Nicaragua
Jusqu’où ira la répression ? Après les arrestations de prêtres et d’évêques, un nouveau palier vient d’être franchi dans la répression de l’Église catholique au Nicaragua. La police affirme avoir retrouvé des liasses de billets dans différents diocèses. Elle accuse l’Église de blanchiment d’argent et a bloqué tous ses comptes bancaires.
L’Église catholique au Nicaragua est accusée de blanchiment d’argent. Des sommes d’argent auraient été trouvées dans plusieurs diocèses. "Des sommes importantes en liquide, plusieurs centaines de milliers de dollars", décrit Jules Girardet, chargé de mission Amérique latine au CCFD-Terre solidaire. "En guise de représailles, les autorités ont décidé de geler l’ensemble des comptes bancaires des diocèses et d’empêcher toutes sortes de ressources, de capacités de financement de la conférence épiscopale."
C’est un fait inédit dans l’histoire de l’Église au Nicaragua. "Par le passé il était déjà arrivé que certains comptes soient tempérament bloqués. Là, c’est l’ensemble du cadre financier de l’Église, et donc sa maille territoriale qui est bloquée."
En conséquence, faute d’argent, les institutions catholiques qui œuvrent dans le pays se trouvent paralysées dans leur action. Ainsi les salaires des enseignants dans les institutions catholiques sont menacés. En effet, "c’est au travers de ce financement qu’en général sont payés les professeurs des institutions catholiques, par exemple". Également menacées, toutes les œuvres sociales et les projets solidaires menés dans certains diocèses. Ainsi, à San Sebastian de Yali le 30 mai dernier, les religieuses de la congrégation des Filles de sainte Louise de Marillac (Las Hijas de Santa Luisa de Marillac) ont été expulsées de l’Institut technique Santa Luisa de Marillac. Cela faisait trente ans que les religieuses géraient l’établissement.
Dans ce pays, le plus pauvre d'Amérique latine, le chef sandiniste Daniel Ortega continue de briller par ses dérives autoritaires. Une "dictature grossière", avait décrit le pape François en mars dernier, lors de la fermeture de la nonciature. Il n’y plus en effet de représentation du Saint-Siège au Nicaragua.
Si la répression s’abat sur "n’importe quelle organisation qui porte un discours un peu discordant, considéré comme déviant par rapport à la ligne politique du régime", l’Église catholique en particulier est dans le viseur. "Certes, l’archevêque de Managua, Mgr Leopoldo Brenes, a insisté pour rappeler que les paroisses continuaient actuellement de travailler, qu’il fallait aller de l’avant, qu’il ne fallait pas avoir peur, qu’il fallait continuer les missions d’évangélisation, rapporte le chargé de mission du CCFD-Terre solidaire, mais au-delà de cette posture d’appel au calme et d’apaisement, en fait il est très difficile de savoir jusqu’où ça ira…"
Depuis l’année dernière, "il y a une vague de répression sans précédent", estime Jules Girardet. Aujourd'hui, c’est "tout l’écosystème catholique" qui est "mis en danger ou tout simplement détruit, anéanti". Selon jules Girardet, c’est "une volonté de vengeance qui anime le couple Ortega-Murillo, depuis le soulèvement populaire de 2018". L’avenir de l’Église au Nicaragua est donc plus qu’incertain.
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