Peut-on vraiment échapper à la jalousie, à la convoitise ? Et comment alors bien vivre, être guidé par une certaine Sagesse ? L’histoire étonnante du roi Nakab qui voulait à tout prix prendre la vigne de son voisin Naboth est édifiante. Sans aucun pouvoir, le personnage ordinaire de Naboth va devenir la figure de celui qui est capable de dire non, et de maîtriser sa propre cupidité.
Il était une fois un roi, qui voulait absolument posséder la vigne de son voisin. Ce roi est mal-aimé, et même condamné par la Bible depuis qu’il a épousé Jézabel, car il ne suit plus le Dieu d’Israël. « Et c'est là le problème, parce que ce qui est reproché à Acab, ce n'est pas d'être un mauvais roi, un mauvais gestionnaire, c'est avant tout d’avoir embarqué son propre peuple dans l’infidélité, par une alliance conclue avec des dieux étrangers » souligne philippe Berrached, prêtre assomptionniste. Jézabel est une phénicienne, qui croit principalement dans les Dieux de Baal.
Et puis, dans ce livre, il y a un homme ordinaire, Naboth, qui possède une terre qu’Akab va convoiter. Il est fidèle au Dieu unique. Derrière cette figure de Naboth, c'est la figure du Juste que l’on retrouve dans l’Ancien Testament. Et c’est même la figure du juste qui est souffrant, autrement dit qui est martyrisé, rejeté.
Naboth va refuser la demande du roi Akab qui est de prendre possession de la vigne. Pourtant Akab propose un autre terrain, une vigne meilleure, et même de l'argent. Mais Naboth refuse. «C'est pour ça que c'est un récit passionnant, tout à fait actuel et qui a beaucoup de choses à nous enseigner sur notre manière de vivre, notre art de vivre. Parce que finalement, si on regarde bien nous avons tendance à être un peu comme Akab. Autrement dit, nous croyons qu’en échangeant les choses de manière juste, à prix d'argent ou en donnant une meilleure terre, la justice est accomplie » note le père Philippe Berrached.
« En refusant de céder la vigne, Naboth convoque son héritage : elle ne lui appartient pas, il l’a reçue de ses pères »
Or à première vue, Akab semble être juste. Mais ce n'est pas du tout ce que nous raconte l'histoire. « Naboth va mettre un tiers dans l'histoire. Il n'est pas simplement dans un vis-à-vis avec le roi. Et justement, c'est là que le récit est prophétique : est-ce que tout vis-à-vis est juste ? Ne faut-il pas un tiers ? Naboth va inviter Dieu dans ce dialogue » souligne Philippe Berrached. « En refusant de céder la vigne, Naboth convoque son héritage : elle ne lui appartient pas, il l’a reçue de ses pères, autrement dit par Dieu lui-même ».
D’une certaine manière, Naboth vient dire au roi : « Non seulement tu n'as pas tout pouvoir, mais moi aussi je n'ai pas tout pouvoir. Il y a un autre qui a un autre pouvoir, c'est le pouvoir de Dieu ». Naboth vient redire que les relations humaines sont tripartites. « Il y a, c'est vrai, effectivement, des rois, des peuples. Il y a aussi des puissants, des moins puissants. Mais il y a surtout Dieu qui est au milieu » relève Philippe Berrached.
Naboth, en invoquant l'intervention de ce tiers, affirme que dans les relations humaines, il n'y a pas que la volonté, il n'y a pas que ce que l'on désire, il y a aussi la place de Dieu. Et il y a aussi la place de la grâce.
La critique du pouvoir est au cœur du premier Livre des Rois. Ce Livre redit que le pouvoir ne saurait être au-dessus de la loi de Dieu, autrement dit dans la convoitise. « Finalement, à la racine de la convoitise, qu'est-ce qu’il y a ? Un désir mal ordonné, de la cupidité, une incapacité à se maîtriser ? » interroge le père Philippe Berrached.
Naboth se trouve face au roi Aqab, tout puissant, qui a beaucoup plus d'argent, qui a plus de moyens, plus de pouvoir. Mais finalement Naboth c'est celui qui a la plus grande maîtrise de lui-même. C'est celui qui est capable de dire non, celui qui est capable non seulement de s'opposer, mais qui est capable de maîtriser à la fois ses propres émotions, ses propres peurs, et aussi de maîtriser sa propre avidité. Tandis qu'Akab, lui finalement, veut assouvir ce désir d’un jardin potager. Cette convoitise occupe toutes ses pensées, et finalement, il n'a pas du tout cette maîtrise de lui-même. Il se laisse abattre, jusqu’à perdre sa place, et ne plus rien maîtriser.
Mais finalement Naboth c'est celui qui a la plus grande maîtrise de lui-même. C'est celui qui est capable de dire non, et non seulement de s'opposer, mais aussi de maîtriser à la fois ses propres émotions, ses propres peurs, et aussi sa propre avidité.
Dans la construction narrative de cette figure des justes, que l’on retrouve dans l’Ancien Testament, ce qui prime c'est la question de la fidélité. Pour les auteurs de ces Livres de l’Ancien Testament, ce qui donne justement cette assurance, cette maîtrise de soi, c'est la fidélité au Père, autrement dit la fidélité à la parole de Dieu, à la loi. L’infidélité à Dieu est incarnée par la figure de Jézabel, l’épouse du roi Akab, qui veut tout posséder.
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