" Avec mon enfance " de Gérard LINDEPERG ( Editions de l'aube )
Gérard Lindeperg
" Avec mon enfance " (Éditions de l'aube)
Après "Avec Rocard" et "Avec la Loire", où il mettait en scène son parcours de militant politique et de député, Gérard Lindeperg nous livre le troisième volume de ses mémoires. Dans un registre plus intime, il évoque ses origines familiales et sa ville du Creusot dans les années d'après-guerre. D'un trait vif, l'auteur nous introduit dans une société dominée par l'ombre tutélaire de la dynastie Schneider qui impose sa loi, son rythme et sa marque, aussi bien à l'usine qu'à la ville. Dans cette cité ouvrière, Gérard Lindeperg prend conscience très tôt de l'injustice sociale et la honte domine son enfance. L'école sera l'occasion de prendre une revanche sur le dénuement familial. L'engagement politique permettra de vaincre les humiliations de l'enfance creusotine et d'éprouver, au fil des ans, la honte d'avoir eu honte de la pauvreté.
La chronique de Jacques Plaine:
Gérard Lindeperg, inspecteur d’Académie en 1991, « Numéro deux » du parti Socialiste en 1992 fut député de la Loire de 1997 à 2002. Après « Mémoires d’un Rocardien de province » et « Avec la Loire », il écrit ici « Avec mon enfance » le troisième volume de ses mémoires. À l’occasion des élections municipales de 2002 où il conduisait la liste d’Union de la gauche - et pour se présenter aux Stéphanois soucieux d’en savoir plus sur un candidat venu d’ailleurs - Gérard Lindeperg a publié « Fleurs de givre. » Il reprend aujourd’hui son histoire, celle de ses parents, de ses grands-parents, de tous ceux qu’il aime, avec une autre ambition : celle de leur éviter de rejoindre dans l’anonymat « l’immense cohorte des sansgrade dont le temps efface la mémoire aussi vite que la mer engloutit la trace des pas sur le sable ». Il fait revivre son père et sa mère avec amour et sensibilité. Avec toutes les interrogations d’un enfant qui ne comprend pas tout, qui s’inquiète de mots, de silences, de comportements qui l’étonnent parce qu’il n’en a pas les clefs. Son père est alsacien plus souvent en opérations militaires qu’à la maison. « Il a passé son enfance au milieu des grands arbres de la forêt vosgienne » et rêve son fils en « ingénieur des ponts, des eaux et des forêts ». Sa mère, elle, est pontonnière dans l’univers des usines Schneider. Elle « a passé sa vie au milieu des hautes cheminées du Creusot » et espère faire de lui un simple dessinateur Schneider. Toute une époque renaît sous la plume de Gérard Lindeperg. Celle d’Yvette Horner et d’André Verchuren, de Raymond Souplex et de Jane Sourza, de Louis Armstrong et de Sidney Bechet, de Gina Lollobrigida et de Sophia Loren. C’était le temps de ceux qui avaient une voiture et de ceux qui n’en avaient pas, de ceux qui partaient en vacances et de ceux qui restaient à la maison. Dans ses deux premiers tomes de mémoires on a découvert un Gérard Lindeperg qui de « rien » est devenu « Numéro 2 » du parti Socialiste. On le retrouve ici à l’âge où il décide de cultiver son jardin. Il s’adresse à ses parents morts depuis bien longtemps et, avec les mots simples du bon fils, leur écrit ce que jadis il n’a osé leur dire de vive voix. Tout simplement.