En février 2015, le collectif Morvanlaine est né. Tout est parti de la volonté de quelques amies bourguignonnes et feutrières. C'est MeG leur professeur de feutre qui a eu cette idée, reprise en cœur par tout le groupe.
Quoi de plus sympa que de décider de se retrouver une fois par mois pour feutrer ensemble et échanger idées et découvertes sur la laine?
Rapidement les choses évoluent, à tel point que le temps manque parfois pour feutrer. En effet, le collectif décide d'aller plus loin dans l'échange. Tout d'abord, il ne s'agit plus seulement de feutre, mais de toutes les activités qui ont un rapport avec la laine. Ensuite il semble important de faire connaître au grand public les qualités de la laine française.
Savez-vous que la plus grande partie de la laine vendue dans les boutiques n'est pas de la laine? Il arrive même parfois que le fil soit fabriqué par des laboratoires ayant à leur actif, entre autre, des médicaments ou des pesticides. Quand, par hasard, il s'agit de laine, elle vient en majeure partie de Nouvelle Zélande ou d'Australie. Drôle d'idée, quand on sait que la laine des éleveurs français part en Chine pour se faire laver. Oui, oui, avec les crottes et tout et tout, dans un grand container...Imaginons quand elle arrive là-bas, la macération....Pas étonnant qu'on dise aux éleveurs que leur laine ne vaut rien. Mais pourquoi l'éleveur trierait puisque sa laine est très mal rémunérée ? C'est le chien qui se mord la queue...
Alors voilà Morvanlaine a décidé de faire la promo de la laine française en Bourgogne. Nous sommes loin d' être pionniers parce qu'il est vrai que des initiatives de ce genre voient le jour un peu partout en France et c'est tant mieux.
De là à dire que nous allons recréer une filière laine, c'est un peu tôt, mais l"idée est sur le fil rouge (de laine bien sur!). En attendant Morvanlaine expose sur les marchés et foires aux moutons locales.
Désormais Morvanlaine ouvre régulièrement ses jardins. Et puisque RCF nous propose une chronique régulière, alors nous allons parler laine et textile une fois par mois. Ceci pour que vous fassiez des découvertes de savoir faire, mais aussi, que vous soyez plus informés sur une filière qui pose véritablement un problème d'environnement et comment nous pouvons y remédier.
Notre mail pour vos questions : morvanlaine@googlegroups.com
La musique de fin de l'émission c'est Sêm Lazik cf https://www.facebook.com/semlazikorchestra
Et le générique est chanté par Nathalie Pinault accompagnée par Philippe Rollin
La Bêêêle et Laine et toutes les autres...
L'industrie textile s'est effondrée, en France, à partir des années soixante. Le manque de modernisation des outils de travail et l'émergence d'une main d’œuvre bon marché dans les pays asiatiques a précipité le secteur dans une crise profonde.
Jusqu’à il y a quelques années il ne restaient pratiquement que quelques filatures artisanales et un seul lavage important, travaillant le plus souvent avec des machines du début XXème siècle voir du XIXème siècle.
Cependant après n'avoir jurer que par la mondialisation et la délocalisation, les choses semblent évoluer. Le secteur du lin par exemple, semble se relocaliser.
Heureusement ces entreprises qui ont perduré, avec bien des difficultés, ont permis à de nouveaux artisans lainiers de faire vivre leur activité. Aujourd'hui quelques unes de ces filatures sont reprises par des associations ou de jeunes entrepreneurs qui ont foi en leur idées : relocaliser la filière laine, aider les artisans à proposer aux consommateurs des produits éthiques et de qualité, permettre aux éleveurs de vivre de leur travail, travailler sur des pratiques plus écologiques.
Au lieu d'interagir dans un milieu concurrentiel, filatures, lavages et artisanat s'unissent sur une idée de consommation responsable et d'activité durable.
De nombreux festivals de la laine sont désormais organisés en France, parfois avec seulement un marché des laines, mais le plus souvent avec des animations qui permettent de comprendre la filière laine et le travail des artisans dans son ensemble.
