Culture, fraternité, paix, mais aussi crise migratoire, ou encore rôle des corps intermédiaires : autant de sujets de réflexion portés par les évêques frontaliers dans la perspective des prochaines élections européennes le 9 juin prochain, avec une lettre pastorale commune « un nouveau souffle pour l’Europe »
Rassemblés ce lundi 8 avril dans les murs de la très symbolique Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles (Moselle) et accueillis par le propriétaire des lieux, le président du Conseil départemental de la Moselle, Patrick Weiten, les 8 évêques des diocèses de « l’Eurégio » (Luxembourg, Liège, Namur, Trèves, Metz, Nancy, Verdun et Troyes) ont donc présenté ce « cadre de pensée commune » : une lettre pastorale ne se voulant pas partisane, mais affirmant néanmoins des valeurs et des orientations claires. En pratique, il s’agit d’un plaidoyer pour une construction européenne “qui ne soit pas qu’un marché commun”, et une mise en garde face aux peurs “qui pourraient nourrir un vote de rejet”.
Mgr Marc Stenger, évêque émérite de Troyes, suivi de Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, ont successivement détaillé ses grandes lignes directrices. Établissant l’Europe dans un cadre culturel commun « allant de l’Atlantique à l’Oural » et trouvant ses sources historiques lors de la christianisation de l’Empire romain, dans un grand brassage culturel des peuples germaniques et latins, les évêques ont également souligné l’importance des liens et des influences multiples du continent européen.
L’autre point de référence évoqué est également la paix, laquelle a pu s’installer en Europe après les grands conflits du XXème siècle sur l’impulsion des pères fondateurs, généralement inspirés par la foi, Robert Schuman en premier (lien). Ce dernier est notamment cité dans le document : « l’Europe préfigure la solidarité universelle de l’avenir ».
Sur une quinzaine de pages, les évêques appellent ainsi à nourrir la solidarité et le dialogue. , Le Cardinal Jean-Claude Hollerich invite ainsi à une Europe « des espaces de liberté nous offrant la créativité nécessaire pour répondre aux grandes crises de notre époque ». Et de préciser : « notre objectif n’est pas de donner des consignes de votes : il s’agit d’un cadre commun que nous partageons au-delà des particularités politiques de nos pays. C’est pourquoi cette lettre n’aurait eu aucun sens à l’échelle de nos Eglises nationales ».
“Notre objectif n’est pas de donner des consignes de votes : il s’agit d’un cadre commun que nous partageons au-delà des particularités politiques de nos pays”
Difficile d’évoquer cette paix installée depuis 70 ans en Europe sans évoquer la guerre, de retour à ses frontières, en Ukraine (lien), et plus loin au Proche-Orient (lien). « Il n’y a pas de développement possible sans la paix » réagit Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège. , « et même au cœur des conflits comme c’est le cas aujourd’hui en Ukraine, il faut mettre en avant les passeurs de paix, ceux qui agissent à leur niveau pour éviter le pire ».
Pour Mgr Philippe Ballot, évêque de Metz et administrateur de Strasbourg, cette lettre est un moyen d'envoyer un message fort : “Nous qui sommes transfrontaliers, sur des terres ayant connu l’affrontement, nous affirmons que les frontières sont actuellement des lieux de rencontre et non de séparation. Il faut, à travers notre vote, revenir à la source de l’Europe, non un grand marché mais des personnes qui s’estiment et se rencontrent .”
Une inspiration portée par le vénérable Robert Schuman, sur la tombe duquel les évêques se sont recueillis en fin de journée.
Lettre à retrouver en intégralité https://metz.catholique.fr/lettre-pastorale-des-eveques-de-leuregio/
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