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RCF Daniel Duigou, idées pour réformer l'Église
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Daniel Duigou, idées pour réformer l'Église

RCF,  -  Modifié le 8 août 2018
Donner plus de place au laïcs, redéfinir la figure du prêtre... Le P. Daniel Duigou formule ses propositions pour réformer l'Église et mieux faire entendre son message au service de l'homme.
éditions Presses de la Renaissance - Couverture du livre "Lettre ouverte d'un curé au pape François" éditions Presses de la Renaissance - Couverture du livre "Lettre ouverte d'un curé au pape François"

Une rencontre avec le pape François, "on n'en ressort par indemne", dit Daniel Duigou. "C'est au cœur même du 'système' (entre guillemets) que vous rencontrez un homme libre, un homme extrordinairement libre, sans aucun protocole." C'était en septembre 2015, Le Père Duigou "n'avait absolument pas prévu ça" : une discussion à bâtons rompus de 45 minutes avec le chef de l'Église catholique. Il avait déjà rencontré Jean Paul II, "mais c'était à l'époque où il vivait dans le palais tandis que là c'est beaucoup plus simple". Et cela n'est pas un détail pour lui : "Quelle espérance pour l'Église, un homme qui a franchi toutes les étapes du 'système' et qui est capable de s'affranchir d'un certain nombre de choses pour avoir une parole libre !" Un peu moins de trois ans après, alors que le pape fête ses cinq ans de pontificat, le P. Daniel Duigou prolonge cet entretien d'une "Lettre ouverte d'un curé au pape François" (éd. Presses de la Renaissance).
 

"Qu'est-ce que le sacré aujourd'hui ? Ce n'est pas l'église, le bâtiment, les prières, etc. C'est l'homme, l'avenir de l'homme"

 

PAPE FRANÇOIS, CINQ ANS DE PONTIFICAT - RCF propose à ses auditeurs de relire ces cinq années avec des observateurs privilégiés, mais aussi avec des catholiques qui témoignent de la manière dont ce pape vient les éclairer, les bousculer, les déranger parfois.
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La nécessité de Réformer l'Église

Il y a cinq ans, le 13 mars 2013, le cardinal Jorge Mario Bergoglio était élu pape. Daniel Duigou se souvient : "On attendait fébrilement qu'il apparaisse au balcon." D'autant plus fébrilement que la renonciation de Benoît XVI, qui décidait d'abandonner parce que trop fatigué, "montrait à quel point la tâche était difficile". Benoît XVI "avait estimé - et quel courage ! - que lui n'en avait plus les capacités et qu'il était préférable que quelqu'un d'autre prenne la tâche". Pour le P. Duigou, la renonciation de ce pape, fait rarissime dans l'histoire de l'Église, a permis une "prise de conscience" de la "nécessité de réformer l'Église".

"Il faut que quelque chose bouge dans cette institution qui n'a jamais cessé de bouger, au fond, d'une certaine façon." Il adresse donc une "Lettre ouverte d'un curé au Pape François". "Comprenez-le bien, ce n'est pas une critique de l'institution, dit son auteur, au contraire j'aime cette institution, je lui consacre ma vie, mais il faut qu'elle puisse jouer son rôle." C'est-à-dire : "avoir une parole de vie et d'espérance pour les hommes alors que le monde est de plus en plus difficile, que les défis sont de plus en plus graves".

 



 

À L'Église Saint-Merry, une nouvelle forme de gouvernance

"Comme aux premiers temps de l'Église", c'est le Père Duigou qui a été proposé à l'archevêque de Paris par les paroissiens de Saint-Merry. Cette paroisse pas comme les autres est le fruit d'une "expérience unique" lancée en 1977 par le cardinal François Marty (1904-1994). Au lendemain de Vatican II, l'archevêque de Paris a décidé "d'ouvrir des lieux d'expérience". On est en plein cœur de la capitale, dans le quartier Beaubourg, à deux pas du centre Pompidou dédié à l'art contemporain. La vocation du Centre pastoral Halles Beaubourg (CPHB) aujourd'hui Centre pastoral Saint-Merry sera "la modernité en Église".

Près de 40 ans après sa création, le pape François voulait en savoir plus sur cette paroisse pas comme les autres. "Alors vous êtes-donc le curé de Saint-Merry ?" a-t-il dit au P. Duigou. C'est qu'à Saint-Merry, ils ont expérimenté une nouvelle forme de gouvernance. "Il en est fini d'un curé qui seul décide de tout, il faut une équipe qui réunisse prêtres et laïcs pour décider ensemble. On n'est plus dans un monopole sacerdotal mais la recherche ensemble d'une intelligence par rapport à un monde qui évolue." L'idée pour le curé de paroisse étant de "rendre responsables les fidèles". Une idée d'autant plus importante que, d'après le prêtre, "il y a une douleur chez les 'laïcs' c'est d'être toujours pris plus ou moins pour des enfants, il faut leur leur dire ce qu'il faut faire ou pas faire..."

 



 

remettre l'homme au cœur de l'Église

"Une chose pour moi fondamentale quand on parle de Jésus : pour lui c'est clair, il n'y a plus d'un côté le sacré réservé aux prêtres et d'un autre côté le non sacré réservé aux autres, à ceux qui ne savent pas." Dans sa "Lettre ouverte" Daniel Duigou formule trois grandes propositions. D'abord donner plus de place aux laïcs, œuvrer ensuite "pour une pastorale qui se décide ensemble, prêtres et laïcs, hommes et femmes". Et enfin, redéfinir ainsi la figure du prêtre, "un fidèle parmi les fidèles".

"Qu'est-ce que le sacré aujourd'hui ? Ce n'est pas l'église, le bâtiment, les prières, etc. C'est l'homme, l'avenir de l'homme." Pour le P. Duigou, il y a en somme deux chantiers qui vont de pair : l'Église "à inventer tous les jours" et sa parole à faire entendre. "Dans cette société de communication, si on n'a pas une parole on n'existe plus." Or l'Église a bien une voix à faire entendre, car "'elle est chargée d'une espérance construite siècle après siècle, elle porte en elle le respect de l'homme". Respect de l'homme "de plus en plus mis en danger".

 

D'abord journaliste pour France Inter, TF1, Antenne 2 ou France 5, Daniel Duigou a été ordonné prêtre à l'âge de 51 ans. Il est aussi psychologue clinicien et psychanalyste. En 2008, il a tout quitté pour mener une vie d'ermite dans le sud marocain. Il est aujourd'hui curé de la paroisse Saint-Merry à Paris. Il est notamment l’auteur aux Presses de la Renaissance de "Psychanalyse des miracles du Christ" (2003), "Journaliste, psy et prêtre" (2005) et de "Naître à soi-même" (2007).

 

Émission réalisée en mars 2018

 

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