Cette année, à Saint Saulge dans la Nièvre, l'Espace Socio Culturel du Nivernais et le collectif Morvanlaine organisent pour la troisième fois un Festival des moutons et de la laine nommé La Bêêêle et Laine. Ce sera du 21 au 23 juillet 2023.
Quatorze races de moutons avec chacune leur spécificité lainière, et trente trois artisans seront présents. Des conférences sur la mode et l'environnement, ou encore sur l'isolation en laine, des démonstrations, des ateliers d'apprentissage, permettront au public de passer un agréable week end.
Venez en famille il y en aura pour tous les âges et peut-être à l'issu de ces trois jours deviendrez-vous un(e) tricoteur (se) acharné (e) !
Si la laine ne vous dit rien, vous aimez peut-être les chiens ? Venez découvrir le travail des chiens de troupeaux.
Pour plus de renseignements vous pouvez vous rendre sur la page Instagram ou Facebook de La Bêêêle et Laine ou demander le programme à l'ESCN à Saint Saulge tel : 03.86.58.21.10.
Afin de vous mettre l'eau à la bouche, dans cette dernière émission des Jardins Secrets de Morvanlaine, Isabelle vous parle des mots de la laine et de ce qui nous fait rêver en tant que lainières.
Elle s'est appuyée sur un livre dont voici les références : « Dictionnaire des mots rares et précieux » domaine français, dirigé par Jean Claude Zylberstein dans la collection 10/18.
Vous pourrez également comprendre comment une race particulière de moutons peut intéresser à la fois éleveurs et artisans lainiers. Ici il s'agit des Iles de France présentées par Douglas Ryan, mais beaucoup de races ont leur spécificité en fonction de la destination de laine.
Alors bonne écoute et n'oubliez pas de passer par La Bêêêle et Laine avant de partir en vacances (où sur le route de vos vacances?).
L'indigo, une histoire du bleu
Le bleu est une couleur rare. La nature fournit peu de pigments bleus. C'est par un ingénieux procédé de fermentation que les hommes ont découvert comment utiliser le pigment d'indigo.
Que ce soit dans les différents indigotiers ou dans le Pastel, la substance tinctoriale nommée indican demeure invisible jusqu'à sa révélation. C'est par fermentation que l'on obtient le pigment bleu.
Dès le néolithique des étoffes étaient teintes en lilas grâce aux baies d'airelles ou de yèble. Mais de merveilleuses découvertes sur plusieurs sites attestent que la teinture au pastel était déjà maîtrisée.
A l'âge du bronze sa pratique est répandue en Norvège et en Inde.
En Égypte on se servait du pastel, puis à l'époque romaine de l'indigo pour teindre les étoffes sacrées. Cependant les romains méprisent le bleu rendu terne par un manque de maîtrise.
C'est en Inde que l'on maîtrise le mieux la technique de la teinture à l'indigo (d'où son nom) dès l'antiquité. Cette maîtrise gagne ensuite tout le Proche Orient. Mais l'Inde a un rapport particulier avec l'indigo qui est la couleur de la caste la plus basse.
En Afrique occidentale l'indigo devient une vedette. Il teint la majorité des cotonnades. Le vêtement teint en bleu indigo devient la parure des Touaregs appelés aussi « les hommes bleus ».
Si le bleu n'a pas toujours été un bien aimé dans l'histoire des hommes, en occident son destin sera triomphant.
En effet, dédaigné par l'empire romain, il gardera pendant longtemps une connotation dévalorisante. Cela perdure pendant toute une partie du moyen âge. Au XIIème siècle le deuil se porte en bleu. Mais l'adoration croissante de la Vierge Marie va faire évoluer le goût du bleu. Elle abandonne ses habits sombres pour revêtir un manteau bleu.
Les étoffes bleues sont alors demandées par les rois, puis par les aristocrates et bientôt cette demande va gagner toute la société. Le pastel et sa technique se développent permettant désormais de teindre les étoffes dans un bleu franc et solide.
