Allemagne
Les Pays-Bas, l’un des six membres fondateurs de l’Union Européenne, traversent une crise politique inédite depuis la percée du parti populiste d’extrême droite PVV aux élections législatives en novembre. Son leader faisant planer l’idée d’une sortie de l’Union Européenne.
C’était une victoire inattendue. En novembre dernier, la percée du Parti de la liberté (PVV) mené par Geert Wilders avait créé la surprise en arrivant largement en tête lors des élections législatives anticipées. Avec plus de 23 % des voix, il a fait nettement mieux que ce que laissaient penser les sondages. Mais depuis, le parti ne parvient pas à former une coalition gouvernementale.
"Cette victoire a donné lieu à des négociations de coalition très difficiles aux Pays-Bas. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas s’il y aura une coalition possible avec le PVV", analyse l’historien Christophe de Voogd, auteur de "Pays-Bas : la tentation populiste" (éditions Fayard)
"La règle veut que le parti qui remporte les élections choisit le premier ministre issu de sa formation politique. Mais dans ce cas, les autres partis refusent", ajoute l’historien.
Le leader du Parti de la liberté avait d’abord tenté de former une majorité gouvernementale avec le parti libéral (VVD), le parti agricole (BBB) et le parti centriste Nouveau contrat social (NSC). En vain.
Mercredi13 mars, Geert Wilders a finalement annoncé qu’il ne serait pas premier ministre des Pays-Bas faute de soutien d’autres formations politiques.
"Le PVV a entretenu pendant des années des positionnements très durs par rapport à l’islam, qu’il ne considère pas comme une religion", détaille Benjamin Biard, chercheur en sciences-politiques, spécialiste de l'extrême droite à l’université de Louvain.
Le leader du parti s’est notamment illustré par des sorties médiatiques lors desquelles il proposait de bruler tous les corans. Parmi les autres axes de campagne du PVV, la sortie de l’Union Européenne figure comme un thème central.
D’une certaine manière, Geert Wilders s’inscrit dans la lignée de Giorgia Meloni en Italie. S’il a longtemps prôné la sortie de l’Union Européenne, évoquant l’idée d’un "Nexit", pour le chercheur Benjamin Biard, cette rhétorique tend aujourd’hui à s’estomper.
"Quelques années après le brexit on sent bien que cet élan souverainiste qui s’était exprimé dans de nombreux pays comme en France et en Italie tend à s’essouffler et ne permet plus au PVV de se distinguer par rapport à d’autres partis".
Ce discours très anti-européen est difficile à tenir dans l’un des pays fondateurs de l’Union Européenne.
"La plupart des partis traditionnels, notamment du centre et de la droite, restent très attachés à l’Europe", estime la journaliste Margaux Solinas.
Parmi les 6 pays fondateurs (aux côtés de l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, et le Luxembourg), les Pays-Bas ont toujours adopté une position très pragmatique, se disant en faveur du marché et de la fameuse règle des 3% de déficit.
"C'est aussi le pays qui doit une grande partie de sa richesse à l'Union Européenne", ajoute la correspondante.
Si les Pays-Bas dépendent du marché européen, Pour Christophe de Voogd, cette dépendance est réciproque. L’historien estime que Bruxelles ne pourra jamais marginaliser, comme il a pu le faire avec la Hongrie, un pays fondateur aussi puissant que les Pays-Bas, sur le plan financier et commercial.
"C’est un faux petit pays. D’abord du fait de ses 18 millions d’habitants, soit plus que la Hongrie, la Belgique ou la Suède. Mais il s’agit surtout du deuxième exportateur agricole dans le monde et de la 5è économie de l’UE".
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