Sandrine Broutin de la Fondation Falret nous parle d’une maladie ayant contribué à libérer la parole sur les problèmes de santé mentale ; certains n’hésitant pas à la qualifier de mal du siècle : la dépression.
Le fait que la dépression soit l’une des maladies psychiques les plus fréquentes peut en effet expliquer ce qualificatif de mal du siècle. Peut-être aussi parce qu’elle survient à tout âge. 12,5 % des Français adultes auraient présenté un épisode de dépression caractérisé et encore plus pour les 18-24 ans.
Selon l’OMS, la dépression est la première cause de morbidité et d’incapacité dans le monde ; il y a 9 000 suicides en France chaque année. Cette souffrance fait résonnance avec un mal d’un siècle plus ancien. Au 19ème, on découvrait le malaise d’une génération d’artistes romantiques, un état d’âme façonné par l’ennui, la nostalgie, la désillusion ou la lassitude. C’est le spleen de Baudelaire et son « jour noir plus triste que les nuits », c’est « le Soleil noir de la Mélancolie » de Narval dont les rayons obscurs éteignent tout espoir. La mélancolie illustrait un état dépressif à l’époque, et bien d’autres mots : langueur, ennui et neurasthénie. Les anciens croyaient en un excès de bile noire melas kholê -mélancholie- un empoisonnement de l’intérieur. Plus récemment Lars von Trier avec son film Melancholia l’a mise en scène telle une angoisse asphyxiante face à la fin d’un monde.
En fait, on n’en connaît toujours pas les causes, c’est une combinaison de facteurs environnementaux et individuels. La dépression est là, depuis toujours, identifiée depuis l’antiquité, elle a changé de nom, elle est à visage multiple mais elle fait des ravages. On parle de "formes de dépression" au pluriel, des troubles dépressifs qui vont des plus légers et passagers comme la déprime saisonnière aux plus sévères : baby-blues, détresse réactionnelle, post-traumatique, dépression mélancolique.
Avoir une baisse de morale, un coup de blues, cela arrive à tout le monde. Se sentir déprimé n'est pas toujours synonyme de dépression. On peut tous connaître un état de fatigue, un ralentissement psychomoteur, un sommeil insuffisant ou excessif, pareil pour l’appétit. Certaines manifestations comme la tristesse ou l’anxiété peuvent survenir en réaction à des évènements de la vie. Mais quand le mal-être s’installe pendant au moins deux semaines avec des symptômes physiques et psychologiques perturbant fortement le quotidien, on considère que c’est une pathologie, la dépression.
Il ne faut pas hésiter à consulter pour mieux comprendre ce que l’on traverse. Il ne faut pas attendre pour voir son médecin qui pourra évaluer si c’est une dépression ou autre chose. Sortir seul de cet état, ou par la seule volonté n’est pas réaliste ! La dépression doit être soignée pour ne pas se compliquer ou devenir chronique. Chez 80 % des personnes, ces épisodes dépressifs reviennent. Il existe des traitements médicamenteux et psychothérapeutiques avec diverses formes de soutiens efficaces pour éviter la récidive de ces épisodes et prévenir les tentatives de suicide.
Ressources :
- https://www.psycom.org/comprendre/la-sante-mentale/les-troubles-psy/troubles-depressifs/
- https://www.inserm.fr/dossier/depression/
Une chronique en partenariat avec la Fondation Falret, une fondation reconnue d'utilité publique, fondée en 1841 par le psychiatre français Jean-Pierre Falret; elle accompagne des personnes souffrant de troubles psychiques et/ou en difficultés psychosociales afin qu’elles trouvent leur place dans la société et exercent pleinement leur citoyenneté.
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