Au XVIIème siècle l'indigo envahie l'Europe et on parle alors 'd'indigomanie' pour cette mode du bleu.
Le bleu ne quittera plus nos références. C'est la couleur préférée en Europe, aux États Unis et en Amérique Latine. Perçue comme neutre et pacifique on la retrouve dans nos jeans mais aussi dans la majorité des emblèmes internationaux : casques bleus, drapeau de l'Union Européenne etc.
Universel, les hommes ont su maîtriser une technique compliquée dans différentes régions du monde depuis les temps les plus anciens pour obtenir une couleur qui rassemble et apaise ; le bleu.
Dans cette émission Nathalie Pinault nous expliquera comment obtenir du bleu à partir du pigment de l'indigo et Isabelle Rollin nous donnera les mots du bleu.
Christine Delbove
Pour aller plus loin :
Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples – Anne Varichon – ed du Seuil
Bleu, histoire d'une couleur – Michel Pastoureau – ed du Seuil
Et sur You Tube à regarder, les tutos de Michel Garcia pour teindre en bleu
Le raccommodage un outil de résistance
Dans une société de consommation à outrance, porter des vêtements raccommodés a longtemps été considéré comme ringard.
Mais nous commençons à mesurer le poids environnemental de notre folie des achats. C'est notamment l'industrie textile le deuxième pollueur après le pétrole. Raccommoder ses vêtements devient donc un acte écologique et éthique. Quand je vois des vêtements à quelques euros, je ne peux m'empêcher de penser à tous ces gens qui les fabriquent, à l'autre bout du monde, dans des conditions qu'aucun d'entre nous ne supporterait.
Il est donc urgent d'acheter des vêtements de qualité pour leur durabilité et fabriqués près de chez nous pour leur traçabilité.
Bien sur ces vêtements vont coûter beaucoup plus cher. Ils vont aussi durer beaucoup plus longtemps. Et puis, avons nous besoin de tant de frusques dans notre garde robe ?
Par contre un habit bien confectionné, avec des matière nobles va se bonifier avec le temps et nous aurons plaisir à le porter très longtemps.
C'est là qu'intervient le raccommodage. Vous n'êtes pas à l'abri d'un accro, d'une mite qui passait par là. Mais vous n'avez pas envie de vous passer pour autant d'un vêtement aussi confortable. Il va donc falloir le raccommoder. Alors oui, c'est tout un art. Vous vous rappelez les merveilleuses reprises que faisait votre grand-mère et vous vous dites que vous n'arriverez jamais à autant de perfection. Rassurez-vous, il existe de nombreux cours de raccommodage et des ouvrages très bien fait qui vont vous décomplexer. Car oui, désormais on montre le raccommodage ! Il donne une seconde vie à votre vêtement en l'embellissant par un rajout de broderie par exemple. C'est assez facile dans l'ensemble et très ludique.
Écoutez l'interview que nous avons faite auprès de Hilde Schollaert sur la question.
Isabelle Rollin vous donnera de nombreux mots se rapportant au raccommodage.
Il ne reste plus qu'à vous lancer
Christine Delbove
Quelques références de livres :
'Le raccomodage' de Hiraku Noguchi Les Editions de Saxe
Raccommodage : "Encyclopédie des ouvrages de dames"
de Thérèse de Dillmont,
parue en 1884.
'Le raccomodage' de Hiraku Noguchi Les Editions de Saxe
Bas indémaillable : "Le monde d'avant"
de Marc Lambron,
paru en février 2023.
Mots morvandiaux : "Le parler nivernais morvandiau et quelques glanes du temps passé",
paru en octobre 2009.
L'ortie une alliée redoutable
Souvent l'ortie nous ennuie. Elle pousse dans nos parterres de fleurs ou nos carrés de laitues. Nous aimerions qu'elle disparaisse de nos jardins. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
L'ortie pousse là où la terre est trop riche en azote. Rudolph Steiner* disait « L'ortie rend le sol raisonnable. Certes elle est désagréable à cueillir sans gants. Mais elle présente de nombreux avantages et peut nous aider dans bien des domaines domestiques.
