L’avenir du ski français, s’écrit-il en pointillé face au réchauffement climatique ? Cette semaine, la Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié mardi elle pointe un modèle économique à bout de souffle et des solutions de diversification encore trop limitées et timides.
Les 147 pages du rapport de la Cour des comptes sont sans équivoque : « seules quelques stations de ski pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de 2050 en raison du dérèglement climatique ». Les auteurs se sont basés sur un gros travail de terrain auprès de 42 stations sur l’ensemble des massifs. « C’est la première fois que la Cours des comptes établit un rapport aussi complet sur l’impact du changement climatique sur le ski et la montagne » souligne Vincent Vlès, professeur émérite à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Ce spécialiste des aménagements touristique a été consulté par les magistrats et les enquêteurs.
Le rapport déplore des financements publics tendant à « reproduire le modèle du ski » plutôt qu’à encourager une transition. Dans le collimateur : les canons à neige et face à la hausse des températures, la production de neige artificielle « ne suffira plus » souligne la Cour. Elle considère également que le problème de l’accès à l’eau est « sous-estimé dans de nombreux territoires ».
Mais ce rapport ne se focalise pas seulement sur le manque de neige. Il intègre d’autres problématiques étroitement liées. Les stations sont coincées entre les lourds investissements réalisés par des opérateurs de remontées mécaniques, la baisse du nombre de skieurs et un patrimoine immobilier de plus en plus daté. « Un fossé se creuse entre ceux qui ont accès au haut de gamme et les autres pratiquants dont le patrimoine est en inadaptation croissante et qui ne pourra difficilement être mis à niveau de la transition énergétique » analyse Vincent Vlès.
Pour la Cour des comptes, le modèle des stations de ski françaises, imaginé dans les années 60 et 70 est à bout de souffle. Un modèle subventionné à 23 % par l’argent public rappelle le document. Selon le rapport, les communes de montagne ne semblent pas assez en prendre la mesure du problème. Les actions de diversification d'activités sont critiquées. « Rarement adossées à un véritable projet » et « fondées sur des investissements importants et une forte fréquentation, sans plan d’affaires permettant d’établir leur pertinence économique » jugent les magistrats.
Pour sortir de cette situation, la Cour des comptes appelle à une réforme de la gouvernance, pour que les décisions « ne relèvent plus seulement de l’échelon communal. » La proposition fait bondir l'association nationale des maires des stations de montagne. Elle dénonce un rapport « dogmatique ». Mais pour Vincent Vlès, « il faut dès aujourd’hui stopper les investissements fléchés vers le tout ski alpin et les réorienter vers une transition. Plus on attendra plus ce sera difficile et de nombreuses stations se retrouveront dans un cul-de-sac.» Avec à terme le risque de la disparition comme Puigmal dans les Pyrénées Orientales, liquidée en décembre dernier.
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