’est ainsi que la religion se transmet de génération en génération. "Dans notre caravane indique Christophe, on a un petit oratoire et quand on est sur la route on va à la messe dans des paroisses qu’on connait". Entre la communauté fondée par Pierre Goursat et les voyageurs, la façon de prier a favorisé les liens. "L’Emmanuel a des charismes qui nous touche explique Christophe. On aime beaucoup leurs chants et puis ils louent le Seigneur et l’acclament en levant les mains. On se sent portés par ces formes de prière." Dans les communautés du renouveau charismatique, les témoignages de foi ont la part belle et là encore Rosana et Christophe s’y retrouvent. "Pour nous c’est naturel de témoigner de notre foi et on le fait dès qu’on peut, notamment sur les marchés. On chante des cantiques et puis on parle avec les gens. Parfois on remarque qu’ils portent une croix autour du cou et on leur demande où ils en sont dans leur foi. Parfois ça bouscule les gens parce qu’on parle de moins en moins de la foi. Il faut aller annoncer l’Évangile aux périphéries comme le demande le pape François. Si on veut que ce Cœur de Jésus qui a tant aimé les hommes soit connu, c’est notre responsabilité, c’est entre nos mains. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile dit saint Paul !"
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !