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"La communion" un film âpre et lumineux
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"La communion" un film âpre et lumineux

RCF,  -  Modifié le 5 mars 2020
Valérie de Marnhac présente "La Communion" de Jan Komasa qui représentait la Pologne à la dernière cérémonie des Oscars, sous le titre original de "Corpus Christi".

Le film est passé un peu inaperçu face au raz de marée du coréen « Parasite » qui a tout raflé, dont la statuette de meilleur film étranger. Mais c’est quand même à noter qu’un film polonais sur un jeune attiré par la prêtrise, se retrouve en finale dans cette catégorie.

Alors c’est un film fort et rude, vous l’avez dit, qui soulève bien des questions sur la foi, la religion et ses rapports avec la société. Il se déroule dans une Pologne reculée, au cœur d’un village figé dans ses traditions, empêtré dans ses petits arrangements avec le pouvoir local et déchiré par un drame que l’on découvre peu à peu.

Arrive Daniel, un jeune détenu en réinsertion qui doit intégrer la menuiserie locale. A cause de son passé judiciaire, il a renoncé au séminaire auquel il aspirait. Et finalement, sans que l’on connaisse vraiment le fond de ses intentions, il va se faire passer pour un jeune prêtre auprès de la petite communauté.

Le mensonge premier crée une sorte de tension et de malaise dont le scénario joue habilement, en nous réservant un suspense tout au long du film. Mais il nous donne aussi accès à quelque chose de beaucoup plus grand et de plus profond.

Daniel est sans cesse travaillé par ses aspirations spirituelles et par ses pulsions humaines. Et le jeune acteur qui l’incarne est absolument sidérant d’expressivité. Son visage et son regard passent de la dureté du jeune délinquant un peu paumé qu’il est au début, à la douceur et à l’intériorité. Et il est par moments presque transfiguré par la lumière.
Ses prêches en chaire ont parait-il été improvisés et il semble véritablement porté par un souffle qui le dépasse.

Oui bien sûr, on ne peut évidemment que remettre en question la dimension sacramentelle de la messe qu’il célèbre, ou de la confession qu’il donne à plusieurs reprises. Mais cela renvoie à une autre question posée par le film : où est le lieu de la rencontre véritable avec Dieu ?  Est-ce dans le culte et les rites ou dans nos vies et nos souffrances ?
Dans le film, Daniel parle aux paroissiens avec son cœur. Par ses mots il leur révèle le fond de leurs âmes, et il les emmène sur un chemin de rédemption qui passe par le pardon et par la croix.
 
Le film a connu un très large succès en Pologne : 1,8 million de spectateurs, ce qui en fait un succès populaire dans un pays où la religion est encore très présente.

En France, le film est interdit au moins de 12 ans ; ce qui est justifié par la violence et la crudité de certaines scènes. Mais c’est avant tout un film intelligent, pertinent et qui interroge autant les croyants que les non-croyants.
 

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