Alors que les agriculteurs poursuivent leurs manifestations dans plusieurs villes de France mais également en Europe, en dénonçant les conditions difficiles liées à l’exercice de leur métier et les difficultés à en vivre décemment, nous revenons sur cette actualité avec Julien Dezécot, le directeur de publication du média Sans transition. Une chronique de l'émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Le monde agricole est en tension. Une semaine après les mobilisations, les manifestations se sont poursuivies ce début de semaine en Occitanie. Des blocages ont été organisés autour de Toulouse et Montauban devant la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) et sur l’autoroute A64.
À l’opposé des revendications des militants écologistes relatives à l’A64, les agriculteurs dénoncent quant à eux les politiques écologiques. En premier lieu la perte des avantages sur le gazole agricole est pointée du doigt notamment par les Jeunes agriculteurs de Haute-Garonne, ainsi que "la problématique de l’accès à l’eau, pour pouvoir irriguer les cultures".
Pour tenter d’apaiser leur colère, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture qui les a rencontrés hier avec le Premier ministre, a notamment annoncé un nouveau report du projet de loi d’orientation agricole, afin de l’augmenter d’un volet "simplification".
Parmi les sujets brûlants évoqués figurent les "négociations commerciales" sur les prix de l’alimentation, ainsi que l’accès à l’eau, une des problématique centrale soulevées par les agriculteurs. Marc Fesneau a affirmé lundi 22 janvier qu’il voulait accélérer la construction de réserves d’eau. En Vendée, il a d’ailleurs présenté un fonds de 20 millions d’euros pour améliorer le stockage et l’efficacité de l’irrigation. "Un très mauvais signal", souffle-t-on du côté du collectif Nourrir, qui regroupe des organisations écologiques et paysannes. Plusieurs observateurs du secteur l’affirment, "la transition agroécologique et l’adaptation de l’agriculture au changement climatique semble bel et bien en train de passer à la trappe".
Dans le numéro de Sans transition ! intitulé La faim justifie les moyens, nous avons exploré la question de la résilience alimentaire des territoires. Autrement dit, notre capacité à produire une alimentation saine et de qualité pour tous, malgré les risques majeurs auxquels nous sommes confrontés.
Pour nourrir sa population, la France a d’abord besoin de préserver ses terres agricoles et les personnes qui les travaillent. D’ici dix ans, un agriculteur sur trois arrivera à l’âge de la retraite, alors qu’une agriculture soutenable devrait être plus intensive en main-d’œuvre qu’en intrants et en machines. Si, à l’heure des élections européennes, la nouvelle politique agricole commune européenne ne nous met pas encore sur ce chemin de transition, certains nous montrent sur le terrain qu’une autre agriculture est possible. Pour cela, changeons radicalement de modèle : place à l’agroécologie.
Stop à l’uniformisation des cultures, aux produits phyto et au lourd travail du sol. Vive l'agriculture régénérative ! Associée à une bonne gestion de l'eau et à une consommation plus végétale et locale, elle seule nous permettra de bien nourrir toute la population à l’avenir et de relever à la fois les défis climatique, écologique et sanitaire. Pour cela, nous avons besoin d’un grand plan de formation pour permettre aux agriculteurs d’adapter leurs pratiques et de réorienter diamétralement les aides. Sur les territoires, les plans alimentaires territoriaux nous permettent que cette voie est possible économiquement et soutenable écologiquement.
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