Marseille
Emission spéciale cette semaine, entièrement consacrée au drame de la rue Tivoli qui s’est déroulé à Marseille dans la nuit de Pâques. L'effondrement d’immeubles a fait huit victimes tandis que près de 200 personnes ont été délogées.
Un fort élan de solidarité s’est mis en place depuis le drame et une veillée de prière a rassemblé 300 personnes, lundi soir, pour soutenir le quartier. Des événements sur lesquels nous revenons avec Olivier Passelac, religieux de l'œuvre Allemand, et Olivier Raoul-Duval, pasteur.
Olivier Passelac, responsable de l'œuvre de jeunesse Allemand, située à quelques encablures de la rue de Tivoli, a vécu au plus près ce drame. “On sortait de la veillée pascale qu’on avait prolongée par un grand méchoui de 120 personnes qui faisaient un repas festif, raconte le religieux, on était en train de ranger quand l’explosion a eu lieu. À vol d'oiseaux, c’est à 100 mètres donc les gens ont entendu très fort le bruit”. A la joie de la fête succède la violence de la sidération quand les convives voient le nuage de poussière et de fumée et réalisent petit à petit la gravité de ce qui vient de se passer dans leur quartier.
Très vite, un fort élan de solidarité se met en œuvre et des familles de l'œuvre Allemand qui ne pouvaient pas rentrer chez elles ont, tout de suite, été hébergées par des amis.
L'œuvre Allemand accueille également des élèves de l’école de la rue de Tivoli dont les locaux servent de poste de commandement aux marins-pompiers de Marseille. Des enfants marqués par la drame.
Pour Olivier Passelac, il s’agit “de faire comprendre aux jeunes que ce n’est pas parce qu'on est croyant qu’on a les réponses à tout, et répondre au mal en l’expliquant, ce serait commencer à le justifier (...). La religion donne des ressources pour traverser les épreuves mais elle n’explique pas pourquoi on vit les épreuves, pourquoi il y a du mal, pourquoi il y a de la souffrance (...). La religion nous accompagne dans la façon dont on arrive à vivre avec cette condition dramatique qu’est la condition humaine, marquée par le mal, la souffrance et parfois ce qui n’a pas de sens (...). Dieu nous accompagne dans ce qu’on vit mais il n’est pas la cause de ce qu’on vit”.
L’effondrement des immeubles a eu lieu la nuit de Pâques. Un moment “saisissant” pour Olivier Passelac qui poursuit: “on sortait d’une célébration qui est la plus importante pour les chrétiens, la résurrection du Christ, la victoire contre le mal et la mort et puis, quelques minutes après, mal et mort nous ont rattrapés”. L'œuvre a dû faire face aux questions des enfants, qui voient le quartier qu’ils ont toujours connu, meurtri et défiguré.
Olivier Raoul–Duval, pasteur à Marseille, n’habite pas très loin de la rue d’Aubagne et le drame de la rue de Tivoli résonne en lui de manière douloureuse. “La nuit de Pâques, on fête la résurrection, on fête la victoire de la vie sur la mort et puis la mort arrive et je trouve qu’il y a quelque chose de l’ordre de la résurrection dans ce qui se passe dans l'œuvre que dirige Olivier Passelac (...). Permettre à des enfants, des collégiens, de dire leurs souffrances, de trouver un havre de paix au milieu d’un quartier abîmé, je trouve qu’il y a un témoignage qui est extraordinaire”.
Pourtant, il n’est pas toujours simple d’évoquer l'espérance face à un “mal qui nous rejoint de façon très abrupte”. Pour Olivier Passelac, l’espérance c’est une façon de se dire que “la mort et le mal n’auront pas le dernier mot. Même pour ceux qui sont décédés, nous savons que leur vie n’est pas détruite et réduite en poussière sous des tonnes de gravats, non seulement dans la mémoire de ceux qui les ont aimés mais aussi dans le cœur de Dieu (...). Cela donne du sens et aide à traverser les épreuves”.
Le pasteur Olivier Raoul-Duval complète, en se référant au livre de l’Apocalypse: “ la victoire sur le mal est déjà acquise! Pour une communauté qui est en train de souffrir, ayons de l'espérance même dans les situations compliquées et difficiles”.
Comme le rappelait le cardinal Jean-Marc Aveline dans son homélie, face à la souffrance, « Dieu ne répond pas par une explication, mais par une présence ». La présence, l’accompagnement, l’affection des proches et aussi des anonymes font partie du processus de relèvement et de guérison et donnent du sens aux terribles épreuves traversées.
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