Entamée le 2 décembre, la 16e conférence des parties sur la lutte contre la désertification se terminera vendredi à Riyad, en Arabie Saoudite. Plus discrète que les COP sur la biodiversité et le climat. Cette COP 16 traite des sécheresses et de leurs conséquences notamment la dégradation des terres fertiles
C’est la troisième COP de l’année 2024. Après la COP de Cali sur la biodiversité et celle de Bakou pour le climat, la COP16 de Riyad mobilise 192 pays contre la désertification.
"La désertification, c’est la dégradation des terres dans les zones sèches au sens large. Avec d'avantage de sécheresses, les sols perdent leur capacité de production. Ils ont moins de biodiversité" explique Oumarou Malam Issa, directeur de recherche à l’IRD spécialiste des sciences du sol et présent à Ryad pour cette COP. Chaque année, 12 millions d’hectares sont perdus en raison de la sécheresse et de la désertification, alertait l’association Agrisud dans une tribune publiée fin novembre.
"Cette dégradation des sols est indissociable du dérèglement climatique" rappelle Antoine Gilod, consultant indépendant sur les questions climatiques.
Ce n’est pas un phénomène instantané mais progressif. Les sécheresses sont les éléments facilitateurs, mais ensuite le responsable principal, c’est le vent. "Un sol sec et nu, s'il est meuble, s'il est sableux, est très propice à l'érosion éolienne. Dès que le vent va souffler et atteindre une certaine valeur limite, les particules du sol vont se mettre en mouvement. Sur le long terme, cela contribue à appauvrir les sols qui sont soumis à cette érosion" précise Beatrice Marticorena, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des phénomènes d’érosion éolienne. Certaines pratiques agricoles peuvent aussi accélérer le phénomène de dégradation des sols.
La désertification inquiète l’ONU pour la sécurité alimentaire mondiale. "Moins de sols fertiles disponibles pour l’agriculture cela a un impact économique, mais aussi social et sur la mobilité des populations touchées" souligne Oumarou Malam Issa. Selon une étude publiée durant cette COP16, les sécheresses représentent un coût de 300 milliards de dollars pour l’économie mondiale. 2 milliards de personnes vivent dans des zones sèches. 40 % de la superficie de la planète se dégrade en raison du manque d'eau sur l’ensemble des continents principalement en Afrique, mais aussi en l’Asie ou en l’Amérique latine.
L’Europe n’est pas épargnée. Les sècheresses à répétition posent question pour l’avenir de l’agriculture. Lors de cette COP, la France s’est déclarée "pays affecté" par la désertification. Elle rejoint les 169 pays qui se disent déjà touché comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce. Pour enrayer ces effets, le développement de pratiques agricoles moins agressives font partie des sujets de cette COP16.
Des solutions existent, testées dans certains pays, elles permettent de protéger les sols d’une dégradation, voir de les récupérer.
Mais se pose la question des financements comme pour les autres COP. L’Arabie Saoudite a promis "un fond de résilience" de 2 milliards de dollars. Les participants insistent aussi sur la nécessaire interconnexion entre les différents COP sur l'ensemble des enjeux liés au climat.
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