Lancée depuis plus de deux semaines en France, la vaccination contre le Covid-19 est destinée en priorité aux résidents d’EHPAD, les soignants à risque ou de plus de 50 ans. Dès le 18 janvier, les personnes âgées de plus de 75 ans mais ne résidant pas en EHPAD pourront eux aussi être vaccinés. "C’est la bonne stratégie, assure Antoine Flahault. On pense qu’en protégeant les personnes à risque, on peut transformer profondément le pronostic de cette maladie Covid-19. Si cette maladie n’entraîne plus de complications ni de décès, elle deviendrait plus banale et on aurait plus besoin de confiner."
Toutefois, cette stratégie reste encore assez lente vis-à-vis des autres pays. Seulement 45.000 Français ont été vaccinés au vendredi 8 janvier. En Israël, ils sont plus d’un million. Selon l’épidémiologiste, cette lenteur s’explique par une prudence liée aux difficultés rencontrées dans le passé vis-à-vis des vaccins. Il est urgent d'accélérer cette vaccination selon Antoine Flahault. "La France est capable de faire plus", lâche-t-il.
Une autre erreur selon Antoine Flahault a été "de penser que les pharmaciens et les médecins pouvaient prendre le relais". Le vaccin de Pfizer et BioNTech est soumis à une logistique lourde. Il doit être conservé à -70 degrés et administré rapidement. Médecins généralistes et pharmaciens demandent à prendre part à la vaccination mais "ce vaccin n’est pas adapté à la pratique de ville", pour l'épidémiologiste. "Quand on aura des vaccins plus faciles d'utilisation comme Moderna, il faudra des centres de vaccination dans les communes mais ça ne peut pas se faire dans les cabinets en tout cas avec ceux de Pfizer", ajoute-t-il.
Avec cette vaccination, "la stratégie est plutôt d’éviter que des personnes âgées aient des complications et de saturer des hôpitaux. Il faut que d’autres patients puissent bénéficier des soins de réanimation", affirme l’épidémiologiste.
Le scepticisme autour de ce vaccin reste important, ce que comprend Antoine Flahault puisque le vaccin est nouveau. "Si vous n’êtes pas du tout à risque, souvent vous exprimez plus de réticences vis-à-vis du vaccin. Mais si vous avez plus de 75 ans avec un risque, vous ne vous posez pas la question d’un risque hypothétique", ajoute-t-il.
Face à ce nouveau vaccin, l’inquiétude grandit également vis-à-vis du nouveau variant du Covid-19 découvert au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et désormais en France. "On n’a pas l’impression que ce nouveau variant soit plus dangereux mais on a une inquiétude vis-à-vis de la transmissibilité de cette souche. Il semble qu’il soit dix fois plus présent dans la bouche et la gorge des gens", explique Antoine Flahault.
Cette nouvelle menace a poussé le Royaume-Uni à se reconfiner. En France, cette décision n’est pas prévue pour l’heure. "Le confinement c’est l’arme de dernier recours lorsque l’on craint l’engorgement des hôpitaux. Si c’est saturé, on ne peut plus soigner les gens. Si cette croissance exponentielle de l’épidémie reprend en Europe, il y aura une nécessité de reconfiner", conclut Antoine Flahault.
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