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Le mur

RCF, le 28 janvier 2018  -  Modifié le 28 janvier 2018

Aujourd'hui on parle d'une photo qui a pile trente ans ... une photo qui incarne aujourd'hui encore la chute du mur de berlin

©Unsplash ©Unsplash

C’est une photo en noir et blanc. Un jeune homme est assis à califourchon sur un mur couvert de graffitis. Le mur traverse l’image dans une diagonale montante de la gauche vers la droite, cela donne à la scène une dynamique positive. Comme le garçon a la bouche grande ouverte, nous croyons presque entendre le cri qu’il pousse. Cheveux en crête, blouson en cuir : le garçon possède la panoplie du rebelle des années 80. Un  détail attire tout de même notre attention : il porte aussi des gants de protection pour travaux. Ca peut sembler bizarre. Mais nous sommes en 1989, le 11 novembre. Le mur qui séparait Berlin en deux vient de tomber. Et lui s’est équipé. Il est venu ici participer à la destruction de cet amas de béton.
 
Il s’appelle Armin Strauch. C’est un Berlinois de l’Ouest. « Avec un copain, raconte-t-il, nous voulions arracher un bout du mur, mais les flics ont confisqué notre marteau. Alors, mon pote m’a fait la courte échelle et je jubilais à l’idée de faire quelque chose qui la veille encore, était mortel ! De là-haut, j’ai aperçu les Vopos (le surnom donné à la police de l’est) les Vopos qui m’ordonnaient de descendre car le mur était la propriété de la RDA ! C’est là que j’ai crié “Révolution !”. »
 
Le jeune homme a poussé un premier cri, et ça a attiré l’attention de Raymond Depardon, le photographe français qui était arrivé deux jours avant… Il a attrapé son Leica et il s’est mis à mitrailler. Le garçon s’est remis à crier. Raymond Depardon comprend qu’il tient alors une belle photo. Il explique : « La puissance de l’image est due au cri de ce rebelle. C’est à la fois un cri de liberté, de colère et de joie. J’aime bien cette photo, car elle me ressemble : je suis un solitaire et je n’ai jamais su photographier la foule. Ici, j’ai réussi à isoler une personne qui symbolise la multitude qui l’entoure ».

Une image devenue rapidement célèbre

C’est une photo qui symbolise la liberté : le jeune homme en a le look, la jeunesse, la posture, le cri. Ce qu’il réalise peut sembler une transgression bien mince – chevaucher un mur –, mais c’est un acte qui conduisait quelques jours auparavant à une mort certaine. Mais à Berlin, cette photo n’a pas le même écho qu’ici. Elle ne fait pas partie des photos iconiques de l’évènement.
 
Je crois que les Allemands lui ont surtout préféré des photos de foule. Comme s’il leur était difficile de résumer un tel traumatisme en un seul visage. Ils préfèrent voir la multitude d’Allemands de l’est qui sont venus se presser dès le 9 novembre au soir à la frontière, les soldats qui marchent sur un pan de mur qui bascule, les voitures qui passent par les premières brèches. Impossible pour eux de résumer toute cette joie, tout cet espoir, en une seule silhouette. Aussi photogénique soit-elle.

 

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