Avec un éclairage artificiel de plus en plus présent, il devient très difficile aujourd’hui de regarder la nuit. Une cause pour laquelle milite Samuel Challéat. Ce géographe, amoureux des étoiles et de la nuit noire, militant du droit à l’obscurité, se bat pour un retour à l’obscurité, la vraie. Un combat qu’il décrit dans un ouvrage publié aux éditions Premier Parallèle, "Sauver la nuit".
"C’est une problématique relativement récente et les astronomes sont devenus de véritables lanceurs d’alerte. Le fait que la lumière artificielle perturbe l’observation du ciel étoilé, perturbe le vivant, et perturbe notre santé, est quelque chose qui dans le débat public arrive relativement récemment, depuis une dizaine d’années" explique-t-il au micro de RCF.
Aujourd’hui, si un amoureux des étoiles veut observer le ciel, il doit prendre sa voiture. Un paradoxe pour ces gens qui ont à cœur la question écologique. "Les astronomes ont trouvé une formule marrante en disant que leur premier instrument d’observation n’est plus un télescope, mais la voiture, pour s’extraire des lumières de la ville" ajoute Samuel Challéat.
Ce dernier lance aujourd’hui un vrai cri d’alarme. "Dans les villes, on a perdu l’accès au ciel étoilé. Il y a 60% de la population européenne qui n’a plus accès visuellement à la voie lactée. Par contre dans les villages, parfois, on garde un accès au ciel étoilé. Mais pour observer le ciel étoilé, il faut véritablement se rendre dans les zones de faible densité : dans le Massif central, dans le Morvan etc" explique-t-il.
Difficile de trouver un responsable à ce problème, tant nous sommes tous pris dans nos contradictions. "On aime que la ville soit mise en valeur par la lumière, on aime que nos déplacements soient sécurisés, on aime que la sécurité publique soit assurée et la lumière y participe plus ou moins directement" lance le géographe, qui précise qu’il n’y a pas de définition précise de la pollution lumineuse.
Face à cet état de fait, Samuel Challéat précise que nous avons besoin de cette nuit. "Le vivant a des besoins d’obscurité, des besoins socio-culturels, sanitaires, écologiques. À partir du moment où on perturbe l’alternance naturelle du jour et de la nuit par de l’éclairage artificiel, on est dans la pollution lumineuse, qui se mesure de plein de façons différentes" précise-t-il, rappelant que la pollution lumineuse augmente ces dernières années de 10% par an.
Pour conclure, le géographe se défend d’être un extrémiste en la matière. "On ne peut pas totalement se passer de l’éclairage artificiel. Il faut repenser la balance en général entre nos besoins de lumière d’un côté et nos besoins d’obscurité. Jusqu’à présent, on ne connaissait pas les besoins d’obscurité. Maintenant qu’on les connaît, il faut faire un ajustement" conclut-il.
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