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Hyper-communication: "on crève sous la vitesse et l'interactivité" pour Dominique Wolton
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Hyper-communication: "on crève sous la vitesse et l'interactivité" pour Dominique Wolton

RCF,  -  Modifié le 6 juillet 2018
A l'occasion de la dernière Matinale de l'année, Stéphanie Gallet retrouve l'un de ses premiers invités, le sociologue Dominique Wolton.
Jean-Sébastien Evrard Jean-Sébastien Evrard

La lecture critique de la société du pape François

Dominique Wolton fut l’un des premiers invités de la Matinale RCF. Neuf mois auparavant, il publiait une série d’entretiens avec le pape François. "C’est une rencontre invraisemblable. J’avais envoyé un projet de livre clair, simple, les relations de l’Eglise avec la politique. Le plan du livre lui a plu. Et la rencontre humaine a fait le reste. C’est un livre qui lui permet d’exprimer dans un dialogue avec un agnostique scientifique une liberté de ton qui je pense est très utile dans le monde contemporain" explique Dominique Wolton, sociologue, spécialiste de la communication, fondateur de la revue Hermes, directeur de recherche au CNRS.

Pour Dominique Wolton, le pape François est le premier pape de la mondialisation. Partout où il passe il est compris. "Il parle de manière laïque. Tout le monde le comprend. Avec un discours assez politisé. Il distingue les riches, les pauvres, les dominants, les dominés. Son engagement dans la politique vient d’abord de l’Evangile. Il a une lecture critique de la société, par l’Evangile. Il appartient à cette tradition" ajoute-t-il.

Pour le sociologue, deux choses sont fondamentales dans les prises de parole du pape François, sur de nombreux sujets. "La première, c’est sa position sur l’immigration. Il ne lâche pas sur l’immigration. Il ne lâchera jamais. C’est un message fondamental car le monde se referme sur lui-même. La seconde, c’est la critique de la finance mondiale. La finance a mangé l’économie, et l’économie a mangé la politique. Lui, il dit qu’il faut remettre les choses à leur place. Ce n’est pas un discours politique, mais un discours humaniste" lance encore Dominique Wolton.
 

"Il faut que les hommes politiques arrêtent de faire de la communication"

Revenant sur la visite d’Emmanuel Macron au Vatican, Dominique Wolton affirme que le chef de l’Etat n’a pas fait de "com". "C’est tout à fait normal qu’un chef d’Etat aille au Vatican. Je ne trouve pas ça extraordinaire. Chacun a parlé de son point de vue, et de ce point de vue, c’était un dialogue assez authentique. Tous les commentaires sont dérisoires. La politique ne se réduit pas à ça. Ce sont deux personnalités honnêtes, pas forcément d’accord, qui ont échangé honnêtement sur la situation de l’Europe et du monde" précise le sociologue.

On dit d’Emmanuel Macron qu’il est un as de la communication. Dominique Wolton veut nuancer ce genre d’affirmation. "Ce que je lui dis à lui, et que j’ai dit à tous les hommes politiques mais ils n’écoutent jamais, c’est que le capital médiatique s’use et ne se renouvelle pas. Plus on communique, plus on est présent, plus au bout d’un moment il y a une fatigue, un rejet irréparable. Il n’y a pas un jour où on n’entend pas parler de lui au moins trois fois. Il faut que les hommes politiques arrêtent de faire de la communication. Je le dis depuis trente ans" martèle-t-il.
 

Pour un ralentissement de la communication

Le sociologue plaide de manière générale, qu’il s’agisse de la politique, de la communication, des médias, et de la société, pour un ralentissement. Le comble de cette tendance, qui tend à la folie, pour Dominique Wolton, c’est Donald Trump. "On ne gouverne pas la première puissance du monde par des tweets. C’est du n’importe quoi. C’est une fausse égalité. On n’a pas besoin d’être suspendu aux états d’âme d’un président quel qu’il soit. C’est la perversité maximale. Ce n’est pas de la démocratie".

"On crève sous la vitesse, sous la pression, et sous l’interactivité. Ni vous ni moi ne pouvons vivre. Et si je prends pour exemple la Création, je dis que cette Création a besoin de temps" conclut le communicant qui laisse là un précieux conseil pour les vacances d’été : place à la déconnexion !

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