Beaucoup connaissent le purin d'ortie au jardin qui soignent les plantes et les nourrit. Mais l'ortie a également servie de fourrage pour les animaux pendant très longtemps et de fibre textile depuis des millions d'années.
Elle se prépare comme la fibre de chanvre et donne un tissu très fin et soyeux. Voici un extrait du livre de Bernard Bertrand 'Les secrets de l'ortie' qui explique comment on fait de la fillasse d'ortie :
« Récoltez les orties en août et septembre. On est sûr qu'elles sont mûres lorsque les feuilles sont fanées, que les tiges sont jaunâtres ou rouge pâle et que les graines se détachent de leur enveloppe. On coupe les tiges au raz du sol, sans arracher les pieds. On les fait sécher pendant 2 jours pour que tombent les feuilles. On les lie ensuite en bottes et on les met à rouir dans une eau claire pendant 6 ou 7 jours. Après le rouissage on fait sécher. Puis la tige est soumise au teillage ou broyage à la broye, avant d'être peignée au seran.
La fillasse obtenue est stockée dans un lieu sec jusqu'au filage. »
Bernard Bertrand explique comment faire des liens solides avec l'ortie qui serviront au jardin. Il faut couper les tiges, vous les débarrassez des tiges secondaires et des feuilles et avec votre ongle vous ouvrez la tige en deux ou en quatre. Vous tressez ou vous torsadez ensuite les brins obtenus. Ces liens très solides vous serviront à attacher tomates ou haricots aux tuteurs.
Outre le textile l'ortie est une plante médicinale, mais aussi délicieuse en cuisine. Pourquoi ne pas garder un carré d'orties dans son jardin ? C'est un légume que l'on n'a pas besoin de cultiver !
Voici une recette de gratin d'ortie que je fais souvent :
Coupez de jeunes pousses d'orties (200g), les laver et les mettre à blanchir quelques minutes dans de l'eau bouillante. Les hacher. Faire une béchamel épaisse, ajouter du comté râpé de la muscade et du poivre et sel. Mélanger les orties à la béchamel. Mettre dans un plat allant au four ajouter du comté râpé sur le dessus et enfourner Thermostat 180 pendant 20 mn. Ensuite régalez vous !
Pour aller plus loin sur la connaissance de l'ortie :
'Les secrets de l'ortie' Bernard Bertrand collection Le compagnon végétal
*Rudolph Steiner : antroposophe suisse du début du XXème siècle
Christine Delbove
Rappel sur l'agenda du printemps :
30 avril et 1er mai Fore artisanale de Quarré les Tombes (89). Cette année la laine est mise à l'honneur
Du 21 au 23 juillet : La Bêêêle et Laine à St Saulge (58)
Vous y retrouverez le Collectif Morvanlaine
Le jean, une histoire française
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sont pas les cow-boys qui ont inventer le jean. C'est une affaire bien française et en voici l'histoire.
En 1875, dans les Cévennes naît Célestin Tuffery qui deviendra le pionnier du jean français. C'est à 17 ans, qu'il crée un vêtement de travail ample et pratique, teint à l'indigo.
En 1892, il ouvre son atelier de confection à Florac. Les pantalons son fonctionnels et robustes. Ils deviennent un vêtement de travail incontournable : le jean.
Célestin Tuffery n'avait certainement pas prévu que son jean allait devenir un symbole de liberté pour les jeunes des années soixante. La marque se modernise en devenant Tuff's. A cette époque l'atelier emploi jusqu'à 40 couturières qui font 500 jeans par jour. Pour cela elles utilisent la toile de Nîmes ou le nom de jean Denim.
Il faut désormais rivaliser avec les géants américains ce qui devient de plus en plus difficile quand l'année 1979 sonne le déclin de l'industrie textile en France. La famille Tuffery comprend alors que l'important est de garder une bonne qualité et non pas d'avoir un volume de commandes important.
