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Et s'il y avait bien des crèches dans les lieux publics ?
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Et s'il y avait bien des crèches dans les lieux publics ?

RCF,  -  Modifié le 9 décembre 2019
En France, les crèches sont interdites dans les lieux publics, pourtant nous croisons des mères seules avec leurs enfants, beaucoup accouchent dans la rue, que faisons-nous de ces crèches ?


En ces temps d’Avent, je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe d’envie pour nos voisins italiens. Car là-bas, avant Noël, c’est un véritable festival de crèches : à la Poste, dans les banques, les crèches des éboueurs, celles des pâtissiers, des bouchers, les crèches des grands magasins, etc.…

Il n'y a pas une institution qui n’ait sa crèche, toutes plus belles les unes que les autres. Or, comme le soulignait le pape François dans un texte qu’il a rendu public lors d’un pèlerinage à Greccio, ce petit village où François d’Assise, dit-on, a inventé la première crèche, c’est une tradition qui a de la valeur. Car elle « nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés ».

Faire la crèche, dans les rues, les magasins, permet de comprendre que Noël, c’est bien ici, chez nous, et c’est pour nous, que cela se passe. En quelques mots, le mystère de l’incarnation.
Malheureusement, en France, laïcité oblige, nous n’avons pas le droit aux crèches dans les rues. Il y a bien les villages dits de Noël, mais sans crèches. Comme des sapins, mais sans les étoiles… Les crèches sont reléguées dans l’espace privé des maisons ou des églises.

Et si, pourtant, les crèches n’étaient pas si difficiles à trouver même à l’extérieur, dans nos quartiers et villes de France ? Nous avons appris, la semaine dernière, que, à Paris, une dizaine de jeunes mères sans abri et leurs enfants avaient été refoulés d’un hôpital où ils étaient venus chercher refuge. Que les maternités se disent aujourd’hui, dans les grandes villes, débordées par des femmes ayant accouché il y a peu et dormant dans leurs couloirs faute d’autres logements. Pire, que de plus en plus de bébé naissent dans la rue : 146 bébés sont déjà nés dans la rue cette année, là où ils étaient moins de 50 il y a deux ans…

C’est bien là une sorte de crèche. Sauf qu’elle n’est pas belle, que le bébé est bien morveux, la mère épuisée, que mère et enfant vivent dans la crasse et la puanteur de la rue. Une crèche qui ne donne guère envie de s’arrêter, d’admirer, de s’émouvoir. On a plutôt tendance à fuir, à feindre de ne pas voir ces mères avec leurs nouveau-nés, à même la rue, qui tendent la main. Cette crèche-là est un scandale. Elle dit toute la misère, toute l’exclusion, à quelques mètres, à peine de nos appartements chauds et si bien décorés. Elle nous parle de nos manques. Elle renverse nos perspectives, pour montrer les plus petits, les plus pauvres, les oubliés.

Cette crèche est terrible. Son message est violent. Elle est sans doute la plus vraie des crèches que nous avons devant nos yeux. Sauf que nous refusons de la voir.
 

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