Diocèse de Séez: les raisons de l'espérance de Mgr Feillet

Une réforme fondamentale pour l'Eglise de l'Orne

L'évêque de l'Orne ouvre sa lettre pastorale par des remerciements aux chrétiens, laïcs et personnes ordonnées, qui depuis septembre 2022 se sont engagés généreusement dans la réflexion "Séez 2023-2024". Des chrétiens « qui, courageusement, découvrent et assument les exigences de cette recomposition ». Le diocèse, à l'image des diocèses voisins de la Manche ou du Calvados, a restructuré le cadrillage du territoire en cinq doyennés et 10 paroisses en vue de pouvoir assumer dans la décennie à venir l’objectif principal de toute pastorale : « Annoncer le règne de Dieu et guérir les malades ». 

Comme le dit le Cardinal Bustillo nous devons passer du Livre des lamentations au Cantique des cantiques

Les dix paroisses doivent permettre de  trouver "la célébration eucharistique dans « l’église mère » de la paroisse tous les dimanches, toute l’année, à la même heure". Elle sera desservie par au moins deux prêtres en activité. A l'échelon inférieur, les communautés locales assurent " une forme de visibilité ecclésiale et une activité pastorale au plus près des personnes". L'évêque de Séez insiste sur le fait que si ces communautés locales correspondent aujourd'hui, peu ou prou, aux anciennes paroisses, "l'objectif sera atteint lorsque nous aurons plus de communautés locales que d'anciennes paroisses". Des communautés qui pourraient émerger au sein d'associations ou de mouvements, auprès de monastères ou communautés religieuses, etc... Enfin, les fraternités de proximité constituent la sève de la nouvelle organisation diocésaine. Ce sont de petits groupes de chrétiens "rassemblés autour d’un projet simple comme le partage de la Parole de Dieu, la prière, un soutien fraternel dans la vie quotidienne…" 

L'Evangile du "partage des pains" comme boussole

La lettre pastorale de Mgr Feillet s'inscrit dans le jubilé de l'Espérance voulu par le pape François tout au long de l'année 2025. C'est l'occasion pour l'évêque de l'Orne de partager l'Espérance qui l'anime en s'appuyant sur l'évangile appelé communément de "la multiplication des pains"*. Il voit plutôt à travers ce célèbre miracle de Jésus-Christ le partage du fruit du travail des hommes." Jésus, insiste l'évêque, ne dit jamais qu’il a multiplié les pains mais qu’il les a « rompus » (Mc 8, 19-20).107 Jésus partage ce qu’on lui a donné. " Et c'est un signe qui devrait porter à l'Espérance. "Il ne faut pas désespérer de ce que nous ne pourrons pas faire tout de suite, mais se réjouir de ce que nous pouvons faire maintenant et le confier au Christ." Et d'ajouter: "Et c'est à lui de partager - tel les cinq pains et deux poissons - ce que nous avons fait." "Il faut lui faire confiance, insiste Mgr Feillet, un sourire aux lèvres, à chacun son job..."

Nous sommes créatifs en France et nous sommes capables de belles choses

Cependant, l'évêque de Séez, arrivé dans le diocèse en 2021, reconnait que voir la lumière de l'Espérance est une attitude qui demande un effort et qui s'apprend. Il cite dans sa lettre pastorale une liste non exhaustive de petites choses vues et entendues dans son diocèse normand qui le remplissent d'espérance. Parmi elles, l'ouverture d'une centaine d'églises ornaises pour des moments de prières à l'occasion du Congrès mission fin septembre 2024. "La foi augmente en ce moment dans le peuple de Dieu." Preuve à l'appui selon lui, les chiffres toujours grandissant du nombre de baptêmes et de confirmations d'adultes. 

* Matthieu, chapitre 14, versets 14 à 21, puis à nouveau 15, 32-38 ; Marc 6, 34-44, puis à nouveau Marc 8, 1-9 ; Luc 9, 12-17 ; Jean 6, 5-14

Deux enjeux majeurs pour le diocèse

Le gel des vocations sacerdotales dans son diocèse attriste l'évêque qui n'aura sans doute pas la chance dans les dix ans à venir d'ordonner un nouveau prêtre dans la cathédrale Notre-Dame de Séez. C'est avant tout pour lui "un manque" dont va pâtir la communauté des croyants. Car les chrétiens ont besoin d'hommes en capacité de recevoir l'Eucharistie, le sacrement du baptême, celui de la réconciliation.

Mgr Feillet veut croire que d'autres lumières existent. Ainsi, de la formation des chrétiens, qui pour lui n'a jamais été aussi poussée. "Ca portera des fruits", explique-t-il. Deux enjeux majeurs s'offrent au diocèse selon lui. Le premier est la capacité que les chrétiens auront encore de vivre et annoncer l'Evangile à leurs contemporains. "Cette mission est constitutive de l'Eglise." Cela passe donc par une conversion personnelle des fidèles et des pasteurs, mais aussi par une nouvelle organisation qui doit être choisie et vécue dans une collaboration saine et fraternelle entre prêtres et laïcs.

Cette lettre pastorale de Mgr Bruno Feillet est disponible sur le site du diocèse de Séez.