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Dans la forêt lointaine, on entendait le coucou
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Dans la forêt lointaine, on entendait le coucou

RCF,  -  Modifié le 21 mars 2018
Ce matin, François Mandil revient sur la disparition des oiseaux sur le territoire français.
da_hammer Pixabay da_hammer Pixabay

Vous savez que chez les scouts, on aime bien chanter, notamment des vieilles chansons un peu folkloriques. Par exemple, les prisons de Nantes, bon, on sait qu’elles n’existent plus mais c’est pas grave. On ne va pas pleurer ces prisons. Le problème aujourd’hui, c’est que peut-être que bientôt quand on chantera « dans la forêt lointaine, on entend le coucou », ce sera aussi du vieux folklore disparu.
 
Vous l’avez peut-être lu hier, le Muséum national d’histoire naturelle et le Centre national de la recherche scientifique ont annoncé les résultats de leur suivi des oiseaux sur le territoire français. Ils parlent d’une « disparition massive », « de catastrophe écologique », tout cela étant le résultat d’une intensification de certaines pratiques agricoles. « Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans. ». Un tiers en quinze ans. On a du mal à se représenter !
 
Et ce n’est pas comme si on n’avait pas eu des centaines, des milliers de signaux d’alerte. On vient de commémorer les 40 ans de la marée noire de l’Amoco Cadiz qui a durablement souillé les côtes de Bretagne. Ça n’a donc pas été suffisant comme signal d’alerte.
 
Les espèces évoluent, disparaissent, après tout c’est normal. Ce ne sont pas les espèces qu’il faut pleurer, c’est chaque individu. Chaque oiseau. Chaque créature. Et il faut la pleurer mais il faut aussi être en colère parce que nous avons tué chacune de ces créatures. Nous sommes les responsables directs et uniques.

Il ne faut pas pleurer parce que c’est mauvais à long terme pour les récoltes, parce que ça déséquilibre les écosystèmes, parce que ça met en péril notre économie. Non. Il faut pleurer parce que nous détruisons méthodiquement la vie. Et oui, effectivement, en plus, provoquer l’effondrement de la vie sauvage a des conséquences dramatiques pour nous aussi. Qu’avons-nous fait de cette création dont nous étions censés être les gardiens ?
 
Le scoutisme ne peut pas exister sans vie dans la nature. On peut faire des choses très bien sans vivre dans la nature, mais pas de scoutisme. Vivre dans la nature, c’est la découvrir, l’approcher, la connaître. Et donc, ça nous permet de l’aimer. Et donc on va protéger. Peut-être que notre problème collectif vient de là : nous ne vivons plus assez en contact avec la nature.
 
Quand un jeune est en camp, le soir à la veillée, il a les pieds dans l’herbe et la tête dans les étoiles. Il est le trait d’union concret entre l’infiniment petit et l’infiniment grand. Il fait l’expérience de la transcendance. La nature est un terrain merveilleux pour grandir et s’épanouir. Peut-être que chez les scouts, nous avons trop envisagé l’éducation PAR la nature, et pas assez à l’éducation POUR la nature.
 
Le monde que les générations du baby-boom laissent aujourd’hui aux jeunes est bien malade. Ces générations qui ont grandi en écoutant le coucou chanter laissent un monde où les jeunes ne sauront pas de quoi parle cette comptine : « dans la forêt lointaine, on entendait le coucou ».

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