Faire découvrir, redécouvrir, aimer la poésie.
VENDREDI 11 OCTOBRE
JULOS BEAUCARNE, rencontre Louise Hélène France Brunfaut (Loulou), la fille d'Émilienne
Steux, une militante syndicaliste, féministe et pacifiste belge, et de Maxime Brunfaut, un
architecte et urbanistebelge lors d'un stage d'art dramatique en France.
C'est à la suite du meurtre de sa compagne Loulou par un déséquilibré, à la Chandeleur le
dimanche 2 février 1975 que son style devient encore plus profondément humaniste. Il écrit cette
nuit-là une lettre ouverte, analysant la culpabilité de la société qui arme les mains des
assassins, assorti d'un appel à «reboiser l'âme humaine»par«l'amour, l'amitié et la persuasion»
Je vous lis les paroles de cette chanson qu'il a dédié à Loulou.
Paroles de la chanson pour Loulou
T'es partie sur l'coup d'une heure
En février, à la chandeleur
Et l'hiver à repris vigueur
Au fond d'mon coeur
Et l'hiver à repris vigueur
Au fond d'mon coeur
Je suis resté seul sur le pont
Avec nos deux p'tits moussaillons
Il parait qu'on t'a vu passer
Dans les pays de l'autre côté
Il parait qu'on t'a vu passer
Dans les pays de l'autre côté
Ceux qui l'ont dit en ont menti
Car quand le soir est doux ici
Je sens ton sourire qui revient
Et la caresse de ta main
Je sens ton sourire qui revient
Et la caresse de ta main
Je sens que tu es tout contre moi
Que ta fraîcheur pénètre en moi
Que tu me dis dedans l'oreille
Des mots d'amour doux comme le miel
Pourtant des fois quand j'y pense pas
Je m'dis que j'te reverrai pas
J't'entends alors rire aux éclats
De l'aut' côté de la paroi
J't'entends alors rire aux éclats
De l'aut' côté de la paroi
Il est des amis du Québec
Qui te parlent parfois le soir
En même temps t'es à Carpentras
A Méthamis et à Java
La mort fait voyager son monde
Tu vas plus vite que le son
T'es partout sur la terre ronde
T'es devenue une chanson
T'es partout sur la terre ronde
T'es devenue une chanson
JEUDI 10 OCTOBRE
JULOS BEAUCARNE est considéré comme un chanteur compositeur engagé. Il le prouve par
certaines de ses chansons.
Celles-ci traduisent de multiples façons un état d'âme particulier où se mêlent la révolte comme
celle intitulée «KISSINGER», écrite en 1975 ainsi que «A vous mes beaux messieurs» que je
vous lis
J'veux te raconter, KISSINGER, l'histoire d'un de mes amis
Son nom ne te dira rien, il était chanteur au Chili
Ça se passait dans un grand stade, on avait amené une table
Mon ami qui s'appelait Jara, fut amené tout près de là
On lui fit mettre la main gauche sur la table, et un officier
D'un seul coup avec une hache, les doigts de la gauche a tranchés
D'un autre coup, il sectionna, les doigts de la dextre et Jara
Tomba, tout son sang giclait, 6 000 prisonniers criaient
L'officier déposa la hache, il s'appelait peut-être Kissinger
Il piétina Victor Jara "chante" dit-il, "tu es moins fier"
Levant les mains vides des doigts, qui pinçaient hier la guitare
Jara se releva doucement "faisons plaisir au commandant"
Il entonna l'hymne de l'U-, de l'Unité Populaire
Repris par les 6 000 voix des prisonniers de cet enfer
Une rafale de mitraillette abattit alors mon ami
Celui qui a pointé son arme s'appelait peut-être KISSINGER
Cette histoire que j'ai racontée, KISSINGER, ne se passait pas
En 42 mais hier, en septembre 73
A Vous Mes Beaux Messieurs
A Vous Mes Beaux Messieurs
Je me souviens j'avais dix ans, je dormais,
Harold est venu frapper à la fenêtre, on ne lui aurait pas
ouvert mais il insista. Maman lui ouvrit. Il raconta qu'une
bombe extraordinaire venait de détruire une ville entière
au Japon.
Celles qui font de nous des hommes sont les mères
Elles vont devant nous comme clarté des cieux
Aux mères ne devez-vous point d'être sur terre?
