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Sophie, du collectif Les Morts de la rue : "La galère n'est pas définitive"
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Sophie, du collectif Les Morts de la rue : "La galère n'est pas définitive"

RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023

Pendant 20 ans, Sophie a connu la pauvreté, l’exclusion et l’absence de logement. Elle est aujourd’hui engagée au sein du collectif des Morts de la rue, qui organise chaque année une cérémonie pour toutes ces personnes invisibles qui terminent leur vie à nos pieds.

Morts de la rue Morts de la rue

Pendant 20 ans, Sophie a connu la pauvreté, l’exclusion et l’absence de logement. Elle est aujourd’hui engagée au sein du collectif des Morts de la rue, qui organise chaque année une cérémonie pour toutes ces personnes invisibles qui terminent leur vie à nos pieds. En 2019, le collectif avait dénombré 566 personnes mortes à la rue. Pour Sophie, ce chiffre concerne "les personnes décédées que l’on connaît" : "Il est à multiplier par cinq ou par six en réalité" s’insurge-t-elle.

 

"À Paris on ne meurt pas de faim"

 

"Je me suis retrouvée dehors quand j’avais 21 ans", raconte Sophie. "J’ai grandi à la campagne mais je suis revenue à Paris pour retrouver ma famille. Cela s’est mal passé. Au bout de neuf mois ma mère m’a mis dehors. Je me suis retrouvé au 115 un 24 décembre," ajoute Sophie.

 

Quand on n’a pas de toit, on occupe ses journées à faire la manche. "Je faisais la manche pour gagner de l’argent. Mais à Paris on ne meurt pas de faim. Il ne faut pas dire qu’à Paris on meurt de faim, c’est faux. Il y a tout ce qu’il faut pour manger. Il suffit juste d’avoir le courage de se bouger un peu, et d’y aller" précise celle qui a passé 20 ans de sa vie dehors. Mais bien qu’on ne meure pas de faim, on meurt tout de même, dans la rue. "On meurt d’un tout. C’est le froid, la fatigue, la malnutrition, la maladie" lance encore Sophie.

 

Sophie le confirme, il est plus difficile de survivre à la rue quand on est une femme. "En comptant Montrouge, Sainte-Anne et Pereire qui étaient des hébergements pour femmes, il n’y a que 80 places." Un jour, Sophie a rencontré Martine Aubry, quand elle était ministre de la Solidarité : "Je lui avais posé la question : comment se fait-il qu’il y ait de moins en moins de structures et tant de gens dehors ? Elle m’a répondu textuellement : Je n’y peux rien !" Pourtant, Sophie en est convaincue, "il y a les moyens". 

 

Sauvée par une rencontre

 

Sophie vit en résidence sociale. "C’est la passerelle entre la rue et le logement définitif. J’ai ma chambre, ma salle de bain, mon coin cuisine, mes clés. Cela n’a pas toujours été facile mais la galère n’est pas définitive !" Si elle a réussi à sortir de la galère, c'est grâce à une rencontre. "J’ai rencontré une assistante sociale qui était géniale. C’est quelqu’un qui a beaucoup fait pour moi. J’ai pas toujours été cool avec elle, mais c’est elle qui m’a fait accepter pas mal de choses. Comme de monter un dossier pour personne adulte handicapée, chose que je ne voulais pas reconnaître", explique Sophie, le sourire aux lèvres. 

 

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