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RCF ​Panama sur un isthme
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​Panama sur un isthme

RCF,  -  Modifié le 18 janvier 2019
Chaque jour Jean Pruvost analyse un mot.
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Panama, c’est bien sûr un pays, mais c’est aussi un nom commun, et c’est là où consulter le Petit Larousse est plaisant puisque c’est avant les pages roses un nom masculin ainsi défini, « chapeau souple tressé avec la feuille d’un arbuste d’Amérique centrale » et après les pages roses, bien sûr un  pays d’Amérique centrale. À nous de faire le lien !

Eh bien on peut tout de suite dire que c’est en 1842 que le mot panama est attesté en français, en tant que chapeau de paille à la mode, de même forme que celui porté par les Panaméens, ce couvre-chef étant tressé avec de minces lanières découpées dans la feuille d’un latanier, le latanier, rappelons-le est un type de palmier d’Amérique centrale. Mais il y aura aussi d’autres sens aujourd’hui en partie disparus du mot panama, sans majuscule. Mais commençons par le Panama, avec une majuscule, désignant donc cet état d’Amérique centrale de près de trois millions et demi d’habitants, avec pour capitale Panama et connu du monde entier pour son canal reliant l’Atlantique au Pacifique. En fait, colonisé dès 1510 par l’Espagne, le Panama reste fort connu pour ce canal interocéanique commencé par Ferdinand de Lesseps en 1881, mais qui n’aboutit pas faute de capitaux suffisant. Ce sont ensuite les États-Unis qui se faisant concéder une zone de dix miles allant d’un océan à l’autre l’achèveront en 1914. Et il faudra attendre décembre 1999 pour que les États-Unis restituent définitivement au Panama la zone du canal. Revenons maintenant à ce chapeau très souple et très à la mode dès 1842. Par extension, on appela aussi panama, la matière, le tissu servant à confectionner lesdits chapeaux, et on a pu évoquer les chapeaux en faux panama. Mais il y a eu aussi un sens particulier qui est passé dans l’argot.

Nos dictionnaires ont de fait enregistré la formule scandale de Panama, qui a éclaté au moment de son financement, à partir d’une affaire de corruption liée au percement du canal, en ruinant une centaine de milliers d’épargnants. Et par extension, en argot, on appelé panama tout scandale. Dans un roman policier de 1928, Ceux du trimard, je lis par exemple ceci,  « elle vit le singe faire un panama du tonnerre de dieu… » Bon aujourd’hui, ce sens a disparu mais il est bon que nos dictionnaires l’aient relevé pour décrypter cet usage du mot dans la littérature. On évoque aussi l’isthme du Panama, du grec isthmos, passage étroit, et donc langue de terre resserrée entre deux mers. Comment s’appelle d’ailleurs l’hymne national du Panama ? L’Hymne de l’isthme ! 50 km, dans sa plus petite largeur. On comprend qu’un canal s’imposait pour éviter des milliers de km à parcourir pour passer d’un océan à l’autre. Bon, où est mon panama, Stéphanie ? Je voudrais éviter les coups de soleil !
 

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