Pour subsister, la marque propose dès 1982 d'autres vêtements ou accessoires. Le mythique jean devient une production confidentielle. Elle garde toutefois de fidèles clients. Et jusqu'en 2003 on peut même dire que la production est intimiste. Mais à cette date, Tuffery reste le seul fabricant de jeans français.
A partir de 2004, on commence à nouveau à s’intéresser au Made in France. Une certaine clientèle est à la recherche d'une consommation responsable et traçable.
Finalement en 2014, Julien Tuffery, 4ème génération de la famille, et son épouse, reprennent la marque initiale de l'Atelier Tuffery. Ils trouvent en France des partenaires de qualité et dessinent des coupes modernes, mais gardent aussi les modèles qui ont fait la renommée de la maison.
Vous pouvez désormais trouver dans le catalogue en ligne des jeans en chanvre ou en laine, teints à l'indigo.
Nous vous invitons à lire en ligne 'le manifeste du bon sens' de la Maison Tuffery.
Il n'est pas vraiment question de jean dans notre émission de février, mais d'une autre renaissance, celui du chanvre, un fibre exceptionnelle aux multiples vertus. Je vous invite à écouter l'émission ou vous apprendrez tout sur le chanvre, mais aussi les difficultés à subsister dans une mondialisation exponentielle.
Et puis allier jean et chanvre, c'est une garantie de confort au quotidien. Il ne manque plus qu'un bon pull en laine.
Christine Delbove
Marie Georges Ryan est décédée le 16 décembre 2022. Plus qu'une amie, nous avons perdu notre mentor. En effet elle avait initié de nombreuses personnes au feutre à l'eau et nous faisions partie de ses élèves.
C'est avec elle que nous avions compris le processus de feutrage pour réaliser chapeaux, chaussons ou autres mitaines. Chacune s'est spécialisée et parfois perfectionnée auprès d'autres professeurs. Mais jamais nous ne nous sommes perdues de vue. Pour la bonne raison que MEG avait envie de monter un groupe avec qui partager les savoir-faire, échanger les bonnes idées et surtout se retrouver dans la bonne humeur.
Dès sa proposition en 2015, nous avons été enthousiasmes et le collectif Morvanlaine est né. Ce que Marie Georges n'avait sûrement pas prévu, c'est que cela irait bien au delà de ses espérances.
Dans la bonne humeur et avec beaucoup de sororité, le collectif est rapidement devenu un pilier pour le développement de nos activités et une force de proposition pour l'organisation d’événements tels que La Bêêêle et Laine à Saint Saulge, un festival autour de la laine et des moutons.
Et nous avons même réalisé cette émission qui dure depuis trois ans : Les Jardins Secrets de Morvanlaine.
Aujourd'hui nous sommes reconnues en tant qu'entité dans la région, mais aussi dans toute la France de la laine. Le collectif s'apprête à soutenir le développement de la filière laine en Bourgogne Franche Comté et nous en sommes heureux.
Tout ceci n'aurait pas pu exister sans l'idée de départ de MEG : échanger en commun. Échanger nos cheminements artistiques nous a conduit à réaliser des choses très concrètes et nous n'en sommes qu'au début.
Cependant nous regrettons que MEG ne soit plus là pour approuver ou parfois nous remettre sur la ligne fixée par le collectif. Nous sommes orphelines (car oui, nous ne sommes que des femmes) mais nous savons que l'esprit de MEG continuera de nous guider et nous rappeler qu'il s'agit avant tout d'entraide et d'échange.
Dans cette émission vous pourrez entendre une interview de Marie Georges que nous avions faite en avril 2021 sur l'histoire du feutre.
Par ailleurs Marie Georges et Douglas Ryan ont été éleveurs de moutons et Douglas nous fera découvrir une race de chien très utile dans ce type d'élevage : le border collie.
C'est une page qui se tourne, mais la vie et les projets continueront dans le souvenir de Marie Georges.
