Marseille
Cette semaine dans “Questions d’actu”, nos invités, Jean Charmois, orthodoxe, et Roberto Beltrami, pasteur de l’Eglise protestante unie de France, réagissent à différents sujets d’actualité, parmi lesquels les premières Assises nationales contre les dérives sectaires, qui se sont tenues à Paris les 9 et 10 mars 2023. L’occasion de demander à nos invités ce qui différencie une secte d’une religion.
“Le christianisme est une secte qui a réussi”, ironisent de concert Jean Charmois et Roberto Beltrami.
Dans un premier temps, Jean Charmois revient sur une définition plus historique de la secte, celle qui se rapporte aux courants de pensée du judaïsme traditionnel. “Les chrétiens se sont distingués des autres courants juifs de l’époque”, précise-t-il. De nos jours, la définition d’une secte a une connotation négative, elle est “plus radicale, a des convictions, de la chaleur, de l’émotivité, elle est communautaire, identitaire… toutes ces choses qui réunissent des personnes et qu’elles considèrent comme positives, avec un gourou au dessus qui domine et oriente”.
Jean Charmois poursuit sa réflexion autour du besoin de nos contemporains d’aller vers les sectes. “Cela mérite une analyse autour de la question, qu’est-ce qui motive une personne à rejoindre une secte?”. Il s’interroge également sur certains courants charismatiques du christianisme qui ont connu des dérives sectaires. “Ces mouvements ont dû faire le ménage, se félicite-t-il, mais en même temps il y a une force extraordinaire dans certains mouvements, même si je ne fonctionne pas comme ça dans mon Église (orthodoxe), je trouve merveilleux que des gens soient passionnés par le Christ, par l’Evangile, le don de soi…”.
Le pasteur Roberto Beltrami revient à une définition plus psychologique et religieuse aujourd’hui de la secte, vue comme dangereuse. “Les dérives sectaires semblent être des mouvements qui se substituent à des instances qui ont failli, comme la famille, l'Église ou encore le lien social”. La secte va alors donner la réponse à cette carence, “et elle a souvent réponse à tout et c’est ça qui est merveilleux”, ironise le pasteur, qui voit deux caractéristiques aux dérives sectaires. La première, lorsque l'on pense que sa doctrine et sa façon de penser sont les seules valables et qu’on n’en admet pas d’autres. La seconde, lorsque le mouvement sectaire commence à façonner la journée du début à la fin, en prescrivant ce qu’on doit manger, la façon dont on doit s’habiller, ce qu’on doit consommer… Le sujet perd ainsi sa liberté.
Selon Jean Charmois, “la secte c’est le gourou, l'élitisme, l’ésotérisme c’est-à-dire un fonctionnement réservé à des initiés”. Pour lui, une autre différence fondamentale avec les grandes religions est la communion, prônée par ces dernières. “Nos Églises dialoguent entre les communautés là où les sectes sont souvent opposées à ce dialogue et à cette communion. La communion est vraiment pour moi le critère de différenciation”.
La communion et la liberté, ajoute Roberto Beltrami, mais pas n’importe quelle liberté! “La liberté de l’apôtre Paul, la liberté de celui qui est placé dans un face-à-face avec Jésus et qui décide de sa vie à partir de ce face-à-face”.
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