Alors ayez pitié des mères beaux messieurs
Que les nuages ne tuent pas les hommes
Un enfant de sept ans court dans les pâturages
Et le vent devant lui pousse son cerf-volant
N'avez-vous point connu ces jeux du premier âge?
Alors ayez pitié beaux messieurs des enfants.
Que les nuages ne tuent pas les hommes
En peignant ses cheveux la jeune fiancée
Au fond de son miroir cherche un visage doux
Ne vous a-t-on cherchés de même un jour passé?
Alors ayez pitié beaux messieurs des époux.
Que les nuages ne tuent pas les hommes
Quand on vieillit et que la vie atteint sa grève
On doit toujours penser aux souvenirs heureux.
Vous aussi vieillissez, votre époque s'achève
Alors mes beaux messieurs ayez pitié des vieux.
Que les nuages ne tuent pas les hommes
MERCREDI 9 OCTOBRE
JULOS BEAUCARNE, poète belge bien connu par ses chansons où se mêle la révolte, la tendresse,
l'humour et le quotidien. Décédé le 18 septembre 2021,il laisse des centaines de chansons mais aussi
des publications.
Je vous lis «la ligne bleue des Vosges» suivi d'un texte d'une belle moralité «le professeur et le
sage»
La ligne bleue des Vosges
Je n'espère plus de vous que ligne bleue des Vosges
Que ce vent doux qui passe et caresse la main
Je n'espère plus de vous que sourire, que trace
Qu'un regard qui se perd, limites et confins
J'ai l'espérance émue d'un matin de septembre
On marcherait lentement, sans me tenir la main
J'ai le secret désir d'une rencontre ardente
Dans des lieux si déserts que nul n'y verrait rien
Je marche dans la paix étonnante des signes
Je glisse et me défais de mon corps si humain
Et quand je prends mon vol, c'est pour suivre
La ligne que trace un oiseau blanc des croisées des chemins
Si vous le voulez, je tairais ce chapitre
Nous, nous n'étions qu'un seul navire
Fendant la mer quand l'écume couvrait
L'étendue de nos rires
Quand penchée sur le vide, elle virait de travers
Je n'espère plus de vous, que ligne bleue des Vosges
Que ce vent doux qui passe et caresse la main
Je n'espère plus de vous que sourire, que trace
Qu'un regard qui se perd, limites et confins
Le professeur et le sage
Un professeur éminent des philosophies va rendre visite à un sage tout au bout de la montagne
Et dès qu'il le voit, à peine lui a-t-il dit bonjour, il lui parle à n'en plus finir de toutes les philosophies,
du bien, du mal, de la vie, de la mort, des alentours de Dieu, de l'enfer, du purgatoire, des anges
déchus, des engelures, des angelots, du nirvana, de Mahomet et de Bouddha
Il y a deux tasses sur la table et le sage, tout en l'écoutant, sert le thé
Mais la tasse du philosophe déborde et le sage n'arrête pas pour autant de verser
Voyant ça, le professeur éminent arrête son discours et lui dit avec un léger agacement
"Mais vous ne voyez donc pas que la tasse déborde ?"
"Elle est comme vous, dit le sage, elle est tellement pleine qu'on ne peut plus rien y ajouter
Vous êtes tellement rempli que vous ne pouvez plus écouter"
MARDI 8 OCTOBRE
Julos BEAUCARNE poète belge a reçu plusieurs récompenses dont le prix des rencontres
poétiques du Mont St Michel en 1971 et le grand prix de l'Académie CHARLES CROS en 1972
Il écrit ses textes qu'il peut chanter aussi bien en français qu'en wallon.
Je vous lis «Joie de vivre» suivi de «Je chante pour vous»
Joie de vivre
Dès le matin, par mes grand-routes coutumières
Qui traversent champs et vergers
Je suis parti, clair et léger
Le corps enveloppé de vent et de lumière
Je vais je ne sais où, je vais, je suis heureux
C'est fête et joie en ma poitrine
Que m'importent droits et doctrines
Le caillou sonne et luit sous mes talons poudreux
Pour la première fois, je vois les vents vermeils
Briller dans la mer des branchages
Mon âme humaine n'a point d'âge
Tout est jeune, tout est nouveau sous le soleil
Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent
Je me repose et je repars
Avec mon guide, le hasard
Par les sentiers sous bois dont je mâche les feuilles
J'aime mes yeux, mes bras, ma chair, mon torse
Et mes cheveux, amples et blonds
Et je voudrais par mes poumons
Boire l'espace entier pour en gonfler ma force
Je Chante Pour Vous
Je chante pour vous, ne vous en déplaise.
