Le Carême et le Ramadan, deux évènements phares des religions chrétienne et musulmane, ont à peu près coïncidé cette année et soulèvent la question du dialogue islamo-chrétien. Beaucoup de personnes et d’associations considèrent que ce dialogue doit être davantage développé et œuvrent en communauté dans cette direction.
En France, le christianisme et l’islam sont les deux religions principales. Elles comportent respectivement 38 et 6 millions de croyants, réunissant ainsi à elles seules plus de la moitié de la population française. Pourtant, elles apparaissent souvent comme contraires, que ce soit en raison des discours parfois tenus sur la scène publique ou à cause d’une méconnaissance générale. Cependant, des points communs existent entre celles-ci. “Il faut créer des liens et des ponts entre elles”, estime Hélène Millet, ancienne co-présidente chrétienne du Groupe d'Amitiés Islamo-Chrétienne (GAIC).
Cette figure centrale dans la Bible, est aussi “le seul personnage féminin mentionné explicitement dans le Coran”, indique Haydar Demiryurek, co-président musulman du GAIC. Marie est un modèle de foi entre les deux religions. Elle est notamment priée par un grand nombre de musulmanes puisqu’elle est “présentée comme la mère de Jésus, un prophète vénéré dans l’islam”, explique Haydar Demiryurek. Jacques, un auditeur, raconte : “Comme bénévole dans une association, je suis amené à côtoyer beaucoup de musulmans ; la médaille de Marie que je porte à mon cou est souvent le déclencheur d’intenses partages. Une femme m’a dit récemment, quand on prie, vous et moi, on se tourne dans la même direction”.
Selon Gérard Testard, président et fondateur de l'association Efesia, “Marie permet tout de même d’avoir une participation de bénévoles musulmans jusqu’à 30 ou 40%. Ils l'aiment !”. Ce dernier cite en particulier l'association Ensemble avec Marie, qui réunit beaucoup de chrétiens et musulmans. Cela facilite la rencontre, “mais le travail reste à faire”, confie-t-il.
Le ramadan touche à sa fin, et à cette occasion se tient, vendredi 21 avril, l’iftar. Après un mois de spiritualité intense, ce repas est important dans la religion musulmane et met fin au jeûne. Ainsi, beaucoup de musulmans offrent à d’autres, notamment à des chrétiens, la possibilité de partager avec eux ce repas. C’est ce qui est fait au GAIC : “on a une réelle volonté de faire connaître chacune des religions à l’autre”, indique Haydar Demiryurek et de compléter “lorsqu’on se rencontre en tant que croyants, cela donne lieu à des moments forts en émotion et à des actions. Il suffit d’un prétexte pour se rencontrer”.
“Les demandes sont importantes des deux côtés et partout dans le monde. On a besoin les uns des autres”, estime Gérard Testard. C’est pourquoi une vision se développe petit à petit à travers le monde. “Il y a une constante recherche de prises de décisions communes et d’activités menées en commun, de développer l'amitié”, raconte Hélène Millet.
Parmi les actions mises en place, l’association Efesia propose par exemple des moments de prière, d'échanges sur la vie et la spiritualité. “Nous faisons aussi des visites en prison, dans des collèges et lycées où vont un chrétien et un musulman pour témoigner de leur engagement mutuel et de leur fraternité”, détaille Gérard Testard. En effet, la construction d’un dialogue passe également par une sensibilisation des jeunes générations de chrétiens et de musulmans. “Il y a des différences irréductibles entre les deux religions mais il suffit d'en être conscient, de parler, et de s'écouter les uns les autres”, explique le président et fondateur de l'association.
L'altérité reste l’un des défis majeurs à dépasser pour bâtir un dialogue aux fondations solides. “L’ignorance est omniprésente aujourd’hui. Les croyances sont différentes et cela demande de se contrôler soi-même pour éviter de mal réagir”, précise Hélène Millet. “Dans notre société telle qu’elle est organisée, les musulmans dans un quartier et les chrétiens dans un autre, il faut créer des raisons de se rencontrer puisqu’elles ne sont généralement pas naturelles”, ajoute l'ancienne co-présidente du GAIC.
Mais il est possible de travailler sur les amalgames, “il suffit d’être ouvert et de ne pas être identitaire en étant serein sur son appartenance et son identité”, estime Gérard Testard. Le dialogue islamo-chrétien n’est ainsi pas en panne. “S’écouter et être capable de partager est essentiel ; la finalité reste la fraternité universelle”, complète-t-il.
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