Simone Veil, une sainte colère
Le cauchemar du XXe siècle que fut l’enfer nazi accompagna Simone Veil sa vie durant. Il doit continuer de nous hanter car c'est la dette que nous devons à ceux qui ne sont jamais rentrés et aux rescapés. Un devoir qui nous incombe encore et toujours afin de comprendre ce dont l'homme est capable, du pire, de l'industrie de la mort, par millions. Comprendre aussi pourquoi il n'en est pas guéri, au regard de tous les crimes du XXe siècle et de notre XXIe siècle naissant.
Toute sa vie, une obsession poursuivit Simone Veil, l’éternelle rebelle : plus jamais ça. La force d’une colère qui ne cessera jamais sa vie durant et qui s’enracine dans la mort d’Yvonne sa tendre mère, vaincue par le typhus, quelques jours avant la libération du camp. Alors aujourd’hui c’est à nous tous que revient d’assumer l'ardente obligation du "plus jamais ça".
Il faut se rappeler que seules des voix juives s'étaient élevées durant les années 30, tel le philosophe Edmund Husserl, pressentant l'indicible. Mais l’antisémitisme virulent de l’époque rendait ses voix inaudibles. Après guerre enfin, ces grandes consciences juives ont été rejointes par d'autres, européennes, notamment celles de Jean Monnet, Robert Schuman, Jorge Semprun, Jacques Delors... Et aujourd’hui ?
Le "plus jamais ça" de Simone Veil, cette immense Dame qui honore l'humanité et qui rend notre pays meilleur mais aussi plus redevable que les autres, doit être comme un glaive à deux tranchants qui juge de notre éthique et de notre agir. "Sa vie, ses engagements, son courage, sa digniteÌ, suffisent aÌ impulser force, ideÌes, espoir. Ils forment une injonction aÌ poursuivre ses combats et rester vigilants. Ne jamais rien laÌcher. Le souvenir de la Shoah, l’espeÌrance europeÌenne, l’eÌmancipation des femmes, l’aide aux perseÌcuteÌs… Jusqu’au bout, elle a fait tout ce qu’elle a pu pour teÌmoigner, baÌtir des ponts, proÌner des solidariteÌs et œuvrer pour la paix. FideÌle aÌ son histoire, aÌ elle-meÌme et aux siens." (Annick Cojean, citée dans un article du journal Le Monde du dimanche 1er juillet 2018.)
Plus jamais la barbarie : nous lui devons ce combat. Sommes-nous décidés à assumer cet héritage qu’elle nous laisse et à nous en montrer dignes ?
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