Prière du matin RCF - page 20

Juger, c’est se prendre pour Dieu. Et plutôt que de se prendre pour Dieu, mettons-nous à son école.

Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu - Chapitre 7, versets 1 à 5 (Mt 7, 1-5)

En ce temps-là,Jésus disait à ses disciples : « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ;

de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ?

Ou encore : Comment vas- tu dire à ton frère : “Laisse- moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?

Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Commentaire :« Ne jugez pas »…

Sans doute Jésus a-t-il entendu ses disciples se critiquer ou critiquer des proches. On imagine aisément son agacement, comme nous aussi nous supportons difficilement les critiques que nous entendons autour de nous. Et Jésus nous met en garde sur l’effet boomerang de toute condamnation : en jugeant l’autre, c’est en réalité nous-mêmes qui finissons par être jugés.

Oui, prenons garde car une critique, aussi minime soit-elle, est en réalité bien plus violente qu’un boomerang, c’est un triple homicide : homicide de celui qui fait l’objet des critiques, homicide de celui qui émet les critiques, et homicide de celui qui est contraint de les écouter. Sans compter les blessures que nous infligeons à Dieu en condamnant une de ses créatures.

En regardant de plus près, on s’aperçoit que nous passons la plupart de notre temps à juger, à émettre des préjugés même inconsciemment. Comment se fait-il que nous soyons autant critiques ? Pourquoi sommes-nous si durs avec autrui ? Qu’est-ce que nous gagnons à juger l’autre ? Un soulagement ?

En réalité, nous avons tendance à juger chez les autres nos propres travers, ce que nous n’acceptons pas chez nous, les penchants que nous combattons. Et plus nous sommes durs avec nous-mêmes, plus nous le serons avec les autres. C’est pourquoi le Christ nous invite dès maintenant à effectuer un travail de discernement, c’est-à-dire à opérer, avec douceur, un travail d’introspection pour mettre en lumière cette noirceur, ce que nous avons enfoui au plus profond de nous. Ce travail est un préalable nécessaire qui nous permettra de rejoindre et d’accepter nos frères en humanité, pécheurs comme nous. Alors nos paroles ne seront pas une condamnation mais la révélation amoureuse de ce que nous sommes réellement, nos bons comme nos mauvais côtés, chez moi comme chez mon frère. Prenons garde à bien effectuer ce travail sous le doux regard du Christ, à son école, comme Il l’a été avec la femme adultère à qui Il a dit : « moi non plus je ne te condamne pas ».

Seigneur, cette journée qui commence, je la reçois comme un cadeau, une nouvelle occasion de vivre et d’aimer, et je t’en rends grâce. Donne-moi la force de regarder en moi ce que je tente de cacher, ce que j'enfouis au plus profond de mon être, ce dont j’ai honte, ce que je n’accepte pas. Seule Ta parole me rendra la vue, une vue ajustée. Donne-moi d’écouter au plus profond de moi Ta parole qui dit à chacun de nous : « je t’aime, je t’ai sauvé ». Alors je verrai la vraie dimension de mon péché, cette grosse poutre, et aussi la petite paille dans l’œil de mon frère. Toi le Fils de Dieu mais aussi le fils du charpentier, aide-moi à retirer cette lourde poutre qui encombre ma vue. En retirant cette fameuse poutre qui me rend aveugle, je verrai mieux, je verrai clairement toute la beauté de celle où celui que j’ai réduit à un simple défaut. Seigneur, je vais prendre le temps dès ce matin de bénir chaque frère et sœur en humanité que je vais croiser. Je te les confie avant même de les rencontrer et je te rends grâce pour au moins 3 de leurs qualités. Alors, je pourrai voir mon prochain comme toi-même tu le vois et poser sur elle, sur lui, un regard qui fait grandir, un regard plein d’amour et d’espérance.