« Rassemblés, sanctifiés, envoyés » c’est le thème du rassemblement des 600 séminaristes français à Paris ce week-end. C’est là 3ème fois en 20 ans qu’un tel évènement est organisé. Ensemble pendant 3 jours, ils ont vécu un moment de rencontres, de prière et de mission dans les grands lieux spirituels de la capitale de Montmartre au parvis de Notre Dame et dans toutes les paroisses. Ce pèlerinage parisien était aussi un moment de témoignage au plus grand nombre de « la beauté et la joie de répondre à l’appel à devenir prêtre. ». L'occasion de découvrir la formation des prêtres en France.
La formation des futurs prêtres s’articule autour de 4 piliers : humain, intellectuel, spirituel, et apostolique. C’est l’équilibre entre eux qui permet au prêtre de s’épanouir dans notre monde. Béatrice Lugagne-Delpon, professeur de philosophie au séminaire de Versailles explique : « On ne peut pas faire de philosophie sans se poser de questions existentielles qui touchent au spirituel, à l’humain et à la manière d’être ancré et équilibré. » En ce sens, celle qui est aussi membre du conseil du séminaire de Versailles précise que la formation des séminaristes les ouvre sur le monde. Ils sont accompagnés par des prêtres et des laïcs formateurs, des familles d’accueil avec lesquels ils vivent des expériences humaines, ils vont au théâtre, ils participent à des pèlerinages, ils font de l’évangélisation de rue …
La formation des séminaristes en France se déroule en 4 grandes phases : la propédeutique la phase de discernement vocationnel, le premier cycle de philosophie appelé désormais cycle de formation du disciple-missionnaire, le second cycle de théologie appelé désormais cycle de configuration au Christ et la dernière phase avec l’institution au lectorat et l’acolytat avant l’ordination diaconale puis presbytérale.
Le programme fixé par le Vatican, la Ratio fundamentalis, est régulièrement adapté aux réalités locales dans une Ratio nationalis. La dernière a été mise en œuvre à la rentrée de septembre 2023 avec deux grands axes principaux fixés par le pape. D’abord que le niveau d’étude, la capacité intellectuelle ne soit pas le seul critère d’évaluation des séminaristes. Ensuite, que les autres piliers de la formation soient revalorisés et bien validés étape par étape au fur et à mesure du séminaire.
Depuis le rapport de la CIASE sur la pédocriminalité dans l’Eglise, la prévention s’est renforcé dans la formation des futurs prêtres. Mgr Mikas, évêque de Lourdes et président du Conseil pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale (Cemoleme) de la Conférence des évêques de France (CEF) explique que « les séminaristes sont formés à une vie affective, personnelle, sexuelle équilibrée, mature et ordonnée pour quelqu’un qui va s’engager dans une vie de célibataire chaste et continent ».
Pour cela, les séminaires organisent des ateliers dans lesquels les jeunes sont accompagnés par des psychologues qui aident les formateurs à détecter parfois des fragilités. Mais Béatrice Lugagne-Delpon explique que « les formateurs n’ont pas la maitrise totale de l’évolution des séminaristes, il peut nous échapper des facettes clivées. »
Il y a aujourd’hui 700 séminaristes en France répartis dans 25 séminaires (13 diocésains, 9 communautaires, 1 à Rome). La fraternité est essentielle pour eux explique le Père Thomas Poussier recteur du séminaire d’Aix en Provence et secrétaire du conseil national des grands séminaires : «Il y a un vrai enjeu aujourd’hui de tisser des liens fraternels parce que le tissu chrétien s’amenuise et aussi parce qu’il y a une vraie émulation à la sainteté et à la vigueur pastorale quand on est plusieurs prêtres dans la même paroisse. La fraternité est un signe d’espérance, pour l’Eglise de France, Dieu appelle des hommes à devenir prêtre ! »
Le pape François a écrit aux séminaristes réunis à Paris. Il les invite à adopter « un style pastoral de proximité ». Répétant la formule qu’il utilise régulièrement il a rappelé qu’un prêtre est un homme qui « connaît l’odeur de ses brebis ». Sur la question du célibat il écrit : « Le prêtre est célibataire parce que Jésus l’était, tout simplement. »
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