Grimper à un arbre est un exercice difficile. Mais en descendre l’est encore plus. Les enfants élevés à la campagne le savent. Même les chats, habitués à retomber sur leurs pattes, l’apprennent à leur dépens. Eh bien, je pense que le déconfinement du 11 mai s’annonce encore plus compliqué pour chacun que le confinement. Se confiner, en réponse à l’injonction centralisatrice de l’Exécutif, n’avait nécessité pour chacun qu’une ou deux décisions rapides : pour ceux qui avaient le choix, rester ou partir ; pour les esprits rebelles, se soumettre pour une fois ou désobéir. Le civisme incitait à respecter la règle imposée à tous, quitte à la contourner au cas par cas, pour éviter ses excès. Et les Français se sont montrés à la fois créatifs et disciplinés. C’était dur, mais simple. Le chef suprême avait décidé pour tous, assumant la part d’arbitraire inhérente à toute décision sans nuance, qui ignore les particularités. En prenant cette responsabilité, il nous a, certes, dépossédé de la nôtre. Quelques élus locaux ont adapté la règle en y ajoutant la contrainte du couvre-feu. Mais pour le reste toute idée de subsidiarité s’est effacée devant la gravité.
Reconnaissons qu’obéir sans réfléchir est confortable. Le confinement m’a personnellement facilité la tâche. Il n’y avait plus hésiter quant aux mesures à prendre. Tout était annulé (réunions, conférences, déplacements). Ce n’était plus de ma responsabilité. Plus besoin d’argumenter, de se justifier. Confinés, les Français peuvent tout à loisir critiquer le gouvernement, et ses tergiversations. Et j’ai moi-même contesté qu’il manipule le peuple en lui faisant croire, sous la pression de la pénurie des masques de protection, qu’ils étaient inutiles.Mais voilà que tout a une fin, avec un nouveau mot : déconfinement. Et, là aussi, déconfinement généralisé. Après maints tâtonnements, le président a tranché. Alors que les situations régionales sont contrastées, toute les régions seront déconfinées ensemble. Et les personnes âgées comme les autres classes d’âge. L’Elysée a indiqué que le président de la République « ne souhaite pas de discrimination entre les concitoyens après le 11 mai » et « en appellera à la responsabilité individuelle ». Nous voilà livrés à notre libre arbitre ! Il va falloir à nouveau décider, certes avec quelques contraintes légales, pour nos sorties, la scolarisation des enfants, la protection des personnes âgées, les réunions professionnelles, les évènements familiaux, spirituels.
Descendre de l’arbre est un vrai casse-tête !
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