Chaque mois, l’association Artistes du Loir-et-Cher nous ouvre les portes d’un atelier pour découvrir l’univers mystérieux qui entoure l’artiste, ses outils, son langage, les odeurs qui l’encerclent, la matière
qu’il manipule, les bruits ou les silences qui l’accompagnent.
Il se dit que l’âme d’un atelier est à l’image de l’artiste, un jeu en miroir dont la fécondité nous donne à voir la profondeur de son être et de son art. Et puis, il y a le voyage, aller à la rencontre de l’autre, comprendre d’où il vient, d’où il puise les influences qui vont nourrir sa créativité. Dans leurs diversités, nos hôtes ont ceci en commun, une belle histoire, celle d’un enracinement. Ces femmes et ces hommes ont quitté leur pays, leur région pour venir s’implanter ici en Loir-et-cher, devenu pour eux, une terre d’inspiration.
Prenons ensemble le chemin de l'atelier de l'artiste plasticien Miguel Lebron à Montrieux en Sologne. Entrons chez lui. Écoutons, contemplons Les chants de la Terre matérialisés sur ses toiles par l'expression visuelle et tactile du champ magnétique terrestre.
La planète s'exprime. Elle nous laissse voir, toucher et entendre son champ magnétique, dans une oeuvre poly sensorielle.
Pour rejoindre l’atelier de Martine SOULET, artiste peintre et coloriste, il faut longer le fleuve royal jusqu’à Suèvres après quoi, au porte de la Beauce, prendre la direction de La Chapelle-Saint-Martin-en-Plaine. Notre hôte nous accueille avec un sourire lumineux, prélude d’une immersion solaire. Puis, c’est l’explosion de couleurs. La petite pièce où l’on pénètre est une invitation au voyage. Tout le sud, d'Aix-en-Provence à Bonifacio, est là sous nos yeux. Je n’ai plus froid entouré des tableaux où le rouge, le jaune, l’orange, le bleu, des couleurs chatoyantes nous plongent dans l’univers d’un Paul Cézanne. Je retiendrais de nos échanges l’idée surprenante que Martine peint « ce qui vient ». La blancheur de la toile reçoit les couleurs du pinceau qu’une main libre, inspirée par le continuum d’une transmission artistique familiale et féminine, déverse avec délicatesse et poésie. Elle navigue ainsi sans fard, entre l’impressionnisme, la peinture japonisante ou l’abstraction, à l’image de la collection « d’une Elle à l’autre ». Le cercle y est omniprésent, comme un doux souvenir chaleureux du « cercle d’or » de sa corse natale.
Si vous cherchez l’atelier du sculpteur sur pierre, Tahir GAVRILOVIC, il faudra d’abord gravir le pentu tertre de Billeux à Molineuf, passer le chemin de coquine qui conduit au carmel, s’engager sur celui du Rin de la Berthelotière jusqu’au lieu-dit La Touche. L’endroit est magnifique. Respirez !
L’atelier se trouve sur la parvis d’un vieux corps de ferme, planté au beau milieu de la forêt. Le temps semble s’être figé au siècle dernier. L’atelier est à ciel ouvert sur un tapis d’herbe. Il est simple, authentique, épuré. Il se dégage des lieux une sérénité apaisante. La parole de l’artiste est quant à elle concise et généreuse. Les mots sont choisis modestement, dépecés de détail inutile. L’homme rayonne la sérénité, la paix intérieure, certainement la force tranquille de l’âme slave. Il se présente comme un ouvrier honnête qui ne fait que sortir de leur léthargie des pierres endormies. Il cherche à extraire de la matière une émotion, la beauté, le spirituel ou encore l’érotisme. Que ce soit des formes simples ou complexes, rien n’est envisagé par avance. Tout se dévoile au fur-et-à mesure, d’une manière parfois inattendue, au gré des coups du maillet et du ciseau. L’acte de création est délicate. La pierre a ses humeurs, son caractère, ses fêlures que la vanité du créateur, l’impatience ou l’exigence ne parviennent pas toujours maîtriser. Au final, c’est la pierre qui décide de se révéler.
La lumière s’estompe sur l’atelier, il est tard. La conversation se poursuit autour d’une table et de trois verres. Simplement. Je vous souhaite un bon voyage à la découvertes des secrets de l’atelier de Tahir GAVRILOVIC, réveilleur de pierre."
https://www.artistesduloiretcher.fr/members/gavrilovic/
Pour trouver l’atelier de Nathalie Cirino, tailleur-sculpteur et artiste peintre, il faut se rendre au cœur de la Sologne à Romorantin. L’atelier est caché dans un lotissement à l’arrière de la maison où s’étale d’une manière étonnante un jardin d’Éden, première invitation au voyage. L’atelier est à l’image de l’artiste, simple, authentique, ouvert vers l’extérieur comme disposé à délivrer ses secrets sans réserve. Il se présente sous les aspects d’une échoppe d’antiquaire, où sont entreposés des bibelots, des chevalets, des outils, des souvenirs et évidemment des pierres de forme et de taille différentes. Des scories jonchent le sol, arrachés de la masse sous les coups du maillet et du sceau que des mains de velours tiennent fermement. Là, sur un plan de travail mobile, attend une pierre choisie par la maîtresse pour être façonnée. Elle est encore cubique mais bientôt elle se révélera légère, épurée, douce comme sortie d’un rêve. Le bois parfois vient se lover dans les interstices géométriques de ses rondeurs. Les matériaux, que tout semble opposer, par un jeu de miroir, se frictionnent, s’assemblent et finissent par ne faire plus qu’un. Voilà la poésie de Nathalie Cirino ou l’Art de transposer son travail d’introspection à la matière. Elle crée ses œuvres en recherchant la constance de l’équilibre et celle de l’harmonie. Une belle occasion pour le contemplateur de s’émerveiller et de rêver.
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