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Les malheurs de Boeing
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Les malheurs de Boeing

RCF,  -  Modifié le 30 janvier 2020
Boeing a enregistré l’an dernier sa première perte annuelle depuis 22 ans…
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2019 est seulement le quatrième exercice déficitaire en 104 ans d'histoire du constructeur aéronautique américain. Il s’explique par les déboires de son modèle phare, le 737 Max, cloué au sol depuis le 13 mars après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts. Toute la flotte - 800 appareils environ en tout - est clouée au sol depuis mars dernier et le restera pendant encore des mois. 

Après avoir enregistré près de 100 annulations de commandes de plus que de commandes nouvelles et divisé par deux ses livraisons, Boeing a perdu sa couronne de premier avionneur civil mondial au profit de son rival européen Airbus.

La facture s'élève à près de 20 milliards de dollars, dont la moitié pour indemniser les compagnies aériennes contraintes d'annuler des dizaines de milliers de vols. Et comme Boeing a repoussé la remise en service du 737 Max au moins jusqu’à la mi-2020, les pertes s’accumulent : 1,5 milliards de dollars chaque mois.

Qu’est ce qui explique ce fiasco ?

Par la volonté de rattraper coûte que coûte l’avance prise par le grand concurrent européen, l'A320 Neo d'Airbus, sur le marché stratégique des moyen-courriers. L’Américain a brûlé les étapes pour décrocher au plus vite la certification de la FAA, l’administration fédérale de l’aviation.

Cette dernière n’a pas non plus brillé par sa rigueur : elle a d'ailleurs largement sous-traité la certification aux ingénieurs et pilotes de Boeing… Et après le premier crash, elle n'a pas jugé nécessaire d'interdire le 737 Max de vol, bien qu'elle avait conclu à un risque d'accident fatal tous les deux ou trois ans.

Boeing n’ignorait rien des risques de ce modèle. Dans des courriels internes, un employé écrit que l'avion a été « conçu par des clowns, supervisés par des singes». Un autre dit qu'il n'y ferait pas voyager sa famille…

Ces déboires suscitent la colère de Donald Trump…

Le président américain en campagne pour sa réélection en novembre prochain sur le thème «Make America great again » a reconnu la semaine dernière que Boeing était, je cite, « une grande, grande déception ».

Il est vrai qu’avec ses 130 000 salariés, le constructeur est l’un des plus grands exportateurs du pays. Premier fournisseur de l’armée, il est au cœur du complexe militaro-industriel. Selon certains analystes, ses difficultés pourraient représenter un manque à gagner de 0,5 point de croissance. Des dizaines de milliers d’emplois sont menacés aux Etats-Unis, mais aussi en France, où Boeing fait travailler environ 30 000 personnes, de façon directe ou indirecte.

Airbus va-t-il en tirer parti ?

Pas en termes de production, en tout cas. Car l’avionneur européen ne peut pas produire plus. Le carnet de commandes des A320 est tellement fourni qu'une compagnie qui passe commande aujourd'hui devra patienter jusqu'en 2024 avant de recevoir les premiers exemplaires.
*

Reste que l’Européen voit son horizon s’éclaircir : totalement concentrée sur le retour sur les tarmacs du 737 Max, la direction de Boeing a discrètement reporté – certains disent enterré – son projet de 797, un modèle de milieu de gamme conçu pour répondre au succès retentissant de l'Airbus A321.

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