Christine Delbove
En Côte d'Or, Catherine Poussy, une assistante sociale passionnée par l'artisanat lainier mène une expérience hors du commun.
Pour venir en aide à des personnes isolées, elle a créé un groupe de rencontre autour de la laine.
Cela a rapidement touché une dizaine de personnes qui ont vu ressurgir les souvenirs de leur enfance. La mémoire de membres de leur famille qui travaillaient la laine d'une façon ou d'une autre, leur a donné envie d'en savoir un peu plus.
Désormais des ateliers ont lieu régulièrement autour d'une technique textile ou de l'élevage des moutons. Les participants sont heureux de se retrouver, d'apporter leurs souvenirs ou d'aborder une activité nouvelle.
C'est évident, en dehors de ses propriétés techniques, la laine crée du lien apporte de la chaleur et du bien être.
Nous sommes allés rencontrer ce groupe pour que chacun puisse nous donner ses impressions.
Ils existe nombre d'expériences autour de laine en France désormais. Les plus importantes étant les marchés lainiers un peu partout dans l'hexagone ou l'ambiance est toujours très chaleureuse. Le dernier en date,Les journées Nationales de la laine de Felletin dans la Creuse, a vu passer 200 000 visiteurs.
Il existe aussi beaucoup de Tricothés ou quelques passionnés de tricot se retrouvent pour une après-midi ou une soirée de partage de techniques de tricot, de gâteaux et autres gourmandises.
N'hésitez-pas à vous renseigner : dans la Nièvre et le Morvan aussi on tricote, on teint, on tisse, on feutre etc.
Christine Delbove
Pour des informations sur des stages :
Meg créations : 03,86,50,05,29
Anaïs Boutin : 06,60,22,95,43
Christine Delbove : 03,86,60,27,57
Birte Braun : 02,48,79,41,78
Pour des informations sur le groupe de Côte d'Or :
Catherine Poussy : 06,43,56,15,46
Le collectif Morvanlaine a rencontré récemment Denyze Agostinho, directrice adjointe des Solidarités, de la Culture et des Sports, et Mathilde Deprez, chargée de mission Médiation culturelle au Conseil Départemental de la Nièvre. L'objectif est de créer un partenariat autour du projet de la Cité muséale de Château Chinon.
En effet le tout nouveau musée composé de deux entités devrait ouvrir ses portes bientôt. Le projet regroupe l'ancien musée du septennat qui deviendra le musée du cadeau diplomatique et l'ancien musée du costume réinventé en musée de la mode et du textile.
Morvanlaine interviendra dans l'esprit de mettre en avant les textiles éco responsables : locaux, renouvelables et de faible impact environnemental.
Dans ce programme, différents acteurs de la Nièvre entrent en jeux comme le lycée technique de Château Chinon par exemple. C'est une opportunité pour les jeunes locaux de s'investir dans un projet de développement au service du tourisme mais pas seulement. En effet, c'est aussi à la population locale que s'adresse cette future cité muséale qui proposera, animations, ateliers pédagogiques, et conférences sur des thèmes d'actualité.
Nous vous invitons à écouter l'interview de Denize Agostinho sur le sujet.
Les passionnés de moutons pourront comprendre comment on améliore une race grâce à l'exposé de Douglas Ryan.
Et bien sur vous retrouverez les mots du Textile avec Isabelle Rollin qui nous apprendra encore beaucoup de choses.
Vous finirez par l'agenda de Morvanlaine dans lequel nous vous rappellerons les dates des Jardins Secret de cet été.
Bonne écoute et retrouvez-nous dès septembre pour de nouvelles émissions.
Après les délocalisations de la fin du vingtième siècle, la filière textile s'est complètement effondrée en France comme en Europe. Seuls quelques irréductibles de l'industrie textile ont tenu coûte que coûte. Il s'agit souvent d'entreprises moyennes reprises de père en fils qui connaissent de grosses difficultés pour se moderniser. Cela fait déjà bien longtemps que les éleveurs de moutons ne considèrent plus la laine comme un produit de leur exploitation, mais comme une charge. Elle est trop peu payée pour financer la tonte annuelle nécessaire à la bonne santé de leur troupeau. Avec la disparition des experts lainiers c'est tout un savoir faire de tri de la laine qui a disparu.
