Nouvelle-Aquitaine
Le congrès des villes de France se déroule ce mercredi et jeudi à Sélestat en Alsace. Les élus de tous bords s’inquiètent de l’impact de la réduction des dépenses publiques de l'Etat sur leurs propres finances.
Au lendemain de la déclaration de politique générale de Michel Barnier, la question budgétaire sera sans doute sur toutes les lèvres durant le congrès Villes de France. L’une des tables rondes au programme s’intitule : "quelles ressources pour financer les projets de fin de mandats ?". Si le Premier ministre a évoqué des hausses d'impôts ciblées c'est surtout par la réduction des dépenses que le nouveau gouvernement souhaite redresser la barre.
Début septembre, Bercy déclenchaient d'ailleurs la fureur des élus locaux, toutes sensibilités politiques confondues. Le ministre de l'économie démissionnaire, Bruno Le Maire estimait les collectivités locales capables à elles de "dégrader les comptes publics en 2024 de 16 milliards d'euros." "Un tacle par derrière les deux pieds décollés" ironise Jean-François Debat, maire PS de Bourg en Bresse et président délégué de l’association Villes de France. "Les collectivités territoriales représentent une infime partie de la dette et notre endettement ne sert que pour financer une partie de nos investissements" rappelle l’édile.
Le "je t’aime moi non plus", c’est un peu le refrain entre l’Etat et les collectivités locales depuis des décennies. "Quand la situation socio-économique se dégrade, on voit les vieux réflexes revenir au galop comme dénoncer l’incurie des collectivités locales alors que l’Etat concentre l’essentiel des dépenses" souligne Romain Pasquier, politologue à Science Po Rennes, spécialiste des collectivités territoriales.
En termes de chiffres, selon l'Insee, les dépenses de l’ensemble des collectivités locales représentaient en 2022, 19 % de la dépense publique en 2022, contre 40 % pour l'Etat. En 2023, le déficit de l'Etat a atteint 155,7 milliards d'euros, soit une hausse de 7,3 milliards sur un an. Dans le même temps, le besoin de financement des collectivités, a représenté 5,5 milliards, selon l'Observatoire des finances publiques locales. Certes, l'OFPL constate ces dernières années que les dépenses de fonctionnement des collectivités ont davantage progressé que les recettes. Mais selon l'association des maire de France, elles ont été impactées par l’inflation notamment sur l'énergie, et par l'Etat des mesures de revalorisation des traitements des fonctionnaires décidées par l'Etat.
Mais il y aussi de nouvelles dépenses pour les villes. "Qui nous demande de dépenser plus ? C’est l’Etat. Lorsqu’il créer le service de la petite enfance? qui paye les places de crèches ? L’Etat ne peut pas nous reprocher de dépenser l’argent qu’il nous demande de dépenser avec une politique publique qu’il promeut" justifie Jean-François Debat. Romain Pasquier s’attend pourtant à un coup de rabot important auquel doivent selon lui "se préparer les collectivités. Personne n’y échappera sauf quelques domaine régaliens". "En 2014, lors du pacte de stabilité sous François Hollande, les collectivités territoriales s’étaient déjà vu priver de 15 milliards d’euros" rappelle le politologue.
De son coté, ce mercredi, la Cour des comptes, propose dans un rapport de supprimer 100 000 postes dans les collectivités locales. Le sujet est ultrasensible pour des élus soucieux, à deux ans des municipales, de ne pas dégrader les services de proximités des habitants. Villes de France juge que le budget 2025 "se prépare dans la plus grande opacité", craignant des "arbitrages pénalisants pour les territoires". "Nous connaissons la situation budgétaire du pays, mais nous n’acceptons ni d’en être tenu responsable ni d’être la variable d’ajustement des politiques budgétaires" insiste Jean-François Debat.
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