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Au cœur de l’esclavage moderne, des profils toujours inchangés

RCF, le 4 décembre 2024 - Modifié le 4 décembre 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... comment des formes d’esclavage perdurent aujourd’hui

Hier nous marquions la Journée Internationale pour l’Abolition de l’Esclavage. Instituée par l’ONU, elle est célébrée chaque année le 2 décembre. Un combat toujours d’actualité alors que de multiples formes d’esclavage moderne persistent aujourd’hui. Parmi elles, la traite des êtres humains, le travail forcé ou encore l’exploitation sexuelle. Alors, pour bien comprendre comment des formes d’esclavage perdurent encore aujourd’hui, Nathalie Seff, déléguée Générale de l’ACAT-France, ONG chrétienne qui œuvre à la défense des droits de l'homme depuis 50 ans, est au micro de la matinale de RCF et Radio Notre-Dame.

 

L'esclavage, toujours une réalité © DRL'esclavage, toujours une réalité © DR

En 1981, la Mauritanie est le dernier pays du monde à abolir l’esclavage. Pourtant les ONG tirent un constat amer. De multiples formes d’esclavage persistent dans le monde. Travail forcé, exploitation sexuelle, les schémas se reproduisent. Au centre des réseaux esclavagistes les experts retrouvent des profils de tortionnaires et de victimes inchangés avec le temps. Nathalie Seff, déléguée générale de l’Action des Chrétiens pour Abolir la Torture, dresse des portraits robots au micro de RCF et Radio Notre-Dame.

Des victimes esseulées et sans ressources

Selon l’organisation internationale du travail, 50 millions de personnes sont aujourd’hui piégées dans des formes contemporaines d’esclavage. D'après Nathalie Seff, les profils des victimes des esclavagistes sont souvent les mêmes. “Ce sont généralement des personnes démunies, vulnérables, non éduquées, qui sont en situation de grande précarité, qui sont éloignées, bon gré, mal gré, de leur pays, de leur famille, de leur culture.” Une fois captives, les victimes sont d’autant plus esseulées qu’elles font souvent face à la barrière de la langue. Elles font alors face à leur sort : “du travail forcé, de l'exploitation domestique et sexuelle pour l'essentiel”. Les femmes et les enfants, surreprésentés parmi les esclaves modernes, sont à la merci de leur tortionnaires.

Les esclaves sont soumis à du travail forcé, et de l'exploitation domestique et sexuelle.

La situation risque d’être encore plus alarmante à l'avenir, prévient Nathalie Seff. Pour la déléguée générale de l’ACAT, l’augmentation de la pauvreté, de l’instabilité politique et géopolitique ainsi que des catastrophes climatiques influera nécessairement sur l’esclavage moderne. “Dès lors qu'il y a de la pauvreté à grande échelle, dès lors qu'il y a des conflits armés, dès lors qu'il y a des bouleversements climatiques, on voit une augmentation du nombre de personnes qui sont malheureusement sous le joug de l'esclavage.” Forcés à fuir leur pays d'origine, les migrants s’exposent aux filets des trafiquants d’humains.

Les esclavagistes, des maîtres aux profils multiples

Pourtant Nathalie Seff décrit les esclavagistes comme “des monsieur tout le monde”. Pour elle ils peuvent être “un magistrat, un policier, votre voisin, un homme, une femme”. “Ça peut être un très bon voisin, quelqu'un de très bien sous tous rapports et qui à l'intérieur de l'intimité de la maison, en général avec la complicité de son épouse, va faire vivre dans la terreur quelqu'un qui va, en contrepartie, s'occuper des enfants, faire le ménage…”. L’esclavage moderne serait en somme une pratique courante dans certains pays, pratiquée sous couvert du secret des foyers. Ce système discret commence à sortir de l’ombre, notamment à Hong Kong, où les helpers originaires d’Asie du Sud-Est commencent à élever la voix face à une réduction de leurs libertés. Ces aides à domicile sont utilisées et parfois exploitées par l’élite économique pour se délester des tâches domestiques.

Les esclavagistes sont des monsieur tout le monde, un magistrat, un policier, votre voisin, un homme, une femme.

Face à ces esclavagistes, le droit international peine à être appliqué. Nathalie Seff explique que il n’y a une réaction que lorsque l’esclavage moderne devient “pandémique, quand l'État institutionnalise une forme de torture et de mise en esclavage.” Elle s’appuie sur le cas de l’Afghanistan où les femmes sont prisonnières dans leur propre corps, n'ont pas le droit de parler, sont mariées de force et sont soumises à l'esclavage de manière institutionnelle.” 

Malgré la mise en place de  la Journée Internationale pour l’Abolition de l’Esclavage par l’ONU, le combat contre l’esclavage moderne n’est pas fini.

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Pour bien comprendre
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