Avec Élise Fischer, vivre au fil des pages

 

Nous n’entendrons plus la voix si caractéristique d’Élise Fischer. Une voix qui résonne encore, généreuse, douce et chaleureuse, bienveillante. Elle aimait la littérature, les écrivains et encore plus les auditeurs, comme elle le rappelait à la fin de chacune de ses émissions Au fil des pages : "Et puisque je vous aime, je vous embrasse."

Passionnée de littérature depuis tant d’années, elle restait encore très inquiète au moment de prendre le micro, soucieuse de bien recevoir les auteurs, de faire de chaque émission un moment de littérature, de partage, de découverte, sans oublier le petit paquet de bergamotes qu’elle laissait traîner dans le studio.

Cheffe d’orchestre enthousiaste de son émission sur RCF, elle était aussi une romancière magnifique, évoquant avec chaleur la Lorraine, "son pays", à travers des personnages inventés certes, mais créés à partir des rencontres nombreuses qu’elle pouvait avoir. Car si elle parlait volontiers de littérature et de tas d’autres choses, elle avait aussi une rare capacité d’écoute et d’attention.

Chaque année, ses plus fidèles lecteurs se rendaient en septembre au festival du Livre sur la place, à Nancy, pour se faire dédicacer les romans publiés dans l’année. En septembre dernier, en dépit de la maladie, elle était encore là pour offrir à ses fidèles lecteurs "Les silences de Jeannette" (éd. Calmann-Lévy). Il y avait chez Élise Fischer, une sorte d’urgence à témoigner, à transmettre. Nourris par les leçons de l’histoire mais aussi les épreuves les plus intimes qui peuvent frapper les femmes et les hommes de ce temps, elle racontait la vie telle qu’elle est. 

 

Restent ses livres, une littérature populaire et généreuse, une écriture sensible et profonde, lumineuse

 

Née à Champigneulles en 1948 d'un père ouvrier lorrain et d'une mère alsacienne, elle vivait à Fontenoy-la-Joûte, où elle écrivait ses livres. Toute entière consacrée à l’écriture et à la littérature, Élise Fischer avait encore de multiples engagements. 

J’ai eu la chance de lui succéder à la tête de l’association des Écrivains croyants il y a quelques années, association qu’elle a animée avec la complicité précieuse à l’époque de Roger Bichelberger. Et plus récemment, j’avoue que l’on ne résistait pas longtemps aux sollicitations d’Élise qui m’a aussi embarqué dans le jury du concours de nouvelles des lycéens de Lorraine – le prix de la nouvelle littéraire ouvert à tous les lycéens de la région Grand-Est. Membre du jury du prix Erckmann-Chatrian, elle a tissé des liens précieux avec de nombreux auteurs et comblé des générations de lecteurs.

 

Restent ses livres, une littérature populaire et généreuse, une écriture sensible et profonde, lumineuse. Une œuvre. Merci Élise.

 

Christophe Henning