26 septembre 2024
Bien vieillir c'est rajeunir
Dans cette chronique, à la suite de jean Sullivan et du penseur Carl Gustav Jung, Hilaire Bodin affirme que bien vieillir, c’est se libérer des préjugés inculqués dans l’enfance.
Je vous donne la clef du rajeunissement, contenu dans ce texte lumineux que je vous cite : « On nous a mis dans la tête que le but de notre vie c’est de réussir en occupant des fonctions, en gagnant beaucoup d’argent, en acquérant du prestige. Quelle puérilité !
Ce n’est pas vrai : le but de la vie, c’est de rajeunir.
Chaque homme naît vieux, emmailloté dans des mots, des préjugés qu’on lui inculque.
Devenir jeune, c’est se libérer des entraves de la peur, ne plus céder aux pesanteurs sociales, devenir joyeux, même avec des cicatrices. La vie éternelle est faite pour être inaugurée ici.
L’évangile est une invitation à quitter les conventions, l’évangile est appel au réveil.
Le plus grand service que nous pouvons rendre à la société, ce n’est pas de réussir, d’acquérir de la considération, c’est de devenir libre et joyeux.
Toute la nature en qui vous êtes immergé, vous rappelle que vous n’êtes qu’un passant sans demeure éternelle « ici » que rien donc ne doit être pris au tragique, que l’essentiel est de survivre, c’est-à-dire de faire exister ce qui est immortel en vous ».
Voilà l’élixir de jouvence que préconisait Jean Sullivan : prêtre breton, mort en 1980 . Franchement, c’est une vision géniale de la vieillesse !
C’est superbe ce qu’il dit, mais il prêche pour sa paroisse…en tant que prêtre. Ça ne va pas parler à ceux qui ne croient pas à la vie éternelle.
Je suis d’accord, mais, il n’est pas seul à dire que nous naissons vieux et que l’enfance la jeunesse et la vie adultes sont emmaillotés dans des préjugés qui les plombent. Carl Gustav Jung était un psychiatre autrichien contemporain de Freud, Il affirmait que vieillir c’est devenir libre. Plus précisément, il disait : les enfants se construisent en imitant leurs parents. Le jeune adulte choisi un métier et une vie de famille compatible avec ses origines familiales, puis entre 35 et 50 ans il va éprouver le désir d’être enfin lui-même. Cette crise du milieu de vie peut entrainer une dépression, un désir de changer de métier, de divorcer ou simplement une libération des préjugés infantiles, soit une métamorphose de son rapport à lui-même et aux autres.
Ca me rappelle, Jacques, qui me téléphonait un soir de juillet, il y a quelques années, il me disait- : « Je viens de démissionner de mon métier de contrôleur des impôts, J’ai toujours rêvé de m’exprimer artistiquement par la peinture. Je vais galérer matériellement, mais je vais respirer, vivre libre et être enfin moi-même ».
Devenir soi, voilà le sens de cette crise. « C’est comme si un fleuve après s’être perdu dans les bras secondaires marécageux, découvrait à nouveau son lit ordinaire » explique métaphoriquement Jung.
Vous pensez que nous sommes tous confrontés à la crise du milieu de vie ?
Je ne sais pas, mais observez autour de vous ceux qui passent par une période difficile entre 35 et 50 ans. Vous réaliserez que cette métamorphose est heureusement fréquente. Il est souhaitable que nous franchissions cette étape que Jung appelle l’étape de l’individuation où l’être humain devient, enfin, lui-même.
La belle vieillesse, la libre vieillesse, permet de franchir l’étape de la retraite avec aisance car ceux qui ont vécu la crise du milieu de vie, sont libérés des pesanteurs sociales, libérés des fonctions et des titres. Libres, nous abordons cette nouvelle étape, empli de foi en nous-même et dans la vie. Nous disposons de 20 à 40 ans pour nous accomplir pleinement. C’est une période fantastique de liberté intérieure. Ne ratons pas ces années pour cheminer vers nous-même
Droits image: Bien vieillir, c'est rajeunir © iStock