Pourtant à l'initiative des artisans qui se sont maintenus coûte que coûte, l'association ATELIER Laines d'Europe a vu le jour il y a 30 ans. C'est un groupe de professionnels qui réfléchissent au maintien et au développement de la filière.
Une réflexion écologique sur la filière textile, les années Covid et maintenant la guerre en Ukraine en disent long sur le besoin de relocaliser.
La filière textile ne sera plus la filière industrielle que la France a connu et ce n'est peut-être pas souhaitable car les conditions de travail étaient peu ou prou ce qu'elles sont aujourd'hui en Chine.
Mais des groupes d'éleveurs cherchent à valoriser leur laine et de nombreux artisans qui travaillent souvent en individuel s'installent pour transformer une laine française de bonne qualité. D'autres ont repris des filatures à l'arrêt et les modernisent.
Atelier Laines d'Europe comptent aujourd'hui plus de 290 membres à travers toute l'Europe et plus particulièrement en France.Des rencontre professionnelles ont eu lieu à Baye en mars pour réfléchir à la réorganisation d'une filière qui pourrait fonctionner avec ces nouvelles données.
C'est une bonne nouvelle pour la laine française et par la même occasion pour l'élevage de moutons.
Lors de ces rencontres nous avons entendu parler de formations au tri, de créations de centres de tri, d'organisation logistique et de bien d'autres choses revigorantes et pleines d'espoir pour la filière.
Nous avons interviewé Pierre Reveillac le Président d'ATELIER. Il donne un condensé des discussions de ses journées qui ne sont qu'un début.
Nous en avons profité pour interviewé Olivia Bertrand qui gère une toute nouvelle entreprise de transformation de laine locale. C'est un exemple parmi ceux qui fleurissent en France et en Europe et nous leur souhaitons bonne chance.
Christine Delbove
S'il existe un remède contre la guerre, c'est probablement l'entraide et la coopération.
En cette période où la guerre se rappelle à nous de façon cruciale, et bien qu'elle n'ait jamais cesser d'exister de par le monde, elle se rapproche de nos existences, il nous a semblé bon de parler d'entraide.
Nous avons interviewé Annick Souryi présidente de La Fibre Textile. L'association nationale a pour but l'échange et le partage de savoirs. Elle est composée de professionnels et d'amateurs et tous ont quelque chose à transmettre qu'une autre personne ne saura pas. Les membres de l'association forment un puits sans fin de connaissances sur le textile.
Lorsqu'on commence à s'entraider, des portes s'ouvrent et l'horizon devient lumineux. L'association a voulu aller plus loin en créant une collaboration avec des groupes désireux de se développer dans le textile à travers le monde. Chaque année le groupe de fileuses de Pédaler pour la Paix vend des écheveaux filés au profit d'un projet choisi par l'assemblée générale. Cette année deux projets ont été choisis. Il s'agit d'un groupe de femmes au Népal qui souhaitent transformer la laine de leur troupeau de brebis afin de tricoter des vêtements. L'autre projet est français, Pédaler pour la Paix aidera le processus de développement d'une culture de pastel en Picardie. Espérons que cela nous donnera la possibilité de voir la vie en bleu !
Actualité oblige, nous avons décidé de parler pour le deuxième sujet, d'un autre groupe de femmes en Ukraine qui fabrique des tapis avec la laine de ses moutons.
Si vous êtes intéressés par la Fibre Textile, n'hésitez pas à vous rendre sur leur site Internet ou vous trouverez une foule de renseignements et vous pourrez même adhérer.
