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"Qu'en serait-il de nous si Dieu nous avait fermé la porte?" - Homélie du pape François
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"Qu'en serait-il de nous si Dieu nous avait fermé la porte?" - Homélie du pape François

Un article rédigé par RCF - RCF,  -  Modifié le 2 mars 2017
Dans son homélie du mercredi des Cendres, le pape François a rappelé le sens du Carême, un temps pour nous demander ce que nous serions sans les autres et sans Dieu.
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VATICAN, LE 01.03.2017 | En ce mercredi des Cendres, le pape François a rappelé le sens du Carême, dans son homélie. En des termes concrets, avec un style direct et énergique, il propose aux fidèles de vivre ce temps liturgique sous le signe de la miséricorde. "Le Carême nous conduit à la victoire de la miséricorde sur tout ce qui cherche à nous écraser."
 

Être des croyants vigilants

"Le Carême est le temps pour dire non", nous dit le pape. Après avoir souligné la façon dont on peut "s'habituer" à tout ce qui "asphyxie" la foi - la "tristesse", la "résignation", la "panique" ou l'"hostilité" - le pape encourage à refuser tout ce qui abime notre relation à Dieu et aux autres. Le pape invite chacun à se montrer vigilant: "Le Carême veut dire non à la pollution intoxicante des paroles vides et qui n’ont pas de sens."
 

Une prise de conscience

Le pape François fait du Carême un temps pour revenir à Dieu, selon les termes du prophète Joël. Dans une démarche d'introspection et de gratitude, il s'agit de considérer au fond de soi ce que Dieu a fait. "Qu’en serait-il de nous si Dieu nous avait fermé la porte?" Dieu, et aussi tous ceux qui nous ont aidé.
 

Le dépouillement: faire de la place au bien

Dépouillés "de tout ce qui nous isole, nous ferme et nous paralyse", nous sommes invités à "faire de la place" pour "le bien que l'on peut faire".

 

 


 

MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Basilique Sainte-Sabine, mercredi 1er mars 2017

 

«Revenez à moi de tout votre cœur, […] revenez au Seigneur votre Dieu» (Jl 2, 12.13)

C’est le cri par lequel le prophète Joël s’adresse au peuple au nom du Seigneur ; personne ne pouvait se sentir exclu: «Rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ; […] le jeune époux […] et la jeune mariée» (v. 16). Tout le peuple fidèle est convoqué pour se mettre en chemin et adorer son Dieu, «car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour» (v. 13).

Nous voulons nous aussi nous faire l’écho de cet appel, nous voulons revenir au cœur miséricordieux du Père. En ce temps de grâce que nous commençons aujourd’hui, fixons une fois encore notre regard sur sa miséricorde. Le Carême est un chemin: il nous conduit à la victoire de la miséricorde sur tout ce qui cherche à nous écraser ou à nous réduire à quelque chose qui ne convient pas à la dignité des fils de Dieu.
 

Nous sommes habitués à respirer un air où l’espérance est raréfiée.

 

Le Carême est la route de l’esclavage à la liberté, de la souffrance à la joie, de la mort à la vie.

Le geste des cendres par lequel nous nous mettons en chemin nous rappelle notre condition d’origine: nous avons été tirés de la terre, nous sommes faits de poussière. Oui, mais poussière dans les mains amoureuses de Dieu qui souffle son Esprit de vie sur chacun de nous et veut continuer à le faire ; il veut continuer à nous donner ce souffle de vie qui nous sauve des autres types de souffle: l’asphyxie étouffante provoquée par nos égoïsmes, asphyxie étouffante générée par des ambitions mesquines et des indifférences silencieuses ; asphyxie qui étouffe l’esprit, réduit l’horizon et anesthésie les battements du cœur.

Le souffle de la vie de Dieu nous sauve de cette asphyxie qui éteint notre foi, refroidit notre charité et détruit notre espérance. Vivre le Carême c’est désirer ardemment ce souffle de vie que notre Père ne cesse de nous offrir dans la fange de notre histoire.

Le souffle de la vie de Dieu nous libère de cette asphyxie dont, souvent nous ne sommes pas conscients, et que nous sommes même habitués à «normaliser», même si ses effets se font sentir ; cela nous semble «normal» car nous sommes habitués à respirer un air où l’espérance est raréfiée, un air de tristesse et de résignation, un air étouffant de panique et d’hostilité.
 

Ces spiritualités qui réduisent la foi à une culture de ghetto et d’exclusion.

 

Le Carême est le temps pour dire non

Non à l’asphyxie de l’esprit par la pollution causée par l’indifférence, par la négligence à penser que la vie de l’autre ne me regarde pas, par toute tentative de banaliser la vie, spécialement celle de ceux qui portent dans leur chair le poids de tant de superficialité.

Le Carême veut dire non à la pollution intoxicante des paroles vides et qui n’ont pas de sens, de la critique grossière et rapide, des analyses simplistes qui ne réussissent pas à embrasser la complexité des problèmes humains, spécialement les problèmes de tous ceux qui souffrent le plus.

Le Carême est le temps pour dire non ; non à l’asphyxie d’une prière qui nous tranquillise la conscience, d’une aumône qui nous rend satisfaits, d’un jeûne qui nous fait nous sentir bien. Le Carême est le temps pour dire non à l’asphyxie qui naît des intimismes qui excluent, qui veulent arriver à Dieu en esquivant les plaies du Christ présentes dans les plaies des frères: ces spiritualités qui réduisent la foi à une culture de ghetto et d’exclusion.
 

Le Carême est le temps pour nous demander: où serions-nous sans l’aide de tant de visages silencieux?

 

Le Carême est le temps de la mémoire

C’est le temps pour penser et nous demander: qu’en serait-il de nous si Dieu nous avait fermé la porte? Qu’en serait-il de nous sans sa miséricorde qui ne s’est pas lassée de pardonner et qui nous a toujours donné l’occasion de recommencer à nouveau?

Le Carême est le temps pour nous demander: où serions-nous sans l’aide de tant de visages silencieux qui, de mille manières, nous ont tendu la main et qui, par des gestes très concrets, nous ont redonné l’espérance et nous ont aidé à recommencer?

Faire de la place dans notre vie à tout le bien que nous pouvons faire

 

Le Carême est le temps pour recommencer à respirer

C’est le temps pour ouvrir le cœur au souffle de l’Unique capable de transformer notre poussière en humanité. Il n’est pas le temps pour déchirer nos vêtements face au mal qui nous entoure, mais plutôt pour faire de la place dans notre vie à tout le bien que nous pouvons faire, nous dépouillant de tout ce qui nous isole, nous ferme et nous paralyse.

Le Carême est le temps de la compassion pour dire avec le psalmiste: «Rends-moi la joie d’être sauvé, que l’esprit généreux me soutienne», pour que par notre vie nous proclamions ta louange (cf. Ps 51, 14), et pour que notre poussière – par la force de ton souffle de vie – se transforme en «poussière aimée».

 

 


Source: Vatican
 

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