Une saison bien particulière vient de débuter. Si les théâtres ne sont pas concernés par les dernières mesures annoncées par le gouvernement, contrairement à certains bars et restaurants, contraints à la fermeture, le secteur du théâtre paie un lourd tribut de cette crise sanitaire.
Les comédiens sont en première ligne de cette crise. Avec l’annulation ou le report de leur représentation, certains ont perdu une année de travail. C’est le cas de Caroline Rochefort, comédienne qui devait se produire au festival d’Avignon. Une festival qui aurait dû débloquer des dates pour l’année à suivre mais avec son annulation, la saison de la comédienne s’en retrouve totalement bousculée. "En terme d'exposition personnelle, c'est dur parce qu'on sait le temps qu'il faut pour qu'un projet ait lieu. J'ai un an où je n'ai rien, aucune date", regrette la comédienne.
Heureusement, elle bénéficie du statut d’intermittente du spectacle. Le ministère de la Culture a décrété une année blanche qui permet aux intermittents de conserver leurs aides même s’ils n’ont pas pu effectuer toutes les heures nécessaire pour les percevoir.
Pour les pièces qui se jouent encore, les salles sont loin d’être combles. Les professionnels du spectacle vivant estiment que la baisse de fréquentation est d’environ 30 à 50%. Pourtant, le protocole sanitaire est strict. Dans les salles, le port du masque est obligatoire et dans les zones à risque, un siège sur deux est imposé. Cela peut-être une une raison qui démotive les spectateurs à venir. C’est l’analyse de Frédéric Maurin, président du syndicat national des scènes publiques (SNSP) : "il y a une forme d'anxiété, un public qui est assez âgé dans une pratique de théâtre aussi. Le caractère de confort et d'inconfort avec un masque n'est pas très attractif".
Face à cette baisse d’activité, le gouvernement a alloué 435 millions d’euros du plan de relance au secteur du spectacle vivant, public et privé. L’objectif est d’aider les théâtres à se relever et particulièrement les établissements privés, nombreux à craindre une faillite. A la Comédie-Odéon, un théâtre privé de Lyon, il ne se joue plus que 4 séances par semaine contre 12 en temps normal. Son directeur, Julien Poncet, craint de graves conséquences financières. "On est tous arrivés au bout de nos trésoreries. Pour les théâtres privés, l'hiver c'est la période pendant laquelle on fait nos réserves et si on ne peut pas les reconstituer cet hiver, il est sûr qu'un grand nombre d'établissements vont mettre la clef sous la porte", raconte-t-il, inquiet.
Certains professionnels ont le sentiment que la culture est reléguée au second plan. Ils ne veulent pas être mis dans le même sac que les bars et restaurants. Frédéric Maurin, le président du SNSP aimerait qu’une politique culturelle ambitieuse soit portée par le gouvernement. "On attend une solidarité forte en considérant que la culture est un acteur du pacte républicain au même titre que l'éducation nationale ou la santé publique", assure Frédéric Maurin.
Les professionnels du secteur appellent donc les spectateurs à revenir au théâtre. Personne ne veut perdre le lien avec les spectateurs. Un lien qu’a retrouvé Alexandre Pesle, comédien, lors de son one-man-show. "Même s'il y a quatre spectacteurs dans la salle, on est heureux qu'ils soient là. Les gens se sont laissés embarqués et il y a une forme de remerciement de faire oublier pendant une heure et demie tout ce qu'il y a à l'extérieur", se réjouit le comédien. Certains établissements n’hésitent d’ailleurs pas à baisser leur tarif, pour être plus attractifs.
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