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Face au coronavirus, une guerre: deux batailles
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Face au coronavirus, une guerre: deux batailles

RCF,  -  Modifié le 27 mars 2020
"Nous sommes en guerre", ce sont les mots d'Emmanuel Macron, mais de quelle guerre s'agit-il ? Comme dans tous les conflits, c'est avant tout une bataille personnelle qu'il nous faut mener.
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Il y a les drôles de guerres qui se terminent mal. Il y a les guerres qui commencent en dentelles et qui s’achèvent dans la boue. Il y a les guerres sales, toujours, et justes, dit-on. Il y a les guerres où l’on meurt à redouter que surgisse l’ennemi, il y aussi les guerres que l’on prépare avec fougue et qui finalement n’éclatent jamais.

Oui, des guerres il y en a de toutes sortes et l’histoire de l’homme en est scandée pour l’effroi des enfants, la griserie des jeunes gens et les silences des vieillards. Et puisque nous sommes désormais déclarés « en guerre », il pourrait être utile d’essayer de comprendre quel conflit est alors envisagé.

Il ne s’agit pas d’une opération militaire : un seul hôpital de campagne, aucun tir, point de bataille d’hommes. Il y a bien des stratèges mais ils ont tronqué la tenue camouflage pour la blouse immaculée. L’ennemi est désigné mais encore mal identifié : on semble en découvrir chaque jour un visage inattendu. Et le mot d’ordre est de mobiliser les citoyens pour qu’ils se replient chez eux, et n’en sortent plus.

Il n’y aura donc pas d’adieux émus sur les quais de gare, ni d’au-revoir touchants depuis l’embarcadère. Les cercueils et les sirènes d’ambulance attestent, seuls, de la violence du choc et donnent ainsi à ce que nous vivons l’odeur irrespirable qui est la marque de la guerre toujours et partout.
 
Guerre mondiale qui n’oppose plus des peuples, mais l’humanité à un virus. Avec, pour conséquence, ce confinement qui nous oblige tous, de l’Inde à la Californie, du sud de l’Afrique au nord de l’Europe à entrer chacun chez soi. Ce « chez soi » est d’importance car il est en fait le lieu où tout se joue pour demain.

Soit nous y campons comme des imbéciles, nous gorgeant d’images et de sons, refusant à toute force cette grâce de solitude que nous ne souhaitions pas mais qui s’impose à nous. Et alors nous scellons notre sort qui nous fera revenir plus cupides, plus égoïstes, en un mot plus écervelés qu’avant dans une société ruinée où l’argent nous asservira davantage. Soit nous prenons ce temps pour y cultiver ce que nous n’avons jamais eu jusque-là l’occasion d’essayer d’être, en découvrant l’épaisseur du présent, en goûtant pleinement ce « maintenant », et alors, nous ressortirons renouvelés, plus solides, plus vrais, plus humains.

On peut refuser ce voyage essentiel, cette expérience inouïe et se soulager dans l’alcool, la drogue ou que sais-je ? C’est accepter d’être demain l’esclave d’un monde qui retrouvera très vite ses fumées et ses pompes asphyxiantes.

On peut saisir l’occasion de tisser entre proches des liens plus intimes où la promiscuité forcée impose une plus grande vérité et ouvre aussi à la vraie Charité, et de toute manière, tisser avec soi-même une relation plus familière et plus sincère aussi.

Dans cette guerre qui s’engage, il y a la première bataille que livrent les spécialistes pour sauver les victimes et détruire ce qui les blesse ou les tue. De celle-là nous devons être spectateurs actifs et prendre nos responsabilités pour que ceux qui sont en première ligne ne luttent pas en vain.

Mais il y a la seconde bataille, celle de notre solitude imposée, où chacun nous sommes pleinement engagés et dont le monde de demain sera le résultat : soit par notre lâcheté collective en redevenant ce qu’il était, soit par notre courage, en laissant davantage scintiller la splendeur de la Jérusalem céleste.

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