Malgré les embruns, l'orage et le vent.
Sur toutes les routes même quand il grêle,
Je conduis mes pas jusqu'au bout du temps.
Pour finir ce jeu faudrait que j'en crève,
Le fil est fragile s'il se rompt un jour,
Vous saurez alors que je fais la grève,
Que le cercle est clos des tous mes amours.
Je chante pour vous des chansons bien tendres
Demoiselles douces au long cou tout blanc
Et pour vous aussi, enfants de septembre
Quand vous rebroussez les chemins et les champs..
Pour finir ce jeu faudrait que j'en crève
Le fil est fragile s'il se rompt un jour,
Vous saurez alors que je fais la grève,
Que le cercle est clos des tous mes amours.
Je chante pour vous belles et moins belles
Jeunesses et vieilles et vieux mes amis
Tant qu'les pauvres hommes auront des oreilles
J'exorciserai les démons de la nuit.
Pour finir ce jeu, faudrait que j'en crève,
Le fil est fragile s'il se rompt un jour,
Vous saurez alors que je fais la grève,
Que le cercle est clos des tous mes amours.
Je chante pour vous pour faire un point d'orgue
Arrêter le temps, suspendre son vol
Même si partout tout n'est que désordre
Tenter d'conjurer, conjurer le sort
Pour finir ce jeu, faudrait que j'en crève,
Le fil est fragile s'il se rompt un jour,
Vous saurez alors que je fais la grève,
Que le cercle est clos des tous mes amours.
LUNDI 7 OCTOBRE
Inspirée par mon récent séjour à Bruxelles, j'ai souhaité mettre à l'honneur la poésie belge. Les poètes
sont nombreux mais je me suis attardée sur les textes de JULOS BEAUCARNE qui m'ont séduit.
Ainsi, tout au long de cette semaine, je vous ferai découvrir ce poète et chanteur qui est aussi un
conteur, un comédien, un écrivain et un sculpteur.
Julos Beaucarne,pseudonyme de Jules Beaucarne, est né le 27 juin 1936 à Écaussinnes
(Belgique) et mort le 18 septembre 2021 à Beauvechain (province du Brabant Wallon).
Je vous lis deux chansons poétiques:
«Tout doux» suivi de «En voyant naître cet enfant»
Tout doux
Tout doux, je referme la porte
Peut-être on s' verra plus jamais
Les heures passent, tu les emportes
Ne reste que ce lit défait
J'ai replanté des marguerites
Dans ce jardin, me souvenant
Que même si le temps s'effrite
Faut en garder tout son content
Si au hasard d'une ballade
Je revoyais ton frais minois
C'est p't-être un autre dans l'enfilade
Que je serai devenu pour toi
Pourtant on n'oublie pas la belle
Les accords parfaits, la chaleur
La tendresse qui rend plus belle.
Nous deux, nous étions le bonheur
Rien que pour ces moments, madame
Valait la peine d'être né
Ce n'est pas vrai que l'on se damne
On n'en finit pas d'espérer
En Voyant Naître Cet Enfant
En voyant naître cet enfant
Je voyais du fin fond des siècles
Tous mes ancêtres, tous mes parents
Dans ce petit corps renaître
Je revoyais leurs maisons
Aujourd'hui en démolition
Et les buildings qui essayaient
De nous les faire oublier
Par quel hasard ce bel enfant
A survécu à toutes guerres
Guerre de Troie, guerre de Cent Ans
Échauffourées meurtrières ?
Par quelle fissure du temps
S'est-il glissé jusque maintenant
Défiant la mort, le fer, le vent
Hérode et les tueurs d'enfants ?
Que le vent souffle d'Afrique
Qu'il souffle du Nouveau Monde
Ce sont fusils qui crépitent
Bazookas pan-pan qui grondent
Échapperons-nous, dites-moi,
À cette grande razzia ?
Mon enfant, viens dans mes bras
Fais dodo tout contre moi
Toi qui cherches, toi qui doutes
La vérité s'étiole
À la croisée des sept routes
Y a le nouveau dieu pétrole
On sacrifie sur l'autel
Des petits enfants à la pelle
Le monde fait hara-kiri
Vendredi 4 octobre
Comme chaque année depuis 27 ans, à Sète, s’est tenu fin juillet le Festival « Voix Vives, de
méditerranée en méditerranée ». Il est consacré à la transmission de la poésie contemporaine
avec ses questionnements, son ouverture sur l’autre. Il regroupe des poètes de différents pays
et différentes langues. Extrait de l’Anthologie parue suite à ce festival, aux Editions Bruno
Doucet, voici « Pour l’ouverture des ombres » de la poétesse Imasango de Nouvelle
Calédonie.
Jeudi 3 octobre
Comme chaque année s’est tenu à Sète le Festival « Voix Vives, de méditerranée en
méditerranée ». Consacré à la transmission de la poésie contemporaine il regroupe des poètes
de différents pays et différentes langues. Voici cette semaine quelques-uns de leurs textes
extraits de l’Anthologie qui en découle, parue aux Editions Bruno Doucet. Ecoutons « Une
souffrance océanique » de Magda Cărneci de Roumanie puis « Homme brutal » de Chantal
Robillard- Puvinel poétesse française.
Mercredi 2 octobre
Comme chaque année s’est tenu à Sète le Festival « Voix Vives, de méditerranée en
méditerranée ». Consacré à la transmission de la poésie contemporaine il regroupe des poètes
de différents pays et différentes langues. Voici cette semaine quelques-uns de leurs textes
extraits de l’Anthologie qui en découle, parue aux Editions Bruno Doucet. Ecoutons « Dans
l’attente du désert » de Habiba Dajhnine poétesse d’Algérie puis « Beau l’exil » de Alaa
Hassanien poétesse d’Egypte.
Mardi 1er octobre
Comme chaque année s’est tenu à Sète le Festival « Voix Vives, de méditerranée en
méditerranée ». Consacré à la transmission de la poésie contemporaine il regroupe des poètes
de différents pays et différentes langues. Voici cette semaine quelques-uns de leurs textes
extraits de l’Anthologie qui en découle, parue aux Editions Bruno Doucet. Ecoutons « L’eau »
de Hala Mohammad poétesse de Syrie puis « Comme s’ils dormaient » de Abdo Wazen
poète du Liban.
Voix Vives, de méditerranée en méditerranée Sète 2024
Semaine du 30 septembre au 4 octobre 2024
Lectrice Danielle Vaginay
Lundi 30 septembre
Comme chaque année depuis 27 ans, à Sète, s’est tenu fin juillet le Festival « Voix Vives, de
méditerranée en méditerranée ». Il est consacré à la transmission de la poésie contemporaine
avec ses questionnements, son ouverture sur l’autre. Regroupant des poètes de différents pays
et différentes langues il connaît un succès croissant. Voici donc cette semaine quelques auteurs
extraits de l’Anthologie qui en découle, parue aux Editions Bruno Doucet. Tout d’abord, deux
poétesses qui écrivent en occitan et se traduisent elles-mêmes : Rose Blin-Mioch avec
« Blanches larmes » et Eva Cassagnet avec « Entends ».
Cette semaine est consacrée à quelques poèmes de Gérard Labrunie dit Gérard de Nerval né en 1805 à Paris et retrouvé pendu à un barreau de fer le 26 janvier 1855 rue de la Vieille Lanterne par une nuit de gel intense. Depuis 1841 il souffrait de crises de folie et était soigné dans la fameuse clinique du Docteur Blanche. Figure majeure du Romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes ,notamment Les Filles du Feu (1854) qui comprend ses sonnets
« Les Chimères »et ses nouvelles « Sylvie » et « Aurélia » publiée en 1855 peu avant sa mort.
Grand voyageur, il publie en 1851 « Le Voyage en Orient ».
J’ai choisi pour cette semaine de me limiter au recueil « Odelettes » grande œuvre lyrique et romantique écrite en 1853 et publiées en 1854. Ce sont les poèmes que je préfère chez Nerval pour leur profondeur toute légère
Lundi 23 : Réveil en voiture suivi de « Le Relais ».
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