Quelle définition pour "jeunesse" ?

Voilà un mot que nous avons déjà évoqué, mais il est si vaste qu’il méritait qu’on y revienne et notamment en l’auréolant de citations éclairant ce mot magnifique. On se souvient qu’il est tiré du latin tardif jovenus, signifiant jeune et qu’il n’a pas vraiment changé de sens, en rappelant cependant que l’idée de "jeunesse" a toujours été variable dans le temps.

Évidemment, je n’ai plus l’âge du Cid à qui Corneille prêta cette tirade restée célèbre : "Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années". Dois-je l’avouer, quand vous avez de beaux projets et qu’on vous dit que c’est très bien mais que vous êtes un peu jeune pour l’emploi, c’est horripilant. De manière générale, jadis, on n’hésitait beaucoup moins à proposer à des jeunes des responsabilités qu’aujourd’hui on refuse en prolongeant jusqu’à plus soif des stages dits indispensable au sacro-saint CV. J’aime assez dans cet esprit, la formule de Voltaire, dans le Prince de Babylone : "Son extrême jeunesse donne un nouveau prix à tous ses talents".

Quant à La Rochefoucauld, l’éternel pessimiste des maximes, il a cependant ce bon mot: "La jeunesse est une ivresse continuelle : c’est la fièvre de la santé ; c’est la folie de la raison". Cette folie raisonnable est souvent utile pour les projets. Il est d’ailleurs bon rappelle Léautaud en 1929 dans Passe-temps, que la jeunesse soit joyeuse "Être grave dans sa jeunesse, cela se paie, souvent par une nouvelle jeunesse dans l’âge mûr" affirmait-il Et à Vigny, dans Cinq-Mars, en 1826 d’avoir cette formule : "Qu’est-ce qu’une grande vie sinon une pensée de la jeunesse exécutée par l’âge mûr".

Enfin, pour celles et ceux qui aiment la forêt, il y a une citation de Maurice de Guérin que j’affectionne. Né en 1810, il mourut à 29 ans. Mais Sainte-Beuve, Mauriac, Marguerite Yourcenar, le plaçaient parmi les grands poètes, avec notamment Le Centaure, d’où je tire une belle citation. "La jeunesse est semblable aux forêts verdoyantes tourmentées par les vents ; elle agite de tous côtés les riches présents de la vie, et toujours quelque profond murmure règne dans son feuillage". Eh bien voilà, revenons aux chênes, jeunes à 60 ans, tout en écoutant ce profond murmure.