En un peu plus de dix jours, à la surprise générale, les rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) ont pris le contrôle des principales villes de Syrie. Alep est tombée le 1er décembre, suivie de Damas dans la nuit du 7 au 8 décembre, contraignant le dictateur Bachar al-Assad à fuir. Ces événements plongent la population syrienne dans une profonde incertitude, notamment les minorités, et en particulier la communauté chrétienne.
Face à ces incertitudes, le chef du groupe islamiste HTC a appelé au calme et à la stabilité, affirmant le mercredi 11 décembre que la Syrie n'allait "pas se retrouver dans une autre guerre." Dans cette perspective, les représentants des groupes armés ont rencontré les responsables des Églises et des communautés ecclésiales.
Le lundi 9 décembre, les responsables de toutes les Églises et communautés ecclésiales ont rencontré à Alep les représentants des groupes armés qui ont pris le contrôle de la ville. Il s'agit de la première rencontre entre les autorités religieuses chrétiennes et les rebelles depuis la fuite du président Bachar al-Assad le 8 décembre. "Nous étions tous présents : évêques, prêtres et religieux. C'était une rencontre très positive," témoigne l'évêque chaldéen d'Alep, Mgr Antoine Audo.
Les chrétiens ne peuvent pas être des citoyens de seconde zone et que nous devons travailler ensemble.
Les intentions du nouveau pouvoir en place semblent rassurantes, poursuit l'évêque. Selon lui, sous Bachar al-Assad, le pays était dans une impasse : la pauvreté et la misère étaient devenues insupportables pour la survie du système, et un changement de régime était nécessaire. Pour l'instant, les nouvelles forces ne manifestent aucune volonté d'imposer des changements radicaux, rapporte Mgr Audo.
"Au contraire, elles essaient de rassurer en se montrant respectueuses de nos traditions et de nos prières. Je leur ai expliqué que nous, chrétiens arabes, représentons une réalité unique dans l'histoire et dans le monde. J'ai rappelé quelques exemples de l'histoire des Arabes musulmans avec les chrétiens et de la contribution des chrétiens à cette histoire. J'ai ajouté que le statut de Dhimmi (membres non musulmans d'un État régi par la loi islamique) peut être interprété de manière négative ou positive, que les chrétiens ne peuvent pas être des citoyens de seconde zone et que nous devons travailler ensemble. Ils semblaient très intéressés par ces réflexions," explique Mgr Antoine Audo.
Au cours de la réunion, les représentants des communautés chrétiennes ont obtenu l’assurance qu’il n’y aurait aucun changement dans le règlement des écoles appartenant aux communautés ecclésiastiques. "Ils ont demandé à tous les fonctionnaires de reprendre leurs fonctions et ont annoncé que le service militaire obligatoire, qui a duré toutes ces années, était terminé," poursuit Mgr Audo.
Ils ont demandé à tous les fonctionnaires de reprendre leurs fonctions.
Pour l’évêque, une nouvelle effusion de sang a été évitée, et la vie reprend peu à peu un semblant de normalité à Alep. Cependant, les problèmes de subsistance et d’accès aux produits de première nécessité restent centraux. Les communautés ecclésiales redoublent d’efforts pour aider les populations dans le besoin, en lançant des initiatives solidaires pour répondre à ces défis pressants.
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