C’est Emmanuel Macron qui a décidé de nous parler de souveraineté cette semaine. Il a commencé hier, en direct d’une usine ardéchoise, pour nous dire que la France allait se remettre à produire des médicaments. Il poursuivra ce mercredi, en direct du salon Vivatech cette fois, Porte de Versailles, à Paris, pour évoquer la course à l’innovation technologique et les enjeux de l’intelligence artificielle pour notre pays. Pour finir, une troisième séquence de communication présidentielle est envisagée en amont du salon du Bourget (qui débute lundi prochain) sur le thème de l’avion du futur, à hydrogène. Le message est clair.
Qu'est-ce que le président est en train de nous dire ? Deux choses. Un, que la France avance. Les fâcheries autour de la réforme des retraites, c’est fini. Et deux, que la locomotive du pays, c’est lui.
C’est le chef de l’État qui fait les annonces concernant leurs secteurs d’activités, ils se contentent de l’accompagner dans ses déplacements. On s’y est habitué, depuis le temps - ça ne date pas des 100 jours - mais cet exercice du pouvoir, en solitaire, "à la Jupiter", est de plus en plus marqué, et d'autant plus curieux qu'il a pour but de démontrer que le président progresse, alors même qu'il n'a jamais été aussi coincé.
Emmanuel Macron est coincé politiquement parlant, j'entends. Jouez-vous aux échecs ? Eh bien on peut dire qu'Emmanuel Macron est "pat" au sortir de la crise de la réforme des retraites. Elle est passée, il n'est pas battu, mais le roi est coincé sur l'échiquier. Il ne peut plus bouger. Il est "échec et pat".
Élisabeth Borne (la reine) a survécu lundi à la 17e motion de censure visant à faire tomber son gouvernement (dix-sept en moins d'un an) mais elle sort étrillée de cet interminable bras de fer, à la merci des Républicains qui, le jour où ils décideront de présenter une nouvelle motion de censure en leur nom, savent qu'elle sera votée. Cette perspective leur donne un confortable levier pour faire pression sur le gouvernement. Renaissance voudrait faire alliance avec eux pour sortir de l'impasse, mais les LR ne le veulent pas, et n'y ont objectivement aucun intérêt.
Pendant ce temps-là, la gauche se chamaille sur la poursuite, la transformation ou la fin de la Nupes, preuve qu'elle est elle aussi passée à autre chose. Et le Rassemblement national fait ce qui lui réussit le mieux depuis la présidentielle : rien. Moins le parti de Marine Le Pen en fait, plus il monte dans les sondages. Alors pourquoi changer de recette ?
Et probablement jusqu'à la fin de ses fameux 100 jours, qui s'arrêteront le 14 Juillet prochain. La session parlementaire sera prolongée d'une petite semaine, et puis tout s'éteindra, trêve estivale oblige. Enfin. À dire vrai, je soupçonne la majorité des Français et des Françaises d'avoir pris congé des facéties parlementaires et politiques depuis belle lurette, déjà. Un conflit social aussi long, ça use. Et ça lasse. Remaniement, dissolution, changement de premier ministre ou paralysie générale jusqu'à la fin du quinquennat, on se re-penchera sur la question à la rentrée. Après l'été. Parce qu'en attendant la retraite, des vacances feront du bien à tout le monde...
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