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Édito de Julien Dezécot - Les manquements de l’État pour la gestion du grand cycle de l'eau

RCF, le 20 juin 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito de Julien Dezécot - Les manquements de l’État pour la gestion du grand cycle de l'eau

Après les Pyrénées-Orientales, c’est au tour du territoire de Belfort, de l’Ain ou encore de l’Aveyron de renforcer ses mesures de restriction d’eau. Au moment où ving-huit départements sont exposés à des risques très élevés pour cet été, la revue Sans transition sort son nouveau numéro intitulé : "Scandales en cascade - Repenser nos usages et la gestion de l'eau".

Manifestation à Nantes, le 11/06/2023 ©Jeremie Lusseau / Hans LucasManifestation à Nantes, le 11/06/2023 ©Jeremie Lusseau / Hans Lucas

Dans son rapport de mars dernier, la Cour des comptes pointe les manquements de l’État et la désorganisation des collectivités territoriales pour la gestion du grand cycle de l'eau. Défaillances de l’État et mauvaise organisation des collectivités territoriales. La haute Cour appelle notamment à revoir les structures en charge des sous-bassins versants et à élaborer davantage de schémas d'aménagement et de gestion des eaux (Sage).

 

Illustration de son constat cinglant : "L’administration de la politique de l’eau mise en place depuis 1964 a permis d’assurer l’alimentation en eau potable et de réduire une partie de la pollution des milieux aquatiques. Mais les résultats obtenus ne permettent pas de garantir aux citoyens un accès durable à tous les usages pour lesquels l’eau est indispensable, tout en préservant la qualité de la ressource et en limitant les prélèvements à un niveau compatible avec son renouvellement."

 

À l’occasion du 22 mars dernier, journée internationale de l’eau, les Nations unies ont également
publié un rapport alarmant
sur l’accès global à l’eau potable, point de crispation majeur à l’échelle planétaire... D’après l’ONU, deux milliards d’humains n’ont pas d’accès régulier à l’eau douce. Et la situation va s’aggraver. Les raisons : hausse de la population, pollution des sources, changement climatique, qui accentue notamment les sécheresses.

 

Dans l'Ouest américain, des dizaines de millions de personnes dépendent ainsi du fleuve Colorado pour leur eau courante. Cette ressource précieuse constitue un approvisionnement crucial pour des villes comme Las Vegas ou Los Angeles, ainsi que pour les terres de milliers d'agriculteurs. Mais les réservoirs, qui collectent l'eau de la rivière pour la redistribuer via des canaux, sont historiquement bas, après deux décennies de sécheresse. Pourtant, face à cette ressource en déclin, les sept États liés à ce fleuve ont remis fin mai à l'agence fédérale chargée du partage de l'eau un plan commun pour réduire leur consommation.

 

Ce fleuve approvisionne 40 millions de personnes et irrigue des millions d’hectares de terres arables pour nourrir l’Amérique. Or ces dernières années, son débit a chuté de près d’un tiers. L’accord prévoit d’économiser 3,7 milliards de mètres cubes d’eau d’ici 2026. La Californie, le Nevada et l’Arizona ont accepté de réduire leur consommation d’eau en provenance du fleuve de 13%.

 

Ce pacte historique trace la voie du nécessaire partage de l’eau développé dans ce numéro estival de Sans transition. Car pour réussir la transition écologique, nous allons devoir co-construire des accords locaux avec l’ensemble des acteurs : agriculteurs, industriels, collectivités, citoyens... Si les compromis s’avéraient inéquitables, d’autres foyers de contestation surviendraient, à l’image de Sainte-Soline ce printemps et les guerres de l’eau se poursuivraient. N’ayons pas peur des mots, derrière la question de l’eau se pose inéluctablement celle de notre modèle agricole. Comme vient de le faire l’administration Biden : minimiser l’usage de l’irrigation et revoir radicalement nos pratiques à l’heure du changement climatique, vont devoir être au menu des prochaines négociations collectives...

 

> Magazine Sans Transition

 

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