Christine Delbove
Rien ne vaut la force d'un collectif pour soutenir des actions. Dans l'artisanat lainier, de plus en plus d'éleveurs ou artisans se regroupent pour faire transformer leur laine. En Bourgogne Franche Comté il existe deux collectifs : Morvanlanie et Laine à l'Est. Ces groupes se sont constitués de façon assez informelle par le hasard des rencontres ou des formations. Petit à petit, au sein du groupe on se rend compte du potentiel que nous avons à être plusieurs. Que ce soit pour développer une activité ou organiser des événements, mettre en commun nos idées, nos expériences et parfois nos forces physiques décuple les possibilités. Il est important de se sentir soutenu, d'être épaulé ou parfois rassuré quand on démarre une activité. Et de fil en aiguille (ha ! Ha!) de nouvelles idées arrivent et l'activité se développe.
Dernièrement Morvanlaine a rencontré Laine à l'Est que nous allons vous présenter dans cette émission. Deux collectifs de lainières quoi de mieux ! Nous sommes toutes, feutrières, teinturières trieuses, mais loin d'être concurrentes, nous savons que c'est en nous groupant que nous serons plus fortes. Dès la première rencontre nous avons pensé à la mise en place d'une formation en commun et d'un événement festif.
Nous continuerons cette émission par la minute d'Isabelle qui nous parlera du mot 'Laine'. Hilde et Léonie se sont posé la question de l'entretien et du recyclage des lainages. Et enfin, nous aurons l'agenda de Catherine.
A Morvanlaine, notre expérience de lainières nous permet de dire que la qualité de la laine se mesure dès le départ. C'est à dire sur le dos de l'animal. Les conditions d'élevage sont primordiales pour avoir une laine de qualité. Et notre pire ennemi après les mites, c'est la paille !
On accuse souvent bien à tors la laine de nos régions en disant qu'elle gratte. Ce sont les restes de débris végétaux qui donnent cette sensation. Si l'on ne veut pas laver la laine avec des produits dangereux pour la santé, alors il faut que les animaux soient élevés en plein air ( c'est ce qu'ils préfèrent!), tondus sur une aire propre et que la laine soit triée au moment de la tonte.
Pour cette émission nous avons interviewé Hervé Raoult, éleveur d'Alpagas dans l'Aube, sur sa conduite d'élevage.
Bien sur l'élevage et le tri ne suffisent pas. C'est tout au long du processus de transformation qu'on obtiendra un fil de qualité, puis un vêtement solide.
Nous avons profité des Journées de la laine, à Felletin dans la Creuse, fin octobre, pour interviewer Thierry Terrade de la Filature Terrade. Une des rares filatures françaises qui subsiste et qui, nous l'espérons, permettra de relancer une filière laine en France. Mais cette idée de relance fera l'objet d'autres émissions. Aujourd'hui nous nous consacrons à la matière et comment la faire transformer.
Isabelle Rollin nous donnera un petit intermède en nous parlant d'un conte d'Amérique Latine qui parle d'entraide et de solidarité. En ces périodes de Noël il nous paraît intéressant de rappeler que seuls nous sommes perdus et que chaque chose a sa valeur et son utilité sur Terre.
Il en est de même pour le vêtement. Par l'achat facile et bon marché que la société de consommation nous fait miroiter nous oublions que pour faire du fil il faut des plantes ou des animaux, puis des lavages et des filatures et enfin des artisans. Les plantes, les animaux et leurs éleveurs ont besoin de vivre. Les lavages et les filatures ont besoin de payer correctement leur personnel et d'investir dans du matériel, tout comme l'artisan doit pouvoir vivre correctement de son travail. Au bout du compte le vêtement doit avoir un prix qui rémunère l'ensemble. En échange ce vêtement durera longtemps.
Pour 2022 nous pourrions nous poser la question : faut-il changer de mode quatre fois par an ? C'est ce à quoi nous pousse l'industrie de la mode en ce moment.
Comme chaque mois, pour terminer l'émission Catherine nous donnera l'agenda des Morvanlainières. Un peu limité cette fois-ci car comme vous nous allons fêter Noël.
Nous vous souhaitons de belles fêtes de fin d'année.
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