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Palestine / Israël : un ou deux États pour la paix ?

Un article rédigé par Madeleine Vatel - RCF, le 10 juin 2024 - Modifié le 11 juin 2024
Je pense donc j'agisPalestine / Israël : un ou deux États pour la paix ?

Le conflit qui déchire Israël et la Palestine semble sans fin. Et pourtant, les pressions pour la paix se multiplient. Comment faire pour que les populations puissent vivre sur ce territoire ? Faut-il un ou deux États, et avec quelles conséquences ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Madeleine Vatel et Melchior Gormand.

Drapeaux israélien et palestinien © PexelsDrapeaux israélien et palestinien © Pexels

L’Irlande, la Norvège, l’Espagne et désormais la Slovénie ont reconnu l’existence d’un État palestinien. Dans le même temps, le président américain a proposé un plan de paix, pour passer d'un cessez-le-feu temporaire à une paix durable à Gaza. Mais les deux peuples peuvent-ils vraiment vivre ensemble sur cette terre, en sécurité, dans la dignité et la paix ? Et qu’est-ce qui les en empêchent : les drames récents, les pressions régionales, leur gouvernant, les franges les plus extrêmes, leur passé, leur religion, leur fierté ?

Le plan de paix et le cessez-le-feu proposé vendredi 31 mai par le président américain démocrate Joe Biden ouvre un horizon d’apaisement, et interpelle la communauté internationale en exerçant une pression sur le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Il est accusé de poursuivre des intérêts personnels depuis des années pour éviter d’avoir à affronter la justice. "Le plus important est de comprendre que la force ne mène à rien. Combien de preuves faudra-t-il encore pour comprendre cela ?", rappelle Metin Arditi, écrivain francophone d’origine turque sépharade, et très investi sur le terrain au Proche-Orient.

La force ne mène à rien. Combien de preuves faudra-t-il encore pour comprendre cela ? 

"Je suis toujours très prudente, car l'histoire montre qu'aucune solution n'a jamais vraiment été trouvée. Ceci dit, ce cessez-le-feu est vraiment très important. D’abord pour les Gazaouis, car les conditions dans lesquelles ils vivent sont inhumaines, et les aides humanitaires ne leur parviennent pas", rappelle Antonella Bellantuono, théologienne, docteur en histoire des religions et responsable des relations internationales à l'université catholique de Lille. Ce plan prévoit le retrait de l’armée israélienne "des zones habitées" du territoire palestinien pour six semaines, la libération de certaines otages israéliens, et la remise en liberté de prisonniers palestiniens. La troisième phase consistera à reconstruire la bande de Gaza (hôpitaux, écoles, habitations, etc.) avec le soutien de la communauté internationale.

Une seule solution, vivre ensemble 

À la question "faut-il un ou deux États ?", Metin Arditi insiste sur le retour à une dynamique de négociation entre l’État d’Israël et le peuple palestinien. Mais comment trouver une solution, pour enfin vivre en sécurité, dans la dignité et la paix quand l’histoire semble dire toute l’impasse, depuis bien longtemps déjà, en 1916 avec les accords de Sykes Picot. Cet accord secret franco-britannique concernait le démembrement de l'Empire ottoman et, plus spécialement, le partage de ses provinces arabes entre la France et la Grande-Bretagne. "L’histoire du Proche-Orient, c’est l’histoire d’un problème qui est mal posé, et depuis le début. En 88 ans, il s’est passé douze guerres", se désole Metin Arditi, auteur de Rachel et les siens. "La pire des choses qui pourrait arriver, c’est qu’une guerre mène à une victoire totale. Car cela signifiera la disparition soit d’État Israël, soit celle des populations palestiniennes. Et le vainqueur sera ostracisé pour des siècles. Ces deux peuples n’ont donc pas d’autres choix que de vivre ensemble."  

Pour Salam Kawakibi, le rôle de la communauté internationale est important, mais "son premier devoir c’est d’arrêter de mentir, de stopper son hypocrisie", estime le politologue qui insiste sur les origines du terrorisme et la politique de deux poids deux mesures. "Le peuple palestinien n'a été pas été délaissé seulement depuis le 7 octobre, mais bien avant 1948, avant même la construction des premiers kibboutz. Désormais, des pays historiquement neutres comme la France ont abandonné cette neutralité et deviennent des suivistes de Netanyahou ou des Américains", soutient celui qui est aussi directeur du Centre Arabe de Recherches et d'Etudes Politiques de Paris (CAREP). 

Un ou deux États ?

Alors concrètement, faut-il un ou deux États ? Au-delà de cette trêve proposée par les États-Unis et, si elle est acceptée, qu’est-ce que cela impliquera dans le quotidien des habitants ? Pour la théologienne Antonella Bellantuono, une grande partie des Israéliens est opposé à une terre à deux États. "La population israélienne a peur d’un État palestinien, peur de ne pas vivre en sécurité, peur de ne pas trouver la paix, peur des attaques terroristes". Metin Arditi connait bien aussi le Proche-Orient par le terrain : il y a créé deux fondations. La première, Les Instruments de la Paix, co-présidée avec le diplomate palestinien Elias Sanbar, encourage l’éducation musicale d’enfants de Palestine et d’Israël. La deuxième, la fondation Arditi pour le dialogue interculturel, organise des échanges d’écriture entre étudiants israéliens juifs et israéliens arabes, dans lesquels chacun doit écrire une fiction en se mettant dans la peau de l’autre. "Plus on imagine un État palestinien comme un État normal, moins Israël risque d’être attaquée par le suite. Plus l’État palestinien sera un pseudo-État, plus Israël sera en insécurité", explique-t-il.

Mais la question reste celle des colonies, qu’il semble difficile de démanteler. Tous ont en mémoire l’initiative de l'ancien premier ministre israélien Ariel Sharon en 2005. Il avait déménagé des colonies juives du Goush Katif. Les images des habitants évacués, et notamment des juifs ultra-orthodoxes récalcitrants, encadrés par l’armée israélienne ont fait le tour du monde. Le plan de désengagement unilatéral proposé par Ariel Sharon avait été perçu au niveau international comme un tournant dans la politique poursuivie par Israël dans les territoires occupés. Ce plan prévoyait le retrait des 21 colonies juives de la bande de Gaza et de quatre autres en Cisjordanie. Vivre ensemble est-il alors l’unique solution ? Le pape François a redit vendredi 7 juin la nécessité de parvenir à une cohabitation des deux peuples. "Ne cessons pas de rêver de paix et de construire des relations pacifiques ! Chaque jour, je prie pour que cette guerre s’achève enfin."

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