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Et si la crise migratoire transformait les relations Nord-Sud
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Et si la crise migratoire transformait les relations Nord-Sud

RCF,  -  Modifié le 9 février 2018
Qui est en danger, les exilés ou nous ?
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Que de lieux en Europe où débarquent des femmes et des hommes violentés par la guerre et la misère. Venus jusque-là, ils ne désespèrent pourtant pas. Quelle énergie les habite pour ne point capituler, consentant à endurer de nouvelles souffrances sur leur chemin d’exil. Tout a été dit, et souvent bien dit, sur l’inacceptable de ces drames. Reconnaissons, sans culpabilisation destructrice, qu’il reste beaucoup à faire pour que les demandeurs d’asile ou réfugiés ne soient pas rejetés après avoir été jetés.
 
Comment rester étrangers au fait que les déplacés ne trouvent pas de place ; déjà condamnés à des situations insupportables, nous ne pouvons pas demeurer indifférents, citant, de façon d’ailleurs tronquée, la fameuse formule de Michel Rocard : « l'Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde » il ajoutait : « elle peut prendre sa part ».
 
Le sujet n’est pas d’accueillir la misère mais de lutter contre elle, de se battre contre l’inacceptable d’un malheur tragique qui n’est pas sans abimer notre civilisation. La protéger, c’est lui donner du sens, une des conditions pour sortir de la crise migratoire. Souvenons de ces mots de Primo Levi : « Toi, homme, tu as été capable de faire cela ; la civilisation que tu te vantes d’incarner n’est qu’un vernis, un habit ».
 
L’heure est justement de ne point se laisser habiter par une passivité mortifère. Assez de ces illusions qui banalisent le mal pour pouvoir dire plus facilement : « nous ne savions pas ».
 
Qui est en danger, eux ou nous ? L’assistance à personne en danger, de façon multi séculaire, évalue la conscience du degré de notre humanité. Les exilés quittent leur territoire pour se voir chassés, expulsés, laissant souvent derrière eux la mort des proches. Toute vie menacée doit être défendue. La tentation de garder notre tranquillité est une injustice et une blessure faites aux damnés de la terre.
 
Il ne s’agit pas de prendre les armes, mais de désarmer pour gagner la paix. Comment mieux le faire que d’entrer dans une attitude bienveillante et audacieuse aux fins d’imaginer une résistance créatrice de liens. Que de demandeurs d’asile le sont en raison d’une fracture abyssale entre les pays riches et les pays pauvres pillés deux fois par la corruption de trop de leurs dirigeants – mais les corrupteurs ont leur part de responsabilité -  et la spoliation de leurs richesses.
 
L’urgence est de faire cesser ces trafics et de mettre en œuvre une formation à l’attention des exilés pour les aider à devenir des bâtisseurs, via un engagement des Etats et des acteurs économiques, sociaux et culturels. A cet horizon, bien des jeunes participeraient dans le cadre d’un « Erasmus ». Lutter contre les passeurs qui font de la misère leur fonds de commerce s’impose. Un beau renversement est à opérer pour que ces migrants, abusés, deviennent les passeurs d’un monde plus équilibré. Considérés souvent comme une charge, ils seront une chance, notre chance, une victoire pour la paix, un rebond pour l’Europe et un souffle pour notre civilisation.
 
Les crises, toujours, sont des moments pour réfléchir et pour agir.
Ne nous laissons pas tromper par des voix qui plaident la protection en élevant des murs, alors que la seule sécurité qui se révèle noble et sure, est la justice. Un rêve ? Peut-être ; ne point le vivre, c’est assurément piétiner l’amitié entre les peuples.
 

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