L'humeur politique de Dominique Breillat RCF - page 4

On est allé de surprises en surprises avec les élections espagnoles du 23 juillet. Tout d'abord la dissolution dès le lendemain des élections locales avait surpris et semblait un pari perdu d'avance. L'autre surprise a été le résultat. La droite alliée à l'extrême droite a manqué de 7 sièges la majorité aux Cortes.
Contre toute attente, le parti socialiste a bien résisté mais avec Sumar, il est encore loin de la majorité. La clef du pouvoir est entre les mains des partis régionalistes notamment catalans. S'ils soutenaient Pedro Sanchez, celui-ci n'aurait qu'une voix de majorité. On peut se demander si de nouvelles élections n'auront pas lieu pour dénouer la situation.

Ce qui a marqué le remaniement du gouvernement où plutôt les ajustements, ce n'est pas l'importance de l'opération sur le plan quantitatif. Ce que l'on a plutôt observé, c'est le départ de ministres issus de la société civile, notamment Pap Ndiaye, Jean-Claude Combe, François Braun, et Marlène Schiappa.
Ils ont été remplacés par des ministres à la forte dimension politique ou technique, montrant qu'on ne s'improvise pas aussi facilement ministre. La Société civile retourne là d'où elle vient, c'est à dire à la société civile et non pas à la société politique.

Le 14 juillet, nous célebrons notre fête nationale. Mais quel événement commémore t'elle ? Sans doute dans l'esprit de l'auteur de la proposition de loi en 1880, Benjamin Raspail, celui-ci pensait-il à la prise de la Bastille ? Mais les débats parlementaires ont montré qu'il n'y avait pas unanimité en raison du caractère sanglant de cette journée et pour obtenir l'accord des tous les républicains, on valorisa le 14 juillet 1790 avec la fête de la Fédération qui marquait l'unité de Français. La loi de 1880 ne précise pas l'année de l'événement, se contentant d'évoquer le 14 juillet. Alors qu'aujourd'hui, nous avons montré combien nous étions divisés, il conviendrait de valoriser la fête de la Fédération, symbole de notre unité.

Les tags qui fleurissent de plus en plus sur nos murs veulent exprimer telle ou telle opinion mais certains bâtiments ou monuments ne devraient jamais être touchés. Nous pensons au monument aux morts de Gentioux-Pigerolles, maculé avant le passage du Tour de France.
Ce monument d'inspiration pacifiste est unique en France et tous devraient le respecter. Le maire de La Souterraine a exprimé l'indignation d'une remarquable façon en twittant "Honte absolue".

Les violences urbaines ont pris une autre dimension quand on compare à 2005. Elles touchent maintenant les villes moyennes jusqu'alors épargnées et elles mettent en danger la vie des personnes, notamment des élus locaux. On attendrait une réaction unanime contre ces violences, contre toutes les violences or l'indignation est souvent sélective. Saura t'on répondre à cette crise majeure de notre société ? On peut en douter car on va parer au plus pressé sans réformer en profondeur et l'obsession des Jeux Olympiques en 2024 ne créera pas le climat idéal pour retrouver l'harmonie sociale.

Le coup de force de Pregojine, patron de Wagner continue à interroger. Tout d'abord pour le groupe Wagner lui-même. Que va-t-il advenir d'Evgueni Pregojine et de ses hommes malgré les promesses de Poutine de n'engager aucune poursuite et le groupe Wagner va-t-il continuer ses méfaits en Afrique? Interrogation aussi quant à Vladimir Poutine lui-même qui sort affaibli. Va-t-il pouvoir maintenir son autorité? Interrogation enfin sur le conflit ukrainien. La contre-offensive ukrainienne va-t-elle être facilitée?. La grande prudence de Joe Biden montre qu'il faut sans doute s'attendre à des rebondissements.

Le séisme de vendredi a surpris les Picto-Charentais qui pour beaucoup n'ont pas compris sur le moment ce qui se passait. Notre région semblait une région paisible à cet égard et pourtant elle a connu déjà d'autres manifestations de ce genre comme celle du 7 septembre 1972. Nous devrions nous préparer à d'autres tremblements de terre et pourrions nous inspirer de l'expérience californienne marquée par la prévention et l'éductation des populations. Pensons-y avant qu'il ne soit trop tard.

Avant de polémiquer sur tel ou tel article de la Constitution nos politiques devraient réviser l'histoire de la IVeme République et les déviations de son système politique. Ils comprendraient mieux le pourquoi des articles 49-3 et 40

Il y a cent ans naissait René Monory. Il a eu une carrière lui permettant de connaître les hommes et les femmes en gravissant chaque échelon de la commune à la présidence du Sénat. Il a cumulé les mandats et cela lui a permis de belles réalisations. L'interdiction du cumul des mandats ne permettrait plus aujourd'hui d'avoir des René Monory.

Réélu dimanche dernier en principe pour 5 ans, le président Erdogan va certainement continuer sa politique de restriction des droits fondamentaux et continuer un politique extérieure qui en fait un partenaire difficile notammant pour les États-Unis et les pays européens. Il n'est pas exclu qu'il cherche à modifier la constitution pour être à nouveau candidat en 2028. Quand la Turquie renouera-t-elle véritablement avec la démocratie ?

Les violences subies par le maire de Saint-Brévin-les-Pins, l'innommable agression contre le petit-neveu de madame Macron,les innombrables tags maculant les permanences ou domiciles des élus nous ramènent à la triste période des années 1930 lorsque par exemple Léon Blum, le 13 février 1936, avait été violenté et blessé en plein Paris par des opposants. Il est plus qu'urgent que les autorités prennent des mesures strictes pour prévenir et sanctionner ces véritables méfaits. Et qu'on ne parle pas de liberté d'expression pour laisser faire ces ennemis de la démocratie. Elle n'a pas sa place ici.

On peut se demander quelle est l'utilité du concours Eurovision de la chanson. Il aurait dû permettre une belle confrontation des différentes langues et cultures européennes. Tel n'est plus le cas. Depuis 1999 il n'est plus nécessaire de chanter dans l'une des langues du pays.Résultat: cette année sur 26 candidats 14 ont chanté en anglais et bien évidemment la Suède a gagné en anglais. Dès lors est-il nécessaire pour la France de tenter vainement sa chance en français? On peut en douter.

Il y a 15 ans,Nicolas Sarkozy avait invité Bachar Al-Assad aux cérémonies du 14 juillet. La décision avait été fort critiquée. Emmanuel Macron ne commet-il pas le même type d'erreur en invitant Narendra Modi, premier ministre indien qui malmène la démocratie dans son pays en menant une politique nationaliste et préparant les élections de 2024. Mais pour la France la coopération, notamment dans le domaine des ventes d'avions de combat nécessite peut-être qu'on ferme les yeux sur les atteintes aux libertés dans le pays le plus peuplé au monde. Il vaudrait certainement mieux choisir ses invités le 14 juillet.

La conversation téléphonique le 26 avril entre Vlodymyr Zelinsky et Xi Jinping est peut-être une évolution décisive pour aboutir dans la paix russo-ukrainiennne. Même si la Chine est très proche de la Russie, elle sait se montrer prudente pour ne pas faire échouer ses propositions. La nomination d'un ambassadeur ukrainien en Chine et la venue d'une délégation chinoise en Ukraine sont des signes encourageants permettant de laisser la place à un espoir de paix.

En interdisant "tout dispositif sonore portatif" lors d'une manifestation à Ganges, le préfet de l'Hérault a lancé le débat sur la liberté de manifestaiton. La saisie des casseroles des manifestants confinaient au ridicule.
le Conseil constitutionnel a reconnu en 1995 cette liberté toute en considérant qu'elle n'était pas absolue. Mais aujourd'hui, face aux violences de certains manifestants auxquels répond selon le Conseil de l'Europe "un usage excessif de la force" envers les manifestants, la liberté de manifestation paraît très menacée.

A l'occasion de la réforme des retraites, le Conseil constitutionnel a été l'objet de fortes critiques mettant en cause sa légitimié démocratique et intellectuelle. Il conviendrait d'en réformer les conditions de nomination en s'inspirant par exemple de l'Allemagne ou de l'Espagne. Les membres devraient être nommés par le Parlement à la majorité qualifiée et ils devraient jouir d'une compétence juridique particulièrement forte. L'autorité du Conseil n'en serait que renforcée.

Les débats sur la reforme des retraites ont vu apparaître un renouveau de l'un de ces corps intermédiaires peu prisés par le chef de l'Etat: les syndicats. Ils ont été tout d'abord capables de maintenir une unité qu'on n'imaginait pas pouvoir durer. Ils ont très prudemment refusé la confusion avec la protestation politique conduisant à des heurts avec la France insoumise. Enfin, le hasard du calendrier a été celui de la tenue du congrès de la CGT riche de surprises par un certain désaveu de Philippe Martinez et avec la nomination inattebndue de Sophie Binet, une secrétaire générale non issue du monde ouvrier. Là encire c'est bien la manifestation du renouveau syndical

Le report de la visite du Roi Charles III est une conséquence inattendue de la crise que connaît notre pays. Cela donne une image dégradée de notre pays. La presse étrangère se montre très critique à l'égard du président Macron et de nos forces politiques. Une telle réforme dans les autres Etats aurait été mise en place dans un esprit de compromis faisant intervenir majorité et opposition et avec le soutien des corps intermédiaires. Si le Conseil constitutionnel annulait la loi, la procédure devrait recommencer et il faudrait alors trouver ce sens du compromis. Mais en sommes-nous capable en France?

Avec l'échec des motions de censure, on pouvait croire le cheminement législatif sur la loi des retraites achévé. il n'en est rien, l'opposition souhaitant utiliser encore deux armes prévues par la constitution.
C'est d'une part la saisine du Conseil Constitutionnel, mais on peut supposer qu'il n'annulera qu'à la marge. C'est d'autre part le recours au référendum d'initiative partagée mais la procédure est semée d'embuches et a peu de chances d'aboutir.
Des lors, il faudra craindre que le débat soit dans la rue.