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Emmanuel Macron invité à corriger le tir
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Emmanuel Macron invité à corriger le tir

RCF,  -  Modifié le 13 juin 2018
Trois économistes, pourtant très proches du président, critiquent les choix sociaux d’Emmanuel Macron.
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Une note confidentielle commandée à trois économistes proches du président de la République et publiée par Le Monde dimanche dernier n’avait sans doute pas vocation à être rendue publique. Mais comment empêcher qu’elle alimente le débat sur la politique conduite au terme de cette première année du quinquennat présidentiel ? 

Sans excès de prudence, Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry, qui, chacun à sa manière, ont contribué à la campagne victorieuse d’Emmanuel Macron, disent assez clairement au président ce qu’ils pensent. Ces économistes jugés compétents et raisonnables écrivent en fait ce que beaucoup, y compris parmi les soutiens du président pensent : la politique conduite depuis un an est déséquilibrée, parfois injuste et par moment contradictoire avec les engagements de campagne.  

Cohérents avec leurs choix initiaux, ces économistes ne contestent pas les effets bénéfiques de l’assouplissement des règles porté par le président de la République. Mais ils constatent que « beaucoup de Français craignent que les réformes bénéficient au pays, mais les laissent eux-mêmes de côté ». Pour corriger cette image, désormais installée dans l’opinion d’un « président des riches », ils pensent qu’« il importe de se montrer aussi audacieux dans la lutte contre les rentes et les privilèges d'en haut que dans le combat contre les corporatismes d'en bas».

Ils encouragent ainsi le président à taxer plus lourdement les « très grosses successions », car « les enfants des innovateurs sont souvent des rentiers ». Economistes, ils se font aussi politologues, lorsqu’ils déplorent l'absence d'une « voix forte » pour porter le message social « à l'intérieur du gouvernement ». Sans trop les nommer, ils visent ceux qui gouvernent à Matignon et à Bercy, tous transfuges de la droite. 

Leur note ne se réduit pas pourtant à une évaluation générale. Elle se fait précise sur quelques points. Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry pensent ainsi qu’« il ne faut pas réduire la prime d'activité qui permet à la fois de réduire la pauvreté des travailleurs modestes et d'inciter au retour au travail ». Mais ouvrent, en même temps, des pistes d’économies possibles. Ils se déclarent ainsi favorables à la réduction de la durée d'allocation chômage. En fonction de l'évolution du taux de chômage…

De la même manière sur le plan fiscal, ils poussent à réexaminer les aides sectorielles aux entreprises, « le maquis des aides à l'innovation » et invitent le chef de l’Etat à lutter plus fermement contre l’optimisation fiscale. Les aides à la pierre sont aussi visées. Elles « réduisent très fortement l'impôt sur le revenu des bénéficiaires et affectent le budget de l'Etat ».  Ils recommandent enfin un étalement de la suppression de la taxe d'habitation dans le temps, en suggérant de « différer » la mise en œuvre de cette réforme « pour les 20% les plus aisés ». Ils prônent aussi « l'introduction d'une taxe foncière progressive ».

La note titrée « Renforcer la dimension émancipatrice de l'action gouvernementale » est une invitation pressante à changer quelques accents de la politique conduite. Même si les auteurs rendent longuement hommage aux réussites, notamment dans le domaine de l’éducation (dédoublement des classes de CP en Zep), ils suggèrent au président de présenter des « objectifs concrets » en matière de sous-emploi des jeunes. Qui pourrait leur donner tort ?  

Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a lui dénoncé lundi matin sur France Inter la vision « anglo-saxonne » de la société d’Emmanuel Macron, qui « renforce les populistes » en menant une politique « très déséquilibrée ». Une petite musique souvent entendue. Mais qui devient répétitive. Comment l’entendra Emmanuel Macron ? Il le dira sans doute aujourd'hui à Montpellier devant le 42e Congrès de la mutualité française